Le président de la République est contesté ; le Premier ministre, malgré sa reconduction depuis le 11 juin, n’a toujours pas de gouvernement ; l’Assemblée nationale est comme inexistante, son président est très fortement contesté et se trouve parmi les causes de la crise actuelle, nombre de nos compatriotes demandent, même, sa dissolution ; certains députés sont dit légitimes, d’autres pas, repêchés, dit-on, par la Cour constitutionnelle.
Le président de la Cour suprême, à la retraite, est remplacé par un intérimaire toujours pas confirmé ; la Haute Cour de Justice, elle, n’a jamais fonctionné : tel est la triste situation des institutions qui sont censées matérialiser notre démocratie et prouver à la face du monde que le Mali est un pays démocratique avec des institutions qui fonctionnent.
Malheureusement, tel n’est pas le cas. De même que les institutions que nous venons de citer, la démocratie, dans notre pays, ne marche pas. Aussi, ce n’est parce qu’elles fonctionnent que d’autres institutions ne sont pas citées ici.
Aucune ne fonctionne comme cela se doit. Même celles qui essayent de « tourner un peu » sont illégitimes. Le mandat du Conseil économique social et culturel est expiré depuis des années, de même que celui du Haut conseil des collectivités territoriales.
Ce petit rappel était nécessaire pour camper le décor et expliquer dans quelles conditions se trouve notre pays en ce moment et dans quelles conditions se tiennent toutes ces contestations et protestations.
C’est dans ces conditions que, depuis bientôt un mois, des Maliens, de tous bords, ont décidé de se mettre ensemble pour dénoncer les tares dans la gestion des affaires publiques : les détournements, la démagogie et la grosse fraude qui a caractérisé la proclamation des résultats des récentes législatives.
Le Mouvement du 5 juin (M5)/Rassemblement des Forces patriotiques (RFP) est donc né et fédère des partis politiques, des associations et regroupements de la société civile et un groupe de soutien à un Imam de la place (Mahmoud Dicko).
Après les deux meetings-géants organisés par cette coalition, on croyait que les institutions comprendraient que le temps pressait et que le danger guettait le pays. Hélas, non. À présent, apparemment, le président et certains de ses proches semblent ignorer la profondeur et la gravité du mal. Finalement, ce qu’il faut déplorer, c’est que notre pays, présentement, ne dispose d’aucune institution qui marche, qui joue son rôle et pendant ce temps, on se paye le luxe de gagner (ou de perdre) du temps. Le pays est à l’arrêt depuis belle lurette et la première institution, elle, donne l’impression de ne pas s’en rendre compte.
Source : Nouvelle Libération