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Assemblée nationale : Comment le RPM s’est forgé une majorité

Après la présidentielle de juillet dernier, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, voulait avoir sa majorité à l’Assemblée nationale. Au finish, il l’a obtenu. Mais comment ?

siège Bamako parti Rassemblement pour  Mali RPM IBK

Avant les élections avortées de 2012, le Rassemblement pour le Mali (RPM) était carrément à l’agonie. Il se vidait chaque jour de ses militants et militantes à travers le pays et à l’extérieur. Son président Ibrahim Boubacar Keïta voyait ses chances d’accéder au pouvoir s’envoler jour après jour, sauf miracle. Et le miracle (pour IBK) se produisit avec le renversement du régime démocratique par un groupe de putschistes. Qui jeta à visage découvert son dévolu sur le candidat du RPM, et du coup stoppa la saignée dans les rangs de ce parti moribond.

De la 3ème force politique en 2007 avec seulement 11 députés, le RPM passe à la première place avec 66 en 2013. Les observateurs politiques sont dépassés par ce score et s’interrogent. Quel miracle s’est-il produit au profit du RPM pour qu’il coiffe au poteau l’Adema (1ère en 2007 avec 55 députés et 3ème en 2013 avec seulement 16 députés) et l’URD, qui maintient son rang de 2ème force politique, mais qui perd largement de terrain (35 députés en 2007 contre 17 pour la nouvelle législature). Qu’est-ce qui a pu bien se passer en quelques mois pour que le RPM renverse totalement la situation pour devenir la première force politique du pays ? Plusieurs pistes sont explorées par les observateurs de la scène politique nationale.

D’abord, le trafic d’influence aurait joué un rôle important dans la victoire du parti présidentiel. L’administration, à travers des agents véreux, a été accusée par certains candidats comme étant la base de leur échec. L’honorable Me Kassoum Tapo disait avoir raté le second tour dans sa circonscription électorale à cause de la « félonie d’un sous-préfet ».

Toujours concernant le trafic d’influence, des ministres ont quitté Bamako pour aller peser de tout leur poids dans certaines circonscriptions électorales de la région de Gao par exemple. La Cour constitutionnelle a été même saisie. Mais elle a trouvé que la présence d’un ministre 3 heures avant le scrutin ne pourrait pas avoir un impact sur le vote. Un argument très léger, si l’on sait qu’au Mali et lors des élections que des résultats sont tripatouillés après la clôture des bureaux de vote.

Aussi, on est en droit de se demander quel critère a prévalu pour que le RPM se présente dans toutes les circonscriptions électorales du Mali ? Le parti ne disposait pas d’une telle assise nationale. Et n’a jamais existé dans certaines circonscriptions…

Si ce n’est le trafic d’influence sur l’administration en particulier, le RPM ne pourra pas présenter un seul candidat dans les circonscriptions électorales où il ne dispose d’aucune structure. A Goundam (région de Tombouctou), où il avait seulement un point focal, le parti s’est adossé sur l’Adema pour présenter un candidat. Il s’est retrouvé au second tour dans cette circonscription où il n’avait pratiquement pas de militants avant la présidentielle.

A Djenné, c’est sous une forte pression que la liste URD qui avait gagné dès le 1er tour (selon les résultats publiés par le ministère de l’Administration territoriale), a été contrainte par la Cour constitutionnelle, d’aller au second tour contre la liste RPM. Au second tour, le RPM a encore mordu la poussière. Et la Cour a été obligée de respecter la volonté des populations de Djenné.

Ensuite, la victoire du RPM sur ses challengers s’explique par la folle course vers l’appât du gain lancée par des acteurs du paysage politique entre les deux tours de la présidentielle. Même l’Adema, 1ère force politique, ne s’est pas réservée en ouvrant largement ses bastions aux candidats du RPM. Des leaders de ce parti auraient « monnayé » les intérêts de l’ensemble des abeilles pour protéger leurs privilèges personnels. Ils l’ont pris à leurs dépens. Presque tous les « calculateurs » de l’Adema, candidats aux législatives, ont échoué, y compris le malheureux candidat des Abeilles à la présidentielle. Unique soulagement, le candidat de l’Adema à la présidentielle n’est pas la seule victime de ces alliances contre nature. Ceux du Cnid et de la Codem ont aussi chuté… On craint que ce ne soit la fin de leur carrière politique.

Un boulevard ouvert…

Il y a aussi ce qu’on a appelé la trahison du candidat de l’Adema. Qui a dû profiter au RPM.

La dislocation du FDR et l’affaiblissement de l’Adema étaient les principaux soucis des partisans du candidat Ibrahim Boubacar Keïta.

A la veille du second tour de la présidentielle, le candidat malheureux de l’Adema n’attendra même pas qu’on lui fasse appel du côté des vainqueurs. Il décida avec un groupe de semer la zizanie au sein des Abeilles en annonçant leur soutien au candidat du RPM contre la volonté de son parti. Le respect de la parole donnée n’aura aucun sens pour lui et ses compagnons car l’Adema était signataire de la plateforme d’alliance du FDR. Qui exige que le parti soutienne le candidat de ce dernier présent au second tour. Il s’en est suivi un émiettement de l’ancienne première force politique nationale (l’Adema).

Enfin, le troisième tour qui se joue devant la Cour constitutionnelle a été favorable au parti présidentiel. Qui a vu le nombre de ses députés passer de 59 à 66. Devant cette institution, c’est désormais une jurisprudence, on peut toujours espérer devenir député. Sinon, si les élections sont entachées d’irrégularités comme ils le prétendent, qu’est-ce qui empêchent l’annulation et la reprise des dites élections ?

Ainsi IBK qui voulait sa majorité à l’Assemblée nationale, l’a obtenu sans coup férir. Les politiques, l’administration…..et la Cour constitutionnelle, l’ont peut être ouvert un boulevard.

Idrissa Maïga

Source: L’Aube

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