Doctorant en psychologie et président de l’Organisation malienne de psychologie (OMP), Moussa Cissé, croit qu’avoir 20 ans est dans l’ordre développemental. Selon lui, chaque être humain qui passe par cette phase a une vision du monde différente des étapes précédentes et qui sera différente des étapes qui suivront.
Selon le psychologue, du point de vue de sa science, avoir 20 ans est d’abord de l’ordre développemental. « Nous savons que de la conception jusqu’à la fin de la vie, l’être humain suit un certain nombre d’étapes et être jeune figure parmi ces étapes-là. Etre jeune, c’est la tranche d’âge à cheval entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte. Pendant cette période, il se passe un certain nombre de changements. Chaque être humain qui passe par cette phase a une vision du monde différente des étapes précédentes et qui sera également différente des étapes qui suivront. Aussi, être jeune est d’abord un état d’esprit psychologique, physique et biologique », dit-il.
Quelles sont, selon M. Cissé, les visions des 20 ans au Mali ? « La première chose dans la jeunesse, c’est la nouveauté, le changement. Les jeunes de 20 ans sont intéressés par les nouveautés. De ce fait, ils sont attirés par l’inconnu », répond-il.
Cette curiosité, poursuit-il, fait que les jeunes sont des explorateurs. « Ils explorent sur plusieurs domaines comme la sexualité, le social et les études. C’est un ensemble d’explorations et cet inconnu-là est un monde qui attire beaucoup les jeunes. Sur ce plan, il y a des secteurs qui d’ores et déjà intéressent les jeunes de 20 ans, notamment le plan de la sexualité. Je veux juste prendre l’exemple sur la sexualité. C’est un domaine assez vaste. Souvent, ils peuvent commettre des erreurs parce qu’ils ne connaissent pas réellement de quoi il s’agit. C’est encore l’inconnu. Pour eux, c’est le moment de découvrir en profondeur l’autre sexe, les pratiques sexuelles et prendre des orientations sexuelles. Donc, vous verrez que les jeunes de 20 ans n’ont pas les mêmes orientations sexuelles et les mêmes goûts sexuels ».
Quelle appréciation notre psychologue fait-il de ces visions ? « Sur le plan culturel et social, le fait d’aller explorer l’inconnu peut être mauvais mais sur le plan psychologique, c’est un comportement normal. C’est normal parce que l’individu arrive à prendre des comportements qui correspondent à son stade de développement. Maintenant, la question bon ou mauvais va relever du culturel ou du social. Quelque chose peut être une bonne action ici et une mauvaise action ailleurs mais quand nous atteignons l’étape de notre développement, le comportement qui correspond à cette étape-là, pour nous, on ne le juge pas de bon ou de mauvais. Seulement, c’est quelque chose de normal que la personne doit faire parce que ça correspond au comportement de son âge. Comme on le dit sur le plan développemental, chaque étape correspond à un certain nombre de comportements ».
Moussa Cissé note une différence remarquable entre les 20 ans d’aujourd’hui et ceux d’hier, les premiers ayant beaucoup de choses à leur portée, tant et si bien qu’ils se sont beaucoup plus développés sur le plan de la mentalité. « Aujourd’hui, les jeunes sont de grands consommateurs des nouvelles technologies surtout sur le plan de la communication. Ils sont les principaux consommateurs des réseaux sociaux. Cette consommation influence beaucoup sur les comportements et la manière de voir les choses. Les jeunes d’aujourd’hui ont plus d’accès aux infos que ceux d’hier. Ils ont tendance même à mettre en avant un concept appelé l’infobuzzité, c’est-à-dire la difficulté, lorsqu’on a une abondance d’informations, de les traiter toutes à temps ».
Il ajoute que les jeunes d’aujourd’hui ont plus d’autonomie de pensée que les jeunes d’avant. « De nos jours, les jeunes ne sont pas enchaînés dans la vie familiale. Ils ont la possibilité et la capacité de rencontrer d’autres jeunes, de réfléchir ensemble et de mettre en place d’autres choses pour leurs développements personnels. Or, les jeunes d’hier ne le pouvaient. Globalement, la société évolue et les jeunes ne sont pas restés en marge de cette évolution. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la vision a changé par rapport à hier et c’est sûr qu’elle changera demain par rapport à aujourd’hui ».
S’il est intéressant d’aller à la quête de l’inconnu, le psychologue conseille de mettre des garde-fous parce que tout ce qui vient de l’inconnu ne pas forcément compatible avec la société dans laquelle nous vivons. « Nous sommes soumis aux règles de la société. C’est une obligation pour nous de respecter ces règles fondamentales ».
Hamissa Konaté
Le Focus