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Au Sahel, les djihadistes font la loi

En l’absence de l’Etat dans certaines zones, les djihadistes instaurent leur propre administration et gouvernent.

Nadiagou, au Burkina Faso, ou Diabaly, au Mali – il n’est pas rare que les gouvernements du Sahel annoncent avoir libéré des villages tombés un temps aux mains de groupes armés. Mais s’agit-il d’une reprise de contrôle totale sur ces localités ?

Ulf Laessing, directeur du programme Sahel de la fondation allemande Konrad Adenauer, à Bamako, en doute.

“Les djihadistes construisent des Etats parallèles au Mali, au Burkina Faso ou au Niger, où ils conquièrent des territoires. Ils contrôlent des régions entières : ils construisent des écoles, des hôpitaux, des tribunaux et une administration fiscale.”

Des djihadistes “pas forcément reconnaissables”

Ulf Laessing explique que “les agriculteurs, les éleveurs ou encore les personnes qui travaillent dans l’extraction de l’or doivent payer des impôts aux djihadistes. De même, les transports sont souvent taxés, les camions qui passent sur les routes qui sont sous le contrôle des islamistes le sont aussi. Ces derniers sont ainsi assez avancés dans certaines régions du Mali, du Burkina Faso ou du Niger”.

Carte montrant la localité de Nadiagou au Burkina

Pour le directeur du programme Sahel de la fondation allemande Konrad Adenauer, les djihadistes ou les membres des groupes armés se mélangent souvent à la population locale et il est difficile de les différencier des autres.

Il n’y a pas grand-chose à faire sur le plan militaire. Car lorsqu’une patrouille de l’Onu traverse un village, les djihadistes ne sont pas forcément reconnaissables. Il n’est donc pas facile de distinguer l’ennemi du civil. Les autochtones se marient aux djihadistes et vice versa.” Les djihadistes ne seraient donc pas reconnaissables en tant que tels. “Ils mènent, pour ainsi dire, une vie tout à fait normale. Et c’est pour cela que c’est difficile de les identifier en tant que terroristes.”

Le dialogue pour sortir de la crise

L’expert allemand suggère de s’inspirer du modèle de dialogue en Algérie avec les djihadistes dans les années 1990. Ce qui avait permis, en échange d’une amnistie, de désarmer des groupes et de les réintégrer dans la société.

A l’époque, le gouvernement a conclu un accord d’amnistie avec les groupes djihadistes. En contrepartie, ces groupes-là ont déposé les armes et ont été réintégrés dans la société.”


Le président de la transition au Mali Assimi Goïta et son premier ministre Choguel Kokalla Maïga lors d’un meeting à Bamako.

Laessing plaide pour un dialogue entre gouvernement et groupes armés:

“Au niveau local, au Burkina Faso ou encore au Niger, il y a déjà, dans certaines localités, des discussions entre groupes djihadistes et représentants locaux. Il s’agit souvent d’une tentative de mettre en place une trêve et de retrouver la paix au niveau local”, dit le directeur du programme Sahel de la fondation allemande KAS. “Cela n’existe pas encore au niveau national. Mais au Mali, certains indices laissent penser que le gouvernement envisage un tel dialogue ou pourrait au moins proposer un dialogue aux forces les plus modérées au sein des djihadistes. Certainement pas à l’Etat islamique qui est connu pour sa particulière brutalité / particulièrement connu pour sa brutalité.”

Dans le cas du village de Dinangourou, toujours au Mali, qui avait été assailli pendant près de quatre mois par des djihadistes, les populations avaient conclu un accord avec leurs assaillants : en échange de la libération du village, les djihadistes auraient exigé que les populations ne coopèrent plus avec les forces armées maliennes pour les renseigner sur les positions des djihadistes dans la zone.

Source: DW

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