Organisé par l’Académie Pontificale des Sciences, le sommet des femmes juges et des procureurs africaines sur la traite des êtres humains et le crime organisé, a réuni une cinquantaine de femmes juges de 18 pays africains, au Vatican. Parmi elles, Sangare Kankou, présidente du tribunal de grande instance de Ségou au Mali.
Entretien réalisé par Dulce Araujo Évora, – Cité du Vatican
Le Sommet organisé par l’Académie Pontificale des Sciences sur la traite des êtres humains s’est conclu au Vatican. Les protagonistes du sommet, des juristes de divers pays africains, ont discuté du12 au 13 décembre 2018, des solutions possibles à ce phénomène mondial, mais qui concerne en particulier le continent africain, car un pourcentage élevé de victimes de cette traite provient d’Afrique. Le Sommet s’est donc concentré sur les problèmes spécifiques des pays africains d’où sont venus les participants. Au nombre desquels figure la magistrate malienne, Sangare Kankou, présidente du tribunal de grande instance de Ségou au Mali.
La situation particulière du Mali
Au Mali, la situation de la lutte contre la traite des êtres humains est compliquée en raison de la situation sécuritaire, explique Sangare Kankou en marge à cet sommet. Une situation qui ne permet pas d’appréhender le problème dans tous ses aspects. Toutefois, des cas de crimes et trafics transfrontaliers ont fait l’objet de procès. Pour la présidente du tribunal de grande instance de Ségou, il faut beaucoup de volonté politique pour résoudre ce problème. Même s’il existe des difficultés, le pays affiche sa volonté de lutter contre ce trafic. Dans ce sens, le Mali a signé des traités bilatéraux de coopérations judiciaire, avec comme conséquence la mise sur pieds des instruments juridiques. Pour preuve, le Mali à ratifier l’ensemble des conventions essentielles à la lutte contre la traite d’êtres humains. Le Mali, confie-t-elle, a voté une loi nationale contre la traite des personnes.
Le phénomène des Talibés
La magistrate malienne évoque également le phénomène du placement des enfants dénommé, la pratique des talibés. Des pratiques assimilées ou encore des infractions connexes au trafic d’être humain, explique Sangare Kankou. Un talibé est généralement un garçon âgé de 5 à 15 ans, confié par ses parents à un maître coranique chargé de son éducation religieuse. Vivant dans des conditions précaires, les talibés sont obligés de mendier pendant de nombreuses heures pour subvenir à leurs besoins, ainsi qu’à ceux de leur maître. Pour Sangaré Kankou, il s’agit de l’exploitation de la mendicité d’autrui. Pour remédier a ce phénomène, elle préconise la sensibilisation des parents qui doivent avoir la certitude que les enfants sont réellement en train d’apprendre le coran.
Source: vaticannews