La transition démocratique malienne est indissociable de la vie d’ATT, mais l’enfant de Mopti est aussi un vaillant soldat, un humaniste, un médiateur et un Politique qui a fait ses preuves dans la gestion des affaires de l’Etat. De son Mopti natal au palais de Koulouba, en passant par le camp des commandos parachutistes de Djicoroni, la vie du fils prodige du « Soudou baba » aura connu moult virages.
ATT est né le 4 novembre 1948 à Mopti où il grandit dans le quartier Wayinkoré. Il garde de la Venise malienne le souvenir de tous ces petits métiers auxquels il s’adonnait : couture, élevage, pêche (au filet et à la ligne), labour, négoce. Et football.
Il fit son cycle fondamental à Mopti, Tombouctou, Bandiagara; avant de poursuivre ses études à l’Ecole normale secondaire de Badalabougou, à Bamako, d’où il décroche, en 1969, son diplôme en Lettres Histoire- Géographie qui le destine tout droit à la profession d’enseignant à l’instar de beaucoup de ses camarades de promotion qui sont aujourd’hui des professeurs d’enseignement supérieur.
Mais, la même année, sa carrière professionnelle va connaître un virage à 90° vers le métier des armes. En effet, quand un jour, il apprend qu’on recrute pour l’EMIA (Ecole militaire interarmes) de Kati, il se présente et fut admis. Le nouvel élève officier de l’EMIA de Kati commença sa formation en 1969. Il sort en 1972 avec le grade de sous-lieutenant.
Avide de connaissances, il suivra toute une série d’études et de formation durant sa carrière. Notamment à l’Ecole supérieure des troupes aéroportées à Riazan en URSS (1974-1975), au Centre national d’entraînement commando (CNEC) à Mont Louis en France (1978), à l’Ecole supérieure de guerre inter- armes (17ème Promotion) à Paris en France (1989-1990) et au Cours supérieur inter – armes (42ème Promotion) à Paris en France (1990).
De toutes ces étapes, Amadou Toumani Touré garde des souvenirs mémorables de son séjour à Riazan qui fut une étape importante dans sa formation militaire. Car c’est une des plus grandes écoles de parachutisme au monde, d’où sont sortis le général Lebed et la plupart des généraux soviétiques sont des produits de Riazan. ATT y a fait un cours supérieur de commandant de compagnie, de chef de bataillon et de saut en parachute.
Au titre des promotions en grades, après celui de sous-lieutenant, Amadou Toumani Touré, est successivement promu lieutenant le 1er octobre 1974, capitaine le 1er octobre 1978, chef de bataillon le 1er janvier 1984, lieutenant-colonel le 1er octobre 1988, général de brigade le 8 juin 1992, et général d’Armée le 1er octobre 1996.
Il est nommé commandant de la Garde présidentielle, du 28 avril 1981 au 30 mars 1984. Le commandement du bataillon des paras commandos lui est confié par deux fois, en janvier 1984, puis le 14 mars 1991.
Le 26 mars 1991, Amadou Toumani Touré conduit l’opération militaire qui renverse le régime du général Moussa Traoré, parachevant une révolution déclenchée par les associations du Mouvement démocratique. ATT venait de faire son entrée dans l’histoire du Mali, au-delà du continent.
En effet, président du Comité de réconciliation nationale-CRN- (26 mars) et du Comité de transition pour le salut du peuple-CTSP- (29 mars), il conduit la Transition malienne jusqu’au 8 juin 1992.
Cette Transition a été essentiellement marquée par certains actes forts. Tout d’abord, la tenue, du 29 juillet au 12 août 1991, de la Conférence nationale (que ATT lui-même a présidé, une première en Afrique), qui produira les textes fondamentaux comme le projet de constitution, le code électoral, la charte des Partis, l’Etat de la nation. Ensuite, le calendrier des échéances électorales pour la mise en place des institutions de la IIIème République, a été respecté ainsi qu’il suit : le 12 janvier 1992, référendum constitutionnel ; le 19 janvier 1992, élections municipales ; le 23 février 1992 et le 8 mars 1992, premier et second tours des élections législatives ; et les 12 et 26 avril 1992, premier et second tours de l’élection présidentielle.
Enfin, la signature du Pacte national, consacrant le règlement du conflit du nord du Mali (déclenché en juin 1990), le 11 avril 1992 à Bamako, occupe une place de choix parmi les acquis de la Transition, au terme de laquelle le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré remet le pouvoir aux civils conformément à ses engagements pris le 26 mars 1991.
Après la Transition, le Général Amadou Toumani Touré retourne dans les casernes, pour un repos bien mérité. Mais, convaincu qu’il peut être utile à l’humanité, il prend son bâton de pèlerin pour se consacrer à la réalisation d’actions sociales en faveur des plus démunis et de médiation là où il y a problème. Et les sollicitations pour bénéficier de son expertise émanent de partout.
Première action notable : la lutte contre le ver de Guinée. Dès septembre 1992, Amadou Toumani Touré accepte, sur la demande du président Jimmy Carter, le parrainage du Programme d’éradication de la dracunculose au Mali, qui devient protocole d’accord relatif à l’éradication du ver de Guinée et à la lutte contre la cécité entre le Gouvernement de la République du Mali et Global 2000 Inc.
En août 1993, ATT crée la Fondation pour l’Enfance, pour manifester sa reconnaissance à l’endroit des enfants, des jeunes, qui l’ont constamment soutenu durant sa mission à la tête de l’Etat au cours de la transition démocratique.
Au-delà, la Fondation se veut un organe dynamique, engagé dans l’amélioration des conditions de vie des femmes, des enfants et des jeunes.
C’est de retour de Centrafrique, qu’Amadou Toumani Touré s’est lancé dans la politique pour briguer la magistrature suprême. Le 1 er septembre 2001, il demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée pour se lancer dans la politique. Candidat indépendant, il déclare sa candidature le 10 mars 2002 à Sikasso et est élu président de la République le 24 mai 2002, avec 64,35 % des voix au second tour, pour un premier mandat de cinq ans. Il est investi le 8 juin. Et réélu dès le premier tour le 29 avril 2007 avec 71,20 %.
C’est dans sa vie d’homme politique que le président Amadou Toumani Touré a le plus étonné, avec ses idées, ses concepts, ses méthodes et, bien sûr, ses réalisations.
Enumérer les initiatives et réalisations du président Touré relève de la gageure, mais de 2002 à nos jours le quatrième président du Mali a posé des actes forts qui méritent qu’on s’y attarde.
Le consensus politique, la consolidation de la démocratie avec l’engagement des reformes institutionnelles, le respect des libertés individuelles, la gestion pacifique de la crise du nord, etc. sont autant d’actes politiques qui ont été extrêmement déterminants dans la vie de la nation, la paix et la quiétude sociales.
Le plus grand acquis des mandats du président de la République Amadou Toumani Touré, c’est, sans doute, sa méthode atypique de gestion (politique) du pouvoir. Qui a permis au peuple malien de retrouver son unité et sa cohésion interne indispensables pour pouvoir faire face aux défis du développement.
Arrivé au pouvoir en 2002 sous aucune couverture de parti, Amadou Toumani Touré a été d’emblée inspiré de « partager le pouvoir » dans un cadre de gestion concertée et consensuelle. Neuf ans après, il n’a rompu pas avec ce mode de gestion « qui gagne », le gouvernement actuel faisant foi.
La Rédaction
Source: Journal l’Aube- Mali