Longue de 200 km jusqu’au bac pour la traversée, et 215 autres de trajet pour rejoindre Tombouctou ville, les heures ne se comptent pas. Les plus chanceux se tapent une journée pour parcourir ces kilomètres ralliant les deux villes.
L’accès des grandes villes du Nord est un véritable parcours du combattant. Pas de routes praticables, celles qui existent sont dans un état de dégradation avancée. L’environnement, les terrains sont hostiles, aux dires des résidants de cette partie du Mali tombée dans l’oubli et le délaissement des autorités. La route dite de l’espoir se meurt et se transforme en route du désespoir. Selon les usagers, les derniers travaux d’entretien de cette route et le début des travaux de sa modernisation remontent, selon certains cadres en service dans la zone, en 1968. Même ATT, le bâtisseur du Mali moderne, n’y a pas posé des actes escomptés. Pourtant, elle figurait bel et bien dans son projet de société de 2007.
Les récits des voyageurs se ressemblent et sont unanimes: l’état défectueux rend cette route impraticable. Constitués de patinages, de déviations, les nouveaux usagers finissent par ressortir tout ce qu’ils avaient avalé la veille. Le nombre d’accidents, de rapts et de raquettes est incalculable. Les passagers sont, par moment, quatorze (14) dans l’arrière d’un pickup le plus souvent, sans compter les apprentis occasionnels, des passagers qui, pourtant, payent le transport et qui se retrouvent percés sur le toit de la voiture. Par manque de places, ils sont nombreux à la merci du vent chaud des portes du désert, des arbres à épines et de la pluie. Cette gymnastique est accompagnée de vigilance due à la vitesse pour amoindrir les secousses selon les chauffeurs.
Également, c’est le même constant sur le tronçon Bambara Maoudé-Tombouctou. Les voyageurs déplorent l’état défectueux de cette route.
Pour la petite histoire, rappelons que c’est en 1968 que le Président Modibo Kéïta devait se rendre à Tombouctou, ainsi, pour lui permettre de voyager sans difficulté, la route Douentza-Tombouctou a été rénovée. Mais c’est juste après son retour de ce voyage qu’il a été renversé et arrêté à Koulikoro.
Mahamadou YATTARA
LE COMBAT