Le directeur du Centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique, Anselme Yaburi a confié ce mardi 28 août que « près de 80% des armes et des munitions utilisées par les groupes non étatiques dont des terroristes proviennent de stocks initialement acquis légalement par des gouvernements». Il a fait cette déclaration à l’ouverture à Ouagadougou d’un atelier qui vise à intégrer les nouvelles technologies pour la sécurisation des armes légères et petits calibres. C’est environ une cinquantaine de participants qui prendront part à ces deux jours de travaux dans la capitale du Burkina Faso.
La bande sahélo-sahélienne vit depuis quelques années un environnement sécuritaire particulièrement tendu notamment dans les pays du G5 Sahel que sont le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad. Pour faire face à cette situation, l’Organisation des Nations unies (ONU) à travers l’UNREC (centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique) et le secrétariat permanent de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères (CNLPAL) organisent cet atelier auquel prendront part des firmes et des spécialistes de la sécurité et de la défense pour des solutions plus efficaces contre les attaques armées.
« Il y a quelques décennies les armes qu’ils (groupes terroristes et criminels transnationaux) utilisaient provenaient essentiellement de circuits internationaux de trafics », a dit M. Yaburi qui a poursuivi qu’« aujourd’hui, la situation a changé (parce que) près de 80% des armes et munitions utilisées par ces groupes terroristes et criminels proviennent de stocks initialement acquis tout à fait légalement par des gouvernements pour équiper leurs Forces de défense et de sécurité (FDS) ».
Ce n’est que plus tard que certains de ces armements « malheureusement se retrouvent entre les mains des groupes terroristes ou d’autres groupes criminels qui remettent en cause la sécurité des institutions d’Etat et la sécurité des citoyens dans ces Etats », a déploré le directeur de l’UNREC, Anselme Yaburi.
« Les problématiques des armes légères et de petits calibres sont des défis majeurs auxquels sont confrontés la communauté internationale car elle nécessite de l’effort concerté au niveau national, régional et international », a reconnu le général Oumarou Sadou, chef d’état-major général des Armées du Burkina Faso.
Pour lui, cette rencontre des experts doit « prévenir le combat pour éliminer la fabrication, le transfert et la circulation illicite des armes (des terroristes et autres groupes criminels) dont la prolifération incontrôlée dans de nombreuses régions du monde constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationale ».
De nombreux pays connaissent de « graves manquements dans la circulation publique et la gestion des stocks conformément aux standards internationaux », a relevé M. Sadou, pour qui, face au contexte de terrorisme et de criminalité transnationale, « les nouvelles technologies s’avèrent un outil indispensable car leur usage apporte une alternative adéquate, moins onéreuse aux pays qui ont des capacités limitées comme le nôtre ».
L’utilisation anarchique des armes illicites constituent un grave danger et une menace pour les populations paisibles et la sécurité de l’Etat, a fait observer le coordonnateur résident du système des Nations unies au Burkina Faso, David Baulmin. Il a déclaré que la prolifération des armes légères et de petits calibres « augmentent la capacité de nuisance des groupes criminels et terroristes ». Le recours aux nouvelles technologies en vue de sécuriser les stocks d’armes et de munitions « est aujourd’hui une exigence incontournable », selon M. Baulmin qui a rassuré que le système des nations unies et de ses partenaires techniques et financiers continueront d’accompagner les autorités du Faso dans cette démarche qui vise « une utilisation optimale des armements disponibles ».
Cette rencontre se justifie par le fait qu’« il ne se passe pas un jour sans que nous n’ayons des attaques par ci ou par là et très souvent les armes qui sont utilisées pour commettre ces forfaits proviennent des stocks étatiques », a dit le secrétaire permanent de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères (CNLPAL), le colonel Christophe Raoul Tapsoba qui pense qu’avec le concours de l’UNREC et des différentes firmes qui prennent part à cet atelier, il faut « réfléchir sur comment désormais introduire l’utilisation des nouvelles technologies pour sécuriser davantage nos armes et nos munitions ».
En tant qu’acteur non étatique, et ne pouvant pas acquérir les armes à feu ainsi que des munitions de façon légale au regard de plusieurs instruments juridiques nationaux et internationaux, les groupes armés « s’en prennent aux Forces de défense et de sécurité dans le funeste destin de renforcer leur capacité de nuisance », a signifié le colonel, regrettant que « le grand banditisme, la criminalité transnationale organisée et le terrorisme soient dans de nombreux cas soutenus par la prolifération et la circulation des armes légères et de petits calibres ».
Cinq pays du G5 Sahel plus le Nigeria, en plus du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Madagascar sont venus se joindre à la rencontre qui consistera en un échange entre les participants et les firmes qui vont essayer justement de voir ce qu’il faut faire pour améliorer la sécurisation des armes au niveau des pays de l’Afrique de l’Ouest afin que les groupes terroristes et les bandes criminelles ne puissent plus avoir la possibilité de s’accaparer des armes de guerre.
Depuis quelques années, les pays de la région du Sahel font face à d’innombrables problèmes sécuritaires et à des menaces asymétriques, de plus en plus complexes dont le terrorisme en premier chef. Le Burkina Faso qui était relativement à l’abri, est devenu une cible des mouvements terroristes qui écument les régions du Sahel.
Cette rencontre se tenait quand la rédaction de Wakat Séra a appris qu’une escorte militaire est tombée sur une embuscade tendue par des individus armés non identifiés à l’Est du Burkina. Le bilan fait état de sept militaires tués et d’autres blessés.
Par Bernard BOUGOUM
Source: wakatsera