Paris- Le président déchu du Burkina Faso Blaise Compaoré a accusé l’opposition d’avoir comploté avec l’armée pour prendre « le pouvoir par la force », dans des déclarations à Jeune Afrique, publié samedi.
Depuis la Côte d’Ivoire où il s’est réfugié, il assure que son projet de révision constitutionnelle destiné à lui permettre de se représenter en 2016 n’est pas à l’origine de sa chute.
« Parlement ou référendum, cela n’aurait rien changé, car ils (opposition) n’auraient guère dévié de leur plan initial, la prise du pouvoir par la force », accuse-t-il alors qu’il a été contraint de quitter le pouvoir sous la pression de la rue et de l’armée après avoir annoncé son projet de révision constitutionnelle.
Il prétend aussi ne pas avoir eu le choix estimant qu’annoncer sa retraite en 2015 l’aurait fragilisé.
L’ancien président qui était arrivé au pouvoir en 1987 après un putsch sanglant et l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, promet qu’il a senti venir le coup: « Nous savions depuis longtemps qu’une partie de l’opposition était en relation avec l’armée. L’objectif: préparer un coup d’État ».
« Je ne suis ni un ange ni un démon. Ils voulaient que je parte, je suis parti. L’Histoire nous dira s’ils ont eu raison », a-t-il précisé à Jeune Afrique.
Blaise Compaoré admet toutefois: « Je suis conscient du fait qu’après trente ans de vie politique harassante, j’ai fatigué… », dit-il sans préciser s’il estime avoir fatigué les Burkinabés ou s’il parle de lui-même.
Une commission réunissant opposition, société civile et chefs religieux et traditionnels, a entamé ses travaux jeudi pour élaborer une « charte de la transition », et présenter ses conclusions samedi à une conférence « plénière » chargée de les valider. Mais rien ne peut se faire sans l’accord de l’armée.
Quant au lieutenant-colonel Isaac Zida, l’homme fort de la transition, Compaoré déclare que celui-ci occupe une position qu’il ne « souhaiterais même pas à mon pire ennemi… « .
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AFP