Lors de ce débat de l’émission « Africain » qui a été son dernier entretien avec le doyen Alain Focca de RFI, l’ex Président ATT dont les partisans redoublent d’efforts pour qu’il ne soit pas arrêté afin de répondre de ses forfaitures, a comme un signe prémonitoire confié sur les antennes de la radio mondiale, son incapacité, son double langage et son sens élevé des « dribbles » dont il a le secret, accusant sans sourciller, les Officiers supérieurs de l’armée de n’avoir pris leurs responsabilités malgré qu’il ait achetés les armes et équipements qu’il faut, pour l’armée. Votre journal reprend inex tenso cet entretien qui met à nu le double langage de l’ancien locataire de Koulouba et son faux fuyant. De nos jours, si des voix s’élèvent pour demander au président IBK, de ne pas l’arrêter, que diront les parents des militaires et civiles qui ont été tués par les bandits armés laissés entrer sur notre territoire, lourdement armés ? Comment peut-on au nom d’un pseudo réconciliation, demander de telle chose alors que les crimes commis contre notre armée de 1992 à nos jours, ne sont élucidés ? En fait, notre confrère Alain Focca qui maîtrise son sujet, a acculé ATT jusque dans ses derniers retranchements où celui-ci avait du mal à se défendre.
Officier-Général qui connait la guerre…
RFI : Monsieur le Président, malgré l’insécurité, l’occupation d’une partie du territoire, ATT veut maintenir la date de l’élection présidentielle. Est-ce possible. N’est-ce pas que les citoyens préfèrent la guerre que de négocier ?
ATT, agacé par cette sempiternelle question puisque relayée par la presse, a martelé qu’il : « Je suis à la retraite mais Officier-Général. J’ai passé par l’école de guerre ; j’ai passé par les académies soviétiques. Je sais de quoi je parle ; lorsque les politiques me parlent, je les écoute, je sais de quoi je parle, lorsque la diplomatie me parle, je comprends ; lorsque les militaires me développent leurs manœuvres, je les comprends. Je pense que le Mali jusque-là, a essentiellement fait de se défendre et protéger nos populations. Nous n’avons voulu nous entraîner dans une guerre que les autres veulent parce que nous ne la voulons pas».
« Je vais agir en Président de la république et non en militaire… »
RFI : Certains pensent que si vous ne réagissez pas par la force, c’est parce que vous voulez prolongez votre mandat par cette insécurité, parce que le pays sera dans les troubles, on ne pourra pas voter ?
ATT : Dans un premier temps, il faut noter une chose : ceux qui pensent que je vais agir en militaire, ils se trompent. Je vais agir en Président de la République parce que je suis le Président de tous les maliens, de tous les Touaregs, de tous les Peulhs, de tous ceux qui sont dans la République. Je suis le Président et même des rebelles aussi, c’est par mon sens militaire qui me commande. (Attendez lorsque Focca a voulu l’interrompre).
C’est mon sens d’homme d’Etat qui me commande…
C’est mon sens de patriote, c’est mon sens plutôt d’homme d’Etat, d’homme lucide qui me commande. Je ne peux pas écouter les bruits de ville, de gens qui ne savent pas de quoi, ils parlent et pensent qu’il y a qu’à faire la guerre. (Le ton s’élève). Non je ne ferai pas de guerre. Nous devons plutôt tout faire pour que la paix revienne au Mali. Ensuite, le deuxième point, ls élections auront lieu».
RFI : C’est une certitude ?
ATT : Cela ne pose aucun doute, nous ne sommes pas à notre première expérience puisqu’en 1992, lorsque je suis venu pour la transition, il y avait une guerre mais les élections ont eu lieu ; aussi, le Référendum a été fait au mois de janvier.
La mission fondamentale est l’organisation des élections
RFI : Comment pouvez-vous organiser des élections libres et transparentes dans un pays où on une prise sur aucune partie du territoire ?
ATT : Dans tous les cas de figure, l’objectif majeur de l’armée, c’est mettre de l’ordre ; respecter les populations, respecter l’éthique militaire, respecter également les biens. Mais nous avons une mission fondamentale, c’est d’organiser les élections. Attendons de voir ! Les élections sont prévues au 29 avril 2012 ; le 29 avril, ce n’est pas demain, c’est après demain. Nous mettrons tout en œuvre pour que les conditions soient réunies. Si j’ai un conseil à donner aux maliens, c’est qu’en avril prochain, nous mettons tout en œuvre pour que les conditions soient réunies pour réussir les élections. En fait, c’est de faire qu’en avril prochain, nous mettons les élections, qu’au plus tard au 08 juin prochain, que nous ayons un Président de la République, librement, démocratiquement et légalement élu parce que le problème du nord dure depuis cinquante ans (50 ans) puisque nos pères l’ont géré, nos aînés l’ont géré, nous aussi, nous le gérons, nos cadets et nos fils vont continuer à le gérer. Ce n’est pas un problème qui va finir demain.
La meilleure façon de trouver une solution, c’est négocier…
Je ne pense que c’est incensée de dire que la meilleure façon de trouver une solution idoine, c’est de faire la guerre. S’il y avait à choisir entre le Mali et la guerre, je choisirai le Mali. Je suis prêt à partir et je m’en irai. Et je souhaite de tout mon cœur, que le Mali ait un Président démocratiquement élu. Je pense que la victoire la plus importante que la victoire militaire, c’est celle de la démocratie, des Institutions. Maintenant, ceux qui sont entrain d’aller sur le terrain de la guerre, c’est leur terrain à eux, nous avons le temps de voir venir ».
C’est complètement fou, de parler de transition…
RFI : Certains ont parlé de transition. Est-ce que cela est envisageable dans cette période?
ATT : C’est complètement fou de parler ainsi. Une transition par rapport à quoi ? Elle va durer combien de temps ? Qui seront les membres ? Il y en a qui sont tellement pressés d’être Ministre ou de faire partie d’une organisation. Et il y en a qui sont convaincus que par la voie des élections, ils ne parviendront jamais au pouvoir. Ce sont ceux-ci qui parlent de transition.
C’est à ces Officiers de mettre fin à la rébellion
RFI : Vous n’avez pas peur pour vous aujourd’hui, M. le Président qu’il y ait des Officiers qui décident de ne veulent pas mettre fin à cette rébellion au nord du pays, nous allons prendre le pouvoir. Cela ne vous ais jamais venu à l’esprit ?
ATT : Je dirai tout simplement à ces Officiers d’aller au nord pour mettre fin à cette rébellion par ce que nous leur avions organisé, avions donné les moyens militaires. C’est à eux de mettre fin à la rébellion, c’est leur travail à eux, mais je veux une guerre propre et juste. Je ne veux pas de massacre de population, je ne veux pas d’exactions par ce que nous sommes un pays, une armée organisée.
Il y a des gens qui sont dans leurs petits schémas
Ce sont Officiers qui se posent cette question, je pense qu’ils allaient venir me voir et dire qu’ils ont besoin d’hélicoptères, d’avions. C’est à eux ce rôle. Ensuite, ces Officiers dont tu parles, qui sont-ils ? Je n’en ai jamais rencontré. Vous comprenez !
Je voudrais que cela soit clair dans leur tête, il y a des gens qui sont dans leurs petits schémas c’est parce qu’ils ne veulent pas qu’il y ait des élections ; donc ne pas les organiser.
Dieu les empêchera…
RFI : Des hommes politiques ?
ATT : Des hommes politiques de tout bord et tout acabit qui sont convaincus de ne pouvoir venir au pouvoir par la voie démocratique que par d’autres voies. Eh bien que Dieu les empêche ! La voie malienne, c’est la voie de la transition ; ensuite, j’ai dis que le plus mauvais service que l’on puisse rendre à notre pays, c’est de ne pas organiser d’élections. Ensuite, j’ai dis à nos partenaires que le Mali est un exemple. Il faut que le processus démocratique se passe ; une transition, j’en ai déjà. Je sais de quoi, il en ressort ; absolument rien du tout. Je sais qu’il n y a aucune règle, même une guerre ne devrait pas me permettre de sortir des limites de la Constitution malienne. C’est un conseil que je donne et c’est une mission que j’ai et c’est mon objectif principal. Et c’est à cela que je vais amener mon pays ».
Combattre AQMI, c’est se munir à l’unisson de tous les moyens
RFI : Vous êtes au bout de dix ans de mandat où AQMI a grandi dans la région, elle est puissamment armée aujourd’hui. Est-ce que vous n’avez pas été laxiste avec ce mouvement islamiste qui occupe le nord du Mali?
ATT : AQMI vient de tuer 70 jeunes maliens. Vous pensez que nous avons été laxistes ? Il y a deux, trois ans, nous avons perdu une trentaine de jeunes maliens dans la guerre contre AQMI, vous pensez que nous avons été laxistes ? Seulement, je pense que pour nous, AQMI, est une menace venue d’ailleurs, une menace de nos jours, internationale, qui a des ramifications plus lointaines que l’on ne le croit. Et AQMI est internationale, interrégionale. Nous pensons qu’AQMI aujourd’hui, pour le combattre, il faut se munir de tous les moyens suffisants, pas seulement militaires. Nous pensons que la guerre contre le terrorisme, n’est pas seulement militaire, c’est un problème de développement, de sécurité, de défense ».
La solution contre AQMI, est une conférence des chefs d’Etats
RFI : C’est quoi la solution contre AQMI ?
ATT : La solution, nous l’avons. Depuis 2006, j’ai demandé une conférence des Chefs d’Etat, je ne suis pas parvenu à l’avoir. C’était pour que nous dégageons une vision, nous avons perdu six pour que cette rencontre puisse voir jour, en vain ! AQMI est transfrontalier, donc, la réponse doit être transfrontalière. Comment comprendre leur façon de se mouvoir ? Où se ravitaillent-ils ? Comment font-ils pour vivre ?
Trouver des solutions transfrontalières
Dans tous les cas, ils sont loin des régions dites hospitalières, en ce concerne le cas malien. Je pense qu’il savoir raison garder, ce n’est pas trois cents (300) ou quatre cents (400) hommes qu’il faut aller nettoyer. Depuis 2006, j’attends mes pairs. Aujourd’hui, nous avons un Etat Major à Tamanrasset composés d’Officiers du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l’Algérie. Nous devons pour ce faire, planifier, dégager les textes juridiques. Il faut y aller parc ce que pour moi, la lutte contre AQMI, n’est pas spectaculaire, ce n’est pas aller tomber et revenir. Ce n’est cela qui va résoudre la question. Des gens qui se battent contre vous en se disant que s’ils meurent, ils vont au paradis, n’ont rien à perdre. Par contre, lorsque l’on lutte contre un mouvement transfrontalier, il faut des solutions transfrontalières ».
La guerre contre AQMI incombe d’abord aux Etats riverains du Sahel
A RE (revisionner) : Nord Mali / Alain Foka : Entretien Exclusif avec le Président Amadou T. Touré
RFI : On a vu samedi dernier à Abuja, des Chefs d’Etat pour en discuter. Est-ce qu’il en est ressorti quelque chose ?
ATT : Oui, il en est ressorti quelque chose par ce que la CEDEAO a donné un soutien politique et a transmis un message clair et net qui condamne les agissements d’AQMI et se reconnait dans l’intégrité et l’unité nationale du Mali. Je pense que la bande sahélo-saharienne, ce sont les états riverains qui sont les premiers à se battre, qui subissent. Tout ce que nous aurons à avoir, n’est qu’appoint. Je pense que la guerre nous incombe.
Unir les efforts
C’est la raison pour laquelle, le Malis s‘est dit, il faut donc aller loin. Il faut aller tous ensemble, occuper toute cette bande avec nos armées, aller avec un programme de cinq ans ; créer une cohabitation qui ne sera pas profitable à AQMI ou du reste; prenons tout le désert, un seul pays, n’a pas les moyens de combattre ces gens-là, par ce qu’ils auront toujours le replis tactique d’aller dans un pays voisin parce que là où ils mangent à midi, ils ne déjeunent pas, là où ils dînent, ils ne dorment pas, ils sont en constant mouvement, de frontière, en frontière. Il faut dans ce cas, tous ensemble, nous les bloquons. Le Mali est partisan. Nous pensons après l’Algérie, que nous sommes le pays, qui a payé le plus lourd tribut des atrocités de la guerre contre AQMI et lorsqu’on vient nous dire que vous ne faites pas assez, vous ne faites rien du tout, voilà ce qui nous ait arrivée ».
Je suis venu dans une situation de crise
RFI : N’est-ce pas frustrant de terminer son mandat sur ce climat de crise, dans cette situation de guerre au nord du pays ?
ATT : Mais vous savez que je suis venu également dans une situation de crise ! En mars 1991, il y avait la révolution et la rébellion. Il y avait toutes les difficultés. Un jeune Lieutenant- Colonel et son groupe (Officiers et Sous-officiers) et le mouvement démocratique, avions pris le Mali pendant 14 mois. Et à partir de là, nous avons mis en place un système démocratique et un processus qui aujourd’hui, vingt ans après, marche bien. Si je vais dans une crise, je ferai tout, le maximum, pour l’atténuer avant de m’en aller. Aussi, il faut savoir que le pouvoir a ce côté d’ingratitude, j’étais tellement fier d’avoir fait ce pays ; moi-même lorsque je regarde ce que le Mali a réalisé, je me pose la question de savoir comment le Mali a fait ? Vous-même qui veniez ici, vous ne sentirez pas cette guerre, si vous lisez certains journaux, les gens sont contents; les foras s’organisent, les gens continuent à venir ».
La crise ne devrait en aucune manière porter atteinte à la marche de la République
RFI : Le nombre a quand même considérablement diminué?
ATT : Non, il y a certaines nationalités qui ne sont pas venues mais lorsque j’ai été à Tombouctou, j’ai vu des gens qui sont venus d’Australie ou du Japon. J’ai été particulièrement impressionné puisqu’ils ont dit si prochainement, si vous organisez de tel festival, nous allons venir. Je suis venu à un moment de crise, aujourd’hui, il y a une crise, cela est vrai mais cela ne devrait pas en aucune manière porter préjudice à la marche normale de l’Etat. J’aurais bien voulu aller avec un résultat brillant que nous avons obtenu, mais il faut dire que dans la vie également, il y a des facilités, il y a le jour et la nuit. Mais j’espère lorsque je vais remettre le pouvoir au nouveau Président élu le 08 juin et j’espère encore une fois, la situation même au nord, sera nettement meilleure à cela. C’est moi qui suis le promoteur du Pacte de Réconciliation Nationale le 11 avril 1992, des Accords d’Alger et si je dois être le promoteur d’un autre accord qui tienne compte de ces deux facteurs, tous les reste est discutable ».
Propos recueillis par Alain Focca, RFI
NB : Le chapô, le titre et les intertitres sont de Bokari Dicko