Il aura fallu attendre quelque quarante-cinq minutes pour que la journaliste de France 2, Caroline Roux, aborde la question de l’urgence climatique, interrogeant Emmanuel Macron sur les véhicules électriques et le retard pris par la France dans ce domaine, retard que le chef de l’Etat a reconnu d’emblée.

Pour traiter de cette urgence et de la crise écologique, seule une dizaine de minutes donc, et bien peu de sujets abordés en dehors de cette question des véhicules électriques. M. Macron a assuré vouloir s’engager dans un développement important, tant français qu’européen, pour la filière. Il a d’ailleurs affirmé vouloir réserver les aides aux « véhicules produits en Europe », déplorant que celle-ci soit « ouverte à tous les vents », contrairement à la Chine et aux Etats-Unis, qui protègent leurs producteurs.

Pour lui, tout en expliquant que les primes à la conversion et les bonus profitaient aussi aux véhicules hybrides et aux modèles à moteur thermique « de nouvelle génération », moins polluants, la montée en puissance des véhicules électriques permet de « réconcilier le climat, l’industrie et la souveraineté énergétique ». Il assure qu’à la fin du quinquennat, la France produira deux millions de batteries électriques, avec l’ouverture de « mines responsables » de lithium.

En abordant ce dossier, comme dans sa réponse à la journaliste, qui l’interpellait sur l’éventuelle exploitation du gaz de schiste, réclamée par l’ancien président Nicolas Sarkozy, le 23 octobre, dans Le Journal du dimanche, Emmanuel Macron a livré une vision de l’écologie tournée vers l’économie, la production, le recours au progrès scientifique. Prenant soin, aussi, d’affirmer ne pas vouloir « qu’on aille à rebours sur nos engagements climatiques ».

Pas de référence à « France nation verte »

Pour Anne Bringault, coordonnatrice des programmes au Réseau Action Climat, si le véhicule électrique fait partie de la solution, « il faut accélérer la transition vers ce type de véhicule, mais avec des modèles légers, équipés d’une petite batterie pour réduire les impacts environnementaux, ce que les constructeurs français ne veulent pas produire, préférant monter en gamme ». « Et Emmanuel Macron, malgré les importantes aides publiques qu’il leur a versées, se refuse à les contraindre, en contrepartie, à avoir une offre de petits véhicules électriques abordables », ajoute la militante associative.

S’il a, en tout début d’émission, effleuré d’un mot la préparation d’« une nation écologique », il n’a pas évoqué « France nation verte », l’étendard pourtant brandi avec détermination par sa première ministre, Elisabeth Borne, lors de la présentation de la stratégie de transition écologique, vendredi 21 octobre. De cette transition écologique, il n’a guère été question. Et quand, en conclusion, Emmanuel Macron a résumé le cap à tenir pour les années à venir, il a proclamé vouloir « un pays plus fort sur le plan productif, sur le plan scientifique », « une France plus forte pour être plus juste et plus apaisée ». Oubliant la transition du modèle économique vantée à Glasgow lors de la COP26, le 1er novembre 2021.