Il y avait de l’électricité hier dans la salle des plénières de l’Assemblée nationale. L’arrestation à Ouéléssébougou et la détention au Camp I de la gendarmerie ici à Bamako du député élu à Kati, Bourama Tidiani Traoré, ont suscité une émotion compréhensible chez les élus de la nation. En lieu et place de la séance plénière consacrée aux questions orales, aux questions d’actualité et à l’examen des projets de lois, les députés ont tenu une séance écourtée, consacrée uniquement au cas de leur collègue détenu et à propos duquel les informations disponibles indiquaient qu’il était conduit au même moment devant le juge du tribunal de première instance de la Commune VI pour une comparution immédiate.
Le déroulement précis des événements qui ont amené cette situation peu banale n’a pas encore établi. Ce que l’on sait de sûr, c’est que mardi dernier, l’Honorable Bourama Tidiane Traoré s’était rendu au bureau du juge du tribunal de Ouéléssébougou. Que s’est-il effectivement passé dans ce bureau et entre les deux hommes ? Les informations sur ce point divergent. Des coups ont-ils été portés ? C’est ce qu’assure une des parties. Toujours est-il que le juge Amadou B. Touré a fait procéder ensuite à l’arrestation « pour flagrant délit » du député. Lequel a été conduit au camp de la gendarmerie. On peut facilement imaginer la colère des représentants de la nation en apprenant cette nouvelle. Les députés ont décidé aussitôt de se mobiliser en faveur de leur collègue. Hier, la plénière s’est ouverte avec deux heures de retard. Le temps, nous dira-t-on plus tard, de se mettre d’accord sur la meilleure conduite à tenir. Le fait que le banc du gouvernement ait été inoccupé indiquait que l’ordre du jour planifié serait entièrement perturbé.
ADOPTÉE À L’UNANIMITÉ. Autre signe du malaise ambiant, à l’ouverture de la séance, les élus refusèrent de se soumettre à l’appel destiné à vérifier les présences. Cette réaction fut accueillie avec un certain embarras par le président Issiaka Sidibé qui finira par se résoudre à l’enregistrer. Mais cela ne fit pas pour autant retomber la tension. Celle-ci montera au contraire d’un cran lorsque le président de la Haute cour de justice, le député élu à Tenenkou, Abdramane Niang, exprima son incompréhension pour le fait que les évènements se soient déroulés mardi et que ce n’est seulement que jeudi que la plénière en a été saisie. A son avis, il aurait fallu convoquer au plus tôt une séance plénière et organiser la réaction du Parlement. Le président Issiaka Sidibé s’elévera contre cette remarque en indiquant que le bureau de l’institution, loin de s’être montré inactif, était resté tout le temps mobilisé depuis mardi. En relevant les mouvements divers qui accueillirent cette information, on peut penser que la précision présidentielle n’avait convaincu ni l’interpellateur, ni de nombreux députés.
Le député élu à Kolondiéba, Oumar Mariko, insistera pour que les élus s’assurent de la justesse des actions qu’ils vont poser et qu’ils évitent de se ridiculiser auprès des magistrats. L’Honorable Mamadou Hawa Gassama préfèrera, pour sa part, rappeler que ce qui se passe n’est pas nouveau. Par le passé, la représentation nationale avait eu à faire face à une arrestation d’élus. Il rappellera ensuite ce cas où le président de l’Assemblée de l’époque avait été très ferme et où l’attitude déterminée du chef de l’institution avait permis d’écourter la détention des parlementaires.
Issiaka Sidibé interviendra pour expliquer que toutes ces discussions constituaient une perte de temps et que celui-ci ne joue pas en faveur des députés. Ce rappel incitera les parlementaires à passer aux voix une résolution qui fut adoptée à l’unanimité des 129 députés présents. Le texte fait d’abord référence à l’article 62 de la Constitution qui stipule « la détention ou la poursuite d’un membre de l’Assemblée nationale est suspendue si l’Assemblée nationale le requiert ». Après avoir rappelé que Bourama Tidiate Traoré est élu à l’Assemblée nationale suivant arrêt N°2013-12/CC-EL du 15 décembre 2013, les élus ont déploré la détention de leur collègue au Camp I de la gendarmerie. La résolution requiert donc « la libération immédiate du député Bourama T. Traoré et la suspension de la poursuite contre l’intéressé ».
Aussitôt la lecture de la résolution terminée, le président a à peine eu le temps de suspendre la séance que les élus ont commencé à vider la salle.
Voilà donc une affaire peu commune qui a depuis hier pris une autre dimension et pour laquelle la mention « à suivre » se justifie largement.
A. LAM
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Le président de l’Assemblée nationale en Turquie : UNE VISITE SATISFAISANTE À TOUS POINTS DE VUE
Entre la Turquie et le Mali, l’heure est au renforcement de liens déjà forts et qui acquerront une nouvelle qualité dans le proche avenir
Chaleureux et fructueux. Tels pourraient être les adjectifs à accoler à la visite d’amitié et de travail que le président de l’Assemblée nationale Issaka Sidibé vient d’effectuer du 17 au 21 novembre dernier à Istanbul et à Ankara en Turquie. Il répondait ainsi à une invitation adressée par son homologue Cemil Çiçek, président de la Grande assemblée nationale de Turquie. Pour cette première visite d’un président du parlement du Mali en terre turque, visite qui a revêtu toute la solennité requise, Issaka Sidibé était accompagné de deux élus (Bakary Woyo Doumbia et Mme Haïdara Aïchata Cissé) ainsi que du Secrétaire général de l’institution, Dr. Madou Diallo.
A son arrivée à Ankara, Issaka Sidibé été reçu avec les honneurs dus à son rang par l’Honorable Mme İlknur Denizli, présidente du groupe d’amitié Mali-Turquie et Birahima Soumaré, Ambassadeur du Mali à Ankara. Son séjour a débuté par la visite du Mausolée d’Atatürk, où le président de l’Assemblée nationale a déposé une gerbe de fleurs au cours d’une cérémonie officielle avant de procéder à la signature du Livre d’or.
Après une séance de travail avec son homologue de la Grande assemblée nationale de Turquie, Issaka Sidibé a été reçu en audience par le président Recep Tayyip Erdogan, à qui il a transmis les salutations amicales et fraternelles de son ami et frère Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République du Mali. Au cours de cette audience, le président de l’Assemblée nationale a salué l’excellence de la coopération entre nos deux pays et le soutien constant de la Turquie au Mali, surtout dans les secteurs de l’éducation, de l’hydraulique et de la solidarité. Il a aussi rappelé les engagements d’aide de la Turquie lors des différentes conférences des donateurs pour le Mali à Addis Abeba et à Bruxelles. A cela s’ajoutent l’appui dans le domaine sécuritaire apporté à travers la MINUSMA et la réalisation d’une mosquée à Bamako et qui constitue, selon l’expression du président Erdogan, « un emblème de fraternité ».
Le président Issaka Sidibé a fait lors de la rencontre un large tour d’horizon de la situation qui prévaut dans notre pays. Il a mis en exergue la ferme volonté des autorités et du peuple malien de tourner la page de la crise en donnant toutes les chances de réussite aux pourparlers inter maliens qui se déroulent actuellement à Alger. Il a aussi évoqué les défis majeurs que constituent la restauration et la préservation de l’unité et de l’intégrité du territoire, de même que la lutte contre le terrorisme tant au Mali qu’aux plans régional et international. Le président de l’AN a saisi l’occasion pour solliciter le soutien de la Turquie en matière d’équipement et de formation dans le cadre de l’accord de coopération militaire entre les deux pays.
UNE SIMILITUDE DE SITUATIONS. Issaka Sidibé a également salué l’engagement de la Turquie pour la réalisation des infrastructures dans le cadre de l’organisation du prochain sommet Afrique-France qui se tiendra au Mali, avant de souhaiter plein succès à la Turquie qui sera l’hôte du prochain sommet de l’UPCI (Union parlementaire de l’OCI), sommet que notre pays n’a pu abriter suite à la menace du virus d’Ebola qui pèse sur l’Afrique de l’ouest. L’illustre visiteur sollicitera l’appui de la Turquie afin que le Mali puisse abriter la onzième ou la douzième Conférence de l’UPCI. Il formulera aussi le souhait de pouvoir bénéficier de l’accompagnement de la Turquie pour la rénovation, l’équipement en infrastructures et le renforcement des capacités du Parlement malien.
Pour sa part, Recep Tayyip Erdogan, satisfait du développement constaté dans les relations entre son pays et le Mali, a réaffirmé sa détermination à contribuer à l’approfondissement de notre coopération bilatérale. Rappelant toute l’importance qu’il accorde à la situation au Mali, le président turc a réitéré son attachement au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de notre pays ainsi que son espoir de voir se poursuivre le processus de réconciliation inter malien.
La détermination à améliorer le volume des échanges avec le Mali, la signature d’accords avec notre pays à la faveur des consultations bilatérales prévues en 2015 à Bamako illustrent la volonté de la Turquie de renforcer son engagement au côté de notre pays. Ainsi dans le domaine universitaire, le président Erdoğan a annoncé sa décision de doubler le volume des bourses d’études accordées à de jeunes Maliens. Ces bourses vont passer de 24 à 50. Il est à souligner que 57 étudiants maliens suivent actuellement une formation en Turquie. Donnant immédiatement suite à une requête de son hôte, le chef de l’Etat turc s’est engagé à donner des instructions immédiates à l’Agence de coopération turque (TICA) pour un appui à l’Assemblée nationale du Mali à travers le renforcement des équipements, ainsi que l’installation d’un système de vote électronique. Il a également instruit que des mesures soient prises afin de venir en aide aux femmes ayant des problèmes de fistules et a annoncé sa prochaine visite au Mali afin de constater les progrès réalisés dans ces différents secteurs.
Enfin, Recep Tayyip Erdoğan a rappelé l’attachement de la Turquie au partenariat avec l’Afrique qui se traduit dans la politique africaine de son pays dont le Mali constitue un maillon important. L’audience de l’Honorable Issaka Sidibé à la présidence de la République avait été précédée d’une séance de travail avec son homologue du Parlement turc.
Au cours de leurs échanges, les présidents des deux institutions ont souligné l’importance de la diplomatie parlementaire, notamment au sein de la Oumah islamique et de l’UPCI. Ils ont salué la convergence de vues entre les deux parlements sur les sujets de préoccupation nationale et internationale, notamment la lutte contre le terrorisme. Il existe en effet une forte similitude de situations entre le Mali, confronté à des attaques terroristes au Nord de son territoire et la Turquie qui fait face à l’organisation de l’Etat Islamique à la frontière avec la Syrie. Cette visite d’amitié et de travail en Turquie s’est achevée à la mosquée Sultanahmet et au Musée Hagia Sophia d’Istanbul où Issaka Sidibé s’est rendu avec sa délégation. Ce qui a permis aux visiteurs de prier pour la paix au Mali, en Afrique et dans le monde.
Synthèse
A.LAM
Source: Essor