C’est une activité qui requiert une attention accrue de la part du promoteur. Il doit veiller sur la qualité de l’alimentation et de l’habitat des sujets en termes de confort et d’assainissement. Toute négligence peut lui coûter cher
L’aviculture semble avoir aujourd’hui le vent en poupe au Mali. Le secteur est en pleine expansion depuis quelques années. Devenu un refuge pour de nombreux diplômés sans emploi, elle offre de réelles opportunités d’affaires à des Maliens en quête de mieux-être. Ceux-ci, notamment ceux de Bamako, s’activent dans l’aviculture domestique. Certains aménagent à cet effet un coin de la maison familiale. D’autres, eux, exploitent faute d’espace les toits des habitats, où ils fabriquent des enclos recouverts entièrement de tôles.
C’est le cas de Chiaka Dembélé. Diplômé de la Faculté des sciences juridiques et politiques de Bamako, il vit avec sa femme et ses enfants chez ses parents à Kalaban-coura en Commune V du District de Bamako. L’élevage de poussins est, depuis deux ans, au cœur des activités de ce jeune diplômé sans emploi. Il l’exerce pour pouvoir joindre les deux bouts. En haut de son toit, Chiaka Dembélé a aménagé un espace recouvert de tôles. Il y élève des poussins de chair qu’il revend au bout de 40 jours.
Cette activité est certes laborieuse, mais nourrit son homme. «C’est un travail qui demande de la constance et du courage en permanence pour espérer obtenir de bons résultats», témoigne le volailleur. Les poulets de chair, argumente-t-il, subissent un long processus de formation qui dure près de deux mois. Au cours de laquelle ils ont besoin de meilleures conditions d’hygiène, d’alimentation et d’un suivi médical approprié en termes de vaccination. «Depuis que j’ai commencé cette activité, je n’ai pas d’autre vie ni ne mène d’autres activités. Je consacre tout mon temps et toute mon énergie à leur entretien.
C’est un travail pénible qui demande un suivi régulier. Les poulets de chair mangent et boivent toute la journée : matin et soir. Un instant d’oubli peut-être souvent fatal», expose-t-il. Aussi sont-ils importés des pays voisins notamment du Sénégal et d’Europe tels que l’Angleterre et l’Espagne. Pour s’adapter aux conditions climatiques de notre pays, il leur faut de l’éclairage en permanence et du chauffage pour pouvoir survivre, ajoute l’éleveur.
150.000 À 175.000 FCFA- Une somme d’expérience qu’il a acquise après avoir trébuché. «Au début, je prenais 100 à 140 poussins. Sur ce nombre seulement 60 à 70 arrivaient à terme. Je commence à m’adapter. Actuellement, je suis à 400 poussins qui sont presque arrivés à maturité. Pour leur alimentation, j’achète cinq à six sacs de concentré à raison de 35.000 Fcfa par unité. Pour le moment, je n’ai pas enregistré de perte en vie», se réjouit le jeune diplômé.
évoquant son chiffre d’affaires, Chiaka Dembélé indique qu’il peut avoir, en marge des dépenses, un revenu variant entre 150.000 à 175.000 Fcfa après chaque vente en raison de 2.000 Fcfa par poulet. «Je vends la majorité de mes poulets aux hôteliers. Malgré le fait que l’élevage des poussins coûte énormément cher, je parviens à couvrir mes dépenses familiales et subvenir à mes besoins en attendant de trouver mieux, c’est-à-dire un emploi salarié correspondant à son profil de formation», dit-il.
Tout comme lui, Soumaïla Traoré est également aviculteur. Ce jeune homme âgé de 32 ans, est en chômage technique depuis près d’un an. Il s’y est lancé pour maintenir le cap. «L’aviculture locale est mon loisir préféré depuis l’adolescence. Je l’exerce actuellement pour gagner un peu d’argent en attendant la reprise de mon travail», répond l’aviculteur. Dans sa cour à Garantiguibougou, Soumaïla Traoré a établi un vaste enclos en étage où il garde des pigeons et des poulets.
Debout au milieu de ses volailles, il tenait dans sa main, au moment de notre passage, une calebasse remplie de céréales qu’il jetait par terre comme pour inviter les volailles à sortir de leurs nids. En un laps de temps, il se retrouve entouré de volailles. «J’ai acheté 200 poussins de chair dans l’espoir de les revendre à l’occasion de la fête de fin d’année pour pouvoir faire un peu de profit. J’ai déjà eu des commandes pour la fête du 31 décembre. Cette fois-ci, si les affaires marchent pour moi, j’espère perdurer dans le secteur avicole», lance Soumaïla Traoré. Qui dit se faire aider par son jeune frère de 15 ans concernant l’entretien de ces oiseaux. Car, soutient-il, l’aviculture locale est une activité prenante, donc difficile à concilier avec d’autres métiers. «Les poulets de chair sont fragiles à la différence des locaux. Leur avantage est qu’ils ont une croissance rapide qui permet de les écouler assez vite», précise Soumaïla Traoré.
À cette approche de la Saint Sylvestre, communément appeler fête des poulets, Abdoulaye Guindo, un jeune étudiant, s’adonne actuellement à l’aviculture. Cet habitant de Kalaban coura ACI, nous confie qu’il y a été initié par son frère aîné. Ce dernier élevait des poussins en famille et faisait énormément de profit. En se lançant dans cette activité, Abdoulaye Guindo s’est servi des équipements, notamment le poulailler de son aîné.
«Je viens de démarrer les activés avec seulement 100 poussins en raison de 600 Fcfa par unité, plus un sac d’aliment qui coûte 35.000 Fcfa. En fin de compte, si tout marche bien, je pourrais avoir un bénéfice allant de 75.000 à 80.000 Fcfa», pronostique Abdoulaye Guindo. Qui compare l’aviculture à un jeu de loterie qui peut ne pas donner les résultats escomptés. Cela, compte tenu de la fragilité des poussins de chair, soutient-il.
CONSEILS ET ASTUCES- Des difficultés surmontables selon Fousseiny Bougoudogo, agent commercial au sein du groupe Aviculture et service vétérinaire (Avivet), une société spécialisée dans la distribution de poussins et la vente de produits et matériels avicoles. Elle travaille pour ce faire avec plusieurs couvoirs à l’intérieur comme l’extérieur du pays, notamment les incubateurs locaux comme la Sedima et ceux du Sénégal tels que l’Emaap industrie, une société spécialisée dans la production, l’amélioration et la vente de produits avicoles au Sénégal et dans la sous-région.
Ce spécialiste prodigue des conseils et quelques astuces à appliquer pour mener à bien ce genre d’activité. Ils doivent, selon lui, tenir compte des difficultés liées à l’importation des poussins. Pour lui, le trajet Dakar-Bamako est pénible pour les poussins, surtout en période de forte chaleur. En la matière, les poussins importés sont généralement transportés par avion ou par voiture. Il estime que le temps de réserve des poussins avant l’installation dans les fermes, est de 72 heures au préalable sans boire, ni manger.
«La qualité de poussin généralement importée est le poussin chair Cobb 500 qui est la plus prisée par les clients. Dans l’importation des poussins, il est nécessaire de diminuer le temps de transport pour éviter le stress. Ce qui permet de réduire le taux de mortalité des poussins qui est élevé à cause des problèmes respiratoires», révèle l’agent commercial.
Aussi importe-t-il d’entretenir régulièrement et correctement les fermes pour obtenir des résultats satisfaisants. «Avant l’installation des poussins, il est sage de désinfecter les fermes trois jours en avance. Très souvent, on met en faute les vendeurs et les producteurs d’aliments volaille alors que le problème se situe au niveau de la gestion des fermes», commente le spécialiste. Il invite les aviculteurs à aller prendre des conseils auprès des fournisseurs avant de se lancer dans le secteur afin de pouvoir rentabiliser leurs investissements.
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR