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Attaques barbares contre les « esclaves »: des experts de l’ONU déplorent le manque de volonté politique

La Sous-secrétaire générale des Nations Unies aux droits de l’homme, Ilze Brands KEHRIS, est arrivée, ce lundi 1er novembre 2021, à Bamako, pour une visite de six jours. Au cours de sa visite, elle rencontrera des hauts représentants du gouvernement, le chef de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) et des hauts représentants du G5 Sahel.

 

En outre, elle s’entretiendra aussi avec des membres du corps diplomatique ainsi que des organisations nationales des droits de l’Homme, des dirigeants communautaires, des associations de jeunes ainsi que des autorités religieuses et traditionnelles.
Pendant son séjour, Mme KEHRIS va également rencontrer l’équipe dirigeante de la MINUSMA et d’autres responsables des Nations Unies basés dans notre pays.
Cette visite intervient une semaine après celle effectuée à Bamako par une délégation du Conseil de sécurité de l’Onu, les 23 et 24 octobre, destinée à évaluer la situation politique et sécuritaire.
Sa mission intervient à un moment où de nombreuses organisations ne cessent de manifester leur inquiétude par rapport à la dégradation progressive des droits de l’Homme dans notre pays.
Une série d’attaques « barbares » perpétrées cette année contre des centaines de personnes nées en esclavage au Mali dépasse l’entendement, ont dénoncé vendredi des experts indépendants de l’ONU, exigeant que Bamako rende justice aux victimes et interdise enfin l’esclavage.
Selon les experts onusiens, les dernières attaques ont eu lieu fin septembre dans la région de Kayes. Cette zone a été le théâtre de sept attaques précédentes depuis janvier, au cours desquelles une personne a été tuée, au moins 77 ont été blessées et plus de 3.000 « esclaves » ont été déplacés.
« Le fait que ces attaques se produisent si souvent dans cette région montre que l’esclavage fondé sur l’ascendance est encore socialement accepté par certains politiciens influents, chefs traditionnels, responsables de l’application des lois et autorités judiciaires au Mali », ont déclaré dans un communiqué conjoint, Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, Alioune Tine, Expert indépendant sur la situation des droits humains au Mali et Mme Cecilia Jimenez-Damary, Rapporteure spéciale sur les droits humains des déplacés internes.
Lors du dernier incident, des personnes considérées comme des esclaves ont été attaquées par d’autres qui s’opposaient à ce qu’elles célèbrent la fête de l’indépendance, même si les « esclaves » avaient retardé leurs célébrations d’une semaine pour éviter des problèmes.
Les agresseurs auraient utilisé des armes à feu, des haches, des machettes et des bâtons et ils ont attaché certains des soi-disant « esclaves » avec des cordes avant de les battre sévèrement.

Enquête impartiale et transparente
Ces dernières attaques ont duré deux jours, faisant un mort et au moins 12 « esclaves » blessés. Au moins 30 personnes des deux côtés ont été arrêtées et la Gendarmerie a ouvert une enquête.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux en septembre dernier montraient des jeunes garçons ligotés et maltraités par des personnes munies de gourdins et d’armes blanches.
Face à de telles exactions, les experts onusiens demandent une « enquête impartiale et transparente et que justice soit rendue aux victimes ». « Les auteurs d’actes esclavagistes doivent répondre de leurs crimes. Les forces de l’ordre ainsi que les juges pourraient faire beaucoup pour mettre fin à l’impunité s’ils appliquaient les lois existantes en vertu desquelles les attaques contre les soi-disant esclaves constituent des infractions punissables ».
D’autant que ces « actes odieux inqualifiables » durent depuis bien trop longtemps et sont commis par certains ressortissants maliens qui défendent ouvertement l’esclavage fondé sur l’ascendance ».
Dans le même temps, « le monde entier observe et perd patience. Nous avons déjà condamné cette pratique odieuse à de nombreuses reprises – maintenant le gouvernement malien doit agir, en commençant par mettre fin à l’impunité pour les attaques contre les ‘‘esclaves’’».

Le Mali ne dispose pas d’une loi spécifique contre l’esclavage
Certaines personnes naissent en esclavage au Mali parce que leurs ancêtres ont été capturés comme esclaves et que leurs familles « appartiennent » aux familles propriétaires d’esclaves – appelées « nobles » – depuis des générations. Les « esclaves » sont contraints de travailler sans rémunération, peuvent être hérités et sont privés des droits humains fondamentaux.
Notant que notre pays ne dispose pas d’une loi spécifique contre l’esclavage, les experts ont souligné qu’« il était grand temps de mettre cette pratique hors la loi ». « Le Mali doit criminaliser l’esclavage sans plus tarder et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tous les Maliens contre la violence, y compris ceux qui, historiquement, ont eu le statut ‘ed’esclave’e », ont-ils préconisé.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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