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Au moins trente-sept civils tués dans un village peul au Mali

L’attaque a été menée par des «hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozos». Ces violences surviennent alors que les autorités ont engagé un dialogue intercommunautaire

Trente-sept civils ont été tués mardi dans l’attaque d’un village peul du centre du Mali, menée par des chasseurs traditionnels dozos. Dans un communiqué officiel publié mardi soir, le gouvernement malien «informe l’opinion nationale et internationale d’une attaque sur le village peul de Koulogon, commune de Koulogon Habé, dans le cercle de Bankass (région de Mopti, centre)».

Les victimes sont  «toutes des civils». Le bilan fait également «état de plusieurs blessés et de nombreuses habitations incendiées», ajoute-t-il. Selon le texte, l’attaque a été menée par des «hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozos».

 

Reconnaissables à leur tenue et à leurs fétiches, les «dozos» prétendent protéger les Dogons contre les Peuls, alors que le conflit entre les deux communautés s’est exacerbé, dans le contexte de la lutte contre les djihadistes.

«C’est une milice dozo qui nous a attaqués tôt ce matin. Ils étaient tous armés, habillés en tenue dozo. Notre chef de village a trouvé la mort dans cette attaque, ainsi que des membres de sa famille, dont une fillette et des vieilles femmes», a témoigné à l’Agence France-Presse (AFP) un éleveur peul du village, Allaye Yattara. «Nous avons eu la vie sauve parce que nous étions sortis très tôt pour conduire les animaux. Ce sont les coups de feu qui nous ont fait rebroussé chemin.»

Dans son communiqué, le gouvernement a assuré que «les auteurs des crimes seront punis avec toute la rigueur de la loi» et il a appelé «l’ensemble des communautés de la zone centre au calme».

 

Les violences intercommunautaires se sont renforcées depuis 4 ans

D’après le gouvernement, cette attaque survient «alors que les plus hautes autorités du Mali ont entrepris de créer les conditions d’un dialogue intercommunautaire fécond, dans le but d’instaurer durablement la cohésion et la paix» dans la région.

Après une visite les 21 et 22 décembre à Mopti, le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga avait annoncé que le gouvernement allait «renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité dans la région».

Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur peul Amadou Koufa, les violences se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture. Ces violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon l’ONU.

Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux par les autorités ou l’armée, au nom de la lutte contre les djihadistes, ce que dément le gouvernement. Amadou Koufa a été tué fin novembre dans une opération militaire française soutenue par l’armée malienne, selon Paris et Bamako.

Des violences djihadistes qui se sont propagées

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Les djihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.

Cependant, les violences djihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.

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