L’audience solennelle de la rentrée des Cours et Tribunaux 2014-2015 s’est déroulée, ce lundi 3 novembre 2014 au Centre international de conférence de Bamako (CICB), sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Kéita, président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature. C’était en présence de l’ensemble de la famille judiciaire et des cadres de la justice du Niger, de l’Uémoa, de la Mauritanie, de la Guinée Bissau etc. Le thème retenu cette année est «justice et protection de l’environnement».
Comme il est de tradition, l’audience solennelle de la rentrée des Cours et Tribunaux a été marquée par l’intervention du président de la Cour suprême, du rapporteur général de l’audience, par le réquisitoire du Procureur général près la Cour suprême et par le plaidoyer du Bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali. La boucle a été bouclée par l’intervention du président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature, Ibrahim Boubacar Kéita.
Débattant du thème du jour «justice et protection de l’environnement », tous les intervenants sont tombés d’accord sur un fait : la protection de l’environnement au Mali souffre de l’inapplication de la panoplie de textes nationaux et internationaux ratifiés par le Mali. Mais aussi, de la technicité et de la complexité de l’environnement.
Le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily a indiqué que les défis environnementaux constituent aujourd’hui une préoccupation majeure pour l’humanité.
Il a rappelé qu’outre la constitution du 25 février 1992 en son article 15, la protection de l’environnement au Mali est régie par une trentaine de textes nationaux. S’y ajoutent les textes internationaux relatifs à l’environnement ratifiés par le Mali. Mais il regrette que leur application n’ait jamais été une réalité au Mali. Face à cette situation le président de la Cour suprême en appelle à une synergie d’actions entre la justice et tous les acteurs, pour une l’application effective des textes nationaux et internationaux régissant l’environnement. Aussi, invite-il les victimes des nuisances environnementales à s’organiser afin que justice leur soit rendue.
Pour le Rapporteur général de l’audience, la panoplie de textes élaborés pour la protection de l’environnement au Mali se trouve être en déphasage avec les réalités socioculturelles des Maliens. D’où la difficulté de leur application. Il propose en lieu et place de ces textes épars, un Code de l’environnement, le renforcement des capacités des magistrats, la limitation de la technicité et de la complexité de la protection de l’environnement.
Quant au Bâtonnier de l’Ordre des avocats, il a mis l’accent les grandes catastrophes naturelles qui ont affecté le monde. Des catastrophes dues dans leur ensemble, à la dégradation de l’environnement et au réchauffement de la planète terre provoqués par l’homme.
Me Seydou Sidiki Coulibaly a rappelé que la législation environnementale n’est pas chose nouvelle au Mali. Elle remonte depuis le 13è siècle avec la Charte du Mandé ou Charte de Kurukan-Fuga. Comme les autres intervenants, il a déploré le fait que le Mali est considéré comme un pays champion en ratification de textes sur a protection de l’environnement, mais dernier en ce qui concerne leur application.
Le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali a saisi cette occasion pour interpeller le président de la République sur la corruption galopante au Mali érigée, dit-il, en mode de vie et en système de gouvernance, sur l’école malienne qui est à l’article de mort et sur la justice malienne qui n’inspire plus confiance et est de plus en plus désavouée par les justiciables.
Pour Me Seydou Coulibaly, ces nombreux défis à relever, mettent le président de la République en situation de «débiteur» vis- à vis des Maliens. Car, IBK avait promis, lors des campagnes présidentielles, de relever les défis de la corruption, de l’école, de la sécurité dans toutes ses formes, etc.
Après avoir pris acte et bonne note de son interpellation et des défis environnementaux au Mali, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita a invité tous les acteurs environnementaux à une synergie d’actions. Il a demandé à la famille judiciaire à réserver une attention particulière aux dossiers relatifs à l’environnement. «Nul ne doit plus se permettre de violer les règles élémentaires de protection de l’environnement», a conclu IBK.
- Berthé
Source: autre presse