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Au Sahel, armes utilisées par terroristes et milices, provenance et hypothèses explicatives (Amnesty)

Dans sa nouvelle étude, publiée sur son site, mardi 24 août 2021, Amnesty International lève le voile sur la provenance des armes utilisées par les groupes armés terroristes et milices d’autodéfense au Sahel. En soulevant plusieurs hypothèses pouvant expliquer les armes dans ces mains, l’Organisation internationale de défense des droits humains rappelle que des pays fournisseurs européens exhortent les États sahéliens à mieux contrôler la circulation et l’utilisation des armes qu’ils reçoivent.

 

« Les djihadistes ne travaillent pratiquement pas. Pourtant, ils sont équipés d’armes sophistiquées. Qui les alimente ? », a-t-on coutume de se demander.

Cette question de la source d’alimentation des groupes djihadistes évoluant dans le Sahel, ainsi que des milices d’autodéfense, semble désormais dénouée. L’ONG Amnesty International a fait une révélation fracassante, lundi 23 août 2021, dans une nouvelle étude, annonce nos confrères de RFI.

Analyse de plus de 400 photos et vidéos diffusées

La branche sahélienne du groupe État islamique et celle du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM) lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) utiliseraient des armes de fabrication européenne et notamment serbe. Les mêmes armes seraient utilisées au Mali et au Burkina Faso, par Dan nan Ambassagou et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

À travers l’analyse de plus de 400 photos et vidéos diffusées par ces groupes djihadistes et milices, Amnesty International révèle que la quasi-totalité des armes est de vieilles Kalachnikovs qui remontent à l’ère soviétique. Dans certains cas également, il s’agit d’armes plus récentes, ajoute Amnesty en indiquant des armes fabriquées par une entreprise serbe, Zastava.

« Des M70AB2, des M92 et des M05. Ce sont des fusils mitrailleurs qui sont assez présents dans les arsenaux des groupes armés, que ce soit les groupes extrémistes violents ou bien les groupes d’autodéfense. C’est pour cela que cette entreprise a été signalée en particulier », explique Ousmane Diallo, chercheur spécialisé sur le Sahel à Amnesty International.

Plusieurs hypothèses

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la présence de ces armes entre les mains de ces groupes djihadistes et milices. L’ONG internationale de défense des droits humains postule que ces armes pourraient provenir des butins de guerre. Des armes récupérées après les armées nationales à la suite de combats ou d’attaques de casernes militaires.

Amnesty n’exclut pas non plus « le trafic d’armes et la faiblesse du contrôle des inventaires militaires au sein des pays sahéliens ». Selon Ousmane Diallo, « une dernière hypothèse que l’on ne peut pas négliger, c’est la possibilité que certains des membres de ces Forces armées-là vendent ou bien donnent certains de ces fusils à des membres de groupes armés, en particulier des groupes d’autodéfense pro-gouvernementaux. »

Des transferts d’armes signalés

En plus de ces voies, la France, la Slovaquie et la République tchèque envoient aussi des armes vers les pays du Sahel, précise Amnesty International. L’ONG rappelle que ces pays exhortent néanmoins les États du Sahel à mieux contrôler la circulation et l’utilisation de ces armes qu’ils reçoivent.

Selon cette étude, la Slovaquie a signalé des transferts de 1 000 armes d’assaut, 2 460 fusils et carabines, 550 mitrailleuses, 680 pistolets et revolvers et 750 mitrailleuses au Mali. Quant à la République tchèque, elle a signalé des transferts de 3 500 fusils d’assaut et de 10 mitrailleuses au Burkina Faso. La France, pour sa part, a signalé au Mali 1 164 pistolets et revolvers à chargement automatique, 4 fusils et carabines, ainsi que 13 véhicules blindés de combat.

« Les armes serbes que nous avons identifiées sont la dernière preuve que toute arme vendue aux gouvernements de la région du Sahel risque de tomber entre les mains de groupes armés brutaux et d’alimenter l’aggravation du conflit », a déclaré Patrick Wilcken, chef d’entreprise, sécurité et droits de l’homme à Amnesty.

La rédaction

Source : Sahel Tribune

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