Au Mali, des jeunes filles s’adonnent à des avortements clandestins sans mesurer le risque. Un acte à la base de la mort de plusieurs filles et de l’infertilité chez d’autres. Nous avons tenté de comprendre le phénomène qui inquiète de plus en plus les parents et les autorités.
Mme Sidibé Aïssata Diarra, ménagère, l’avortement n’est pas du tout bon mais beaucoup de filles le font à cause de la peur des parents, pour ne pas être chassées du domicile.
« J’ignore pourquoi certaines filles font cet acte ignoble. Je pense qu’elles peuvent chercher des solutions c’est mieux que d’avorter. Elles doivent chercher quelqu’un dans la famille ou les voisins pour supplier les parents. Soit après l’accouchement, aller donner l’enfant à la famille du père et s’ils refusent de prendre l’enfant, vous l’amenez dans un orphelinat vaut mieux que d’avorter. Puisque, ça peut causer beaucoup de problèmes comme la mort, l’infertilité. D’autres n’avortent pas mais si elles accouchent elles jettent le nouveau-né au marché soit dans la fosse septique », regrette Mme Sidibé Aïssata.
Mme Sidibé Sokona Sidibé, élève, pointe du doigt la responsabilité des auteurs de ces grossesses non désirées.
« Les jeunes filles font des avortements parce que les hommes ne prennent pas leurs responsabilités comme il faut et que les jeunes filles n’ont pas les moyens de subvenir aux besoins du bébé. D’autres refusent de reconnaître la grossesse ou l’enfant. Elles font des avortements pour garder leur dignité, d’éviter le déshonneur pour les parents, etc. Quand un homme dit que l’enfant ne vient pas de lui, tu n’as d’autre choix que de te donner la mort. Tout simplement, c’est à cause des hommes que la plupart des jeunes filles s’adonnent à cette pratique sans penser à ses nombreuses conséquences », a argumenté Mme Sidibé S. Sidibé.
Face à phénomène, Moussa Kouma, commerçant de son état, ne cache pas sa désolation.
« De nos jours, les filles ne savent pas ce qu’elles font, elles tombent enceinte de n’importe qui. Quel que soit la situation et des circonstances, il y a toujours une solution, mieux que l’avortement. Il pose beaucoup de problèmes comme la mort. Avant de faire toute chose, réfléchis aux inconvénients. Souvent je me dis pourquoi ne pas se protéger ou faire de la planification avec les contraceptifs », s’interroge M.K.
Badidi Coulibaly, étudiante : « je pense que l’avortement n’est pas une bonne chose. De nos jours, mieux vaut garder l’enfant que de le tuer ou d’avorter. Moi, je suis tombée enceinte d’un homme qui a pris soin de moi depuis le début jusqu’ à la fin de mon accouchement. Là je ne peux rien dire à cet homme puisqu’ il ne m’a jamais dit d’avorter et ni de tuer son enfant, il a assumé ses responsabilités. Il faut que les hommes s’assument ».
Pour sa part, Mme Keita Seiba Tolo, sage-femme à la maternité de Sogoniko, invite les jeunes filles à garder leurs enfants.
« L’avortement a des conséquences comme la dépression, le suicide, le sentiment aigu de culpabilité, le déshonneur, l’infertilité, la perte de l’estime de soi. L’avortement clandestin est devenu un phénomène inquiétant dans notre société. Lorsqu’elles tombent enceintes, certaines jeunes filles recourent vite à l’avortement et elles font en cachette voir avec certains médecins à la recherche du gain facile. Cette pratique à des conséquences non négligeables. Les différents types d’avortement sont l’avortement précoce (avortement avant 12 semaines de la gestation), avortement tardif (avortement entre 12 et 20 semaines de la gestation), avortement spontané (avortement non provoqué) et l’avortement induite (interruption de la grossesse pour raisons médicales ou choix personnel).
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