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Au Congo, Sassou Nguesso joue les prolongations

À 72 ans dont près de 30 à la tête de son pays, le chef de l’État de la République du Congo propose une modification de la Constitution qui doit lui permettre de briguer un nouveau mandat. PORTRAIT.

 opposant president Denis Sassou Nguesso manifestation congo brazzaville

 

Rien, ni les quolibets, ni la rue, ni les menaces, ni même les morts récentes ou la chute d’un ex-confrère n’ont encore dissuadé Denis Sassou Nguesso. Cumulant près de trente ans d’un pouvoir exercé sans grand partage à la tête de la République du Congo, l’ancien général et héraut du marxisme-léninisme – à l’époque où l’idéologie était en vogue en Afrique, dans les années 1970 – maintient l’organisation d’un référendum, dimanche 25 octobre, au sujet d’une nouvelle Constitution.

Adoptée, celle-ci permettrait à Denis Sassou Nguesso, 72 ans, de concourir lors de la présidentielle de 2016. Le projet de loi fondamentale supprime les deux obstacles à sa candidature : la limite d’âge, jusqu’alors à 70 ans, et celle du nombre de mandats.

Mené avec le même objectif de permettre les prolongations à la tête de l’État, un projet de modification de la Constitution a conduit, il y a tout juste un an, au renversement par la rue de Blaise Compaoré après vingt-sept ans de pouvoir.

À la différence de l’entreprise de l’ex-président du Burkina Faso, celle du chef de l’État congolais se fonde sur « l’arbitrage du peuple », se défendait sur RFI, la semaine dernière, le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla. Et d’ajouter : « Il n’y a pas plus démocratique que cela. »

« 32 ANS, SASSOUFIT ! »

La réalité prouve le contraire. Quatre personnes ont été tuées, avant-hier, dans des heurts entre forces de l’ordre et opposants après l’annonce de l’interdiction d’un rassemblement contre le référendum. L’Internet mobile, les services de minimessages et le signal de RFI, très écoutée dans l’ancienne colonie française, étaient coupés depuis plus de 24 heures, hier à midi, à Brazzaville. « 32 ans, Sassoufit ! », s’indignent dans un jeu de mots les détracteurs du référendum, qui dénoncent un « coup d’État constitutionnel ».

Au grand dam des défenseurs des droits de l’homme, l’image de Denis Sassou Nguesso se confond avec celle du Congo et d’une mauvaise gestion de la manne pétrolière, qui maintient dans la pauvreté la plupart des 4,4 millions d’habitants.

Ancien élève de l’école normale, l’actuel chef de l’État préféra vite la carrière militaire à celle d’instituteur. Entré à l’école d’application d’infanterie de Saint-Maixent, en France, au début des années 1960, il en sortira officier et retournera au Congo pour s’impliquer en politique alors que le Congo entre dans l’ère de l’exploitation pétrolière.

 

UN RÔLE DE PATRIARCHE

Depuis lors, il ne s’est éloigné des affaires que durant un intermède de cinq ans, entre 1992 et 1997. À la tête de l’État à l’époque du régime de parti unique, dans les années 1980, il ne résiste pas à la vague du multipartisme soulevée par la chute du mur de Berlin. Elle a raison de lui, qui perd l’élection de 1992 et se retire un temps à Oyo, son fief, à 400 km au nord de Brazzaville (où son fils, Denis-Chrystel, a été élu député en 2012).

Son retour, en 1997, s’effectue par les armes et avec le soutien d’une milice, les « cobras ». La situation se régularise avec l’institution d’une nouvelle constitution, en 2002, qu’il s’agit désormais de modifier par référendum.

Médiateur dans la crise que traverse son voisin centrafricain, Denis Sassou Nguesso endosse volontiers le rôle du patriarche. Celui du bon gestionnaire lui échappe encore, sa gouvernance, marquée par le clanisme et des scandales autour d’un train de vie dispendieux, n’ayant pas entraîné l’amélioration du quotidien des habitants.

Sur les rives du fleuve Congo, l’indice de développement humain (IDH), qui combine la richesse, l’espérance de vie et l’éducation, est quasiment semblable à celui du Bangladesh (respectivement 0,564 et 0,558).

MARIANNE MEUNIER

Source: La Croix

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