Cette législature ouvre indéniablement une page inédite dans l’histoire du Parlement avec 41 femmes. Parmi elles, des figures connues du monde de la politique comme des nouveaux visages. Beaucoup d’entre elles affichent une solide réputation dans d’autres activités
Nombre de féministes ont, au sortir du second tour des élections législatives, manifesté leur réserve quant aux résultats chiffrés d’une presque effective application de la loi n° 052 de 2015, communément appelée la loi sur le genre. Ils ont alors jugé bon d’attendre la composition du bureau, des commissions et des groupes parlementaires pour voir si le Parlement se rattraperait. Tous ces organes sont en place depuis le jeudi dernier. Mais disons-le tout de go : les attentes des femmes ne sont pas comblées ! Seulement cinq des 23 membres du bureau sont des femmes, aucune des 11 commissions mises en place n’est dirigée par une dame. Et une seule femme figure parmi les six présidents de groupe parlementaire.
Les cinq députées qui ont le privilège de figurer sur la liste du bureau sont issues du RPM et de l’Adema, les deux premières forces à l’Hémicycle. Parmi elles, Mme Assory Aïcha Belco Maïga du RPM qui occupe le poste de 7è vice-président, alors que ses camarades Belco Samassékou et Maïmouna Dramé sont respectivement 2è questeur et 1er secrétaire parlementaire. Oumou Soumaré et Ami Diarra, toutes deux de l’Adema, sont 2è et 5è secrétaire parlementaire. Des élues qui ont en commun la réputation de « femme modèle » dans leurs circonscriptions.
Mme Assory Aïcha Belco Maïga est, en effet, reconnue dans le Septentrion comme un pilier du parti au pouvoir. Pour son second mandat, tout comme lors des joutes de 2013, elle n’a eu aucune peine à convaincre les électeurs de Tessalit (Région de Kidal) qui l’ont récompensée, dès le 1er tour, pour son engagement pour les plus vulnérables. «Aïcha, la Malienne», ainsi l’appelle-t-on à Kidal, est aussi à l’avant-garde de tous les combats pour la défense de la République. Elle est la présidente d’une ONG et membre de plusieurs associations.
Mme Dicko Belco Samassékou, cet autre nom qui résonne dans l’Assemblée nationale depuis 2013, est la 2è questeur. La comptable gestionnaire de formation est descendue dans l’arène politique suite à la demande des populations de Mopti d’où elle est originaire. Lors de son premier mandat, elle se fait remarquer dans le combat pour l’avènement de la loi instituant le quota de 30 % de femmes dans les sphères de décision. Membre du Parlement panafricain basé à Johannesburg, Mme Dicko Belco Samassékou est la présidente nationale du Réseau de lutte contre le VIH/Sida et la tuberculose.
Maïmouna Dramé fait son entrée dans le bureau en qualité de 1er secrétaire parlementaire. Cette militante du RPM depuis sa création, dirige le bureau des femmes du parti à Ségou. Elle était conseillère municipale à la mairie de la Commune urbaine de Ségou et 2è vice-présidente du Conseil de cercle jusqu’à son élection comme députée en 2013. Maïmouna Dramé est une fervente défenseuse des droits des femmes et des enfants.
PROFILS VARIÉS- Mme Traoré Oumou Soumaré et Ami Diarra, des députées élues sous les couleurs de l’Adema, sont respectivement 2è et 5è secrétaire parlementaire. La première est de Nara, où son sens du patriotisme lui vaut l’estime des populations. Et la seconde jouit d’autant d’estime auprès des Ségoviens qui n’ont pas hésité à lui accorder leurs suffrages lors du second tour des dernières législatives. Si aucune commission n’est dirigée par une femme, des députées ont été cependant désignées rapporteures. C’est notamment le cas de la Commission énergie, avec Oumou Coulibaly, élue en Commune V du District de Bamako. L’opératrice économique de 56 ans était depuis 2017, la 5è adjointe au maire de sa Commune. Très active dans la promotion des produits artisanaux et la lutte pour la place des femmes dans les sphères économiques, elle a entrepris de nombreuses initiatives en faveur des rapatriés.
Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Chato est l’unique présidente de groupe parlementaire. C’est une habituée des salles de plénière de l’Hémicycle dont elle arpente les allées depuis 2007. À travers ce troisième mandat, toujours sous les couleurs de l’UM-RDA, elle confirme son leadership politique dans sa ville natale, Bourem, dans la Région de Gao. Avant de se lancer en politique, Chato a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de la défunte compagnie aérienne Air-Afrique. Elle est depuis 2011 promotrice et directrice générale d’une agence de voyage.
Cette législature ouvre indéniablement une page dans l’histoire de la représentation nationale qui enregistre son record de députées : 41 femmes pour 106 hommes. Parmi elles, des figures connues du monde de la politique comme des nouveaux visages. Mais surtout des profils pour le moins variés : étudiante, enseignante, paysanne…
«Fierté d’y faire partie », pour Salimatou Traoré, élue dans la circonscription de Ségou. La députée a focalisé les attentions, dès la proclamation des résultats définitifs, à cause de son statut d’étudiant et de son jeune âge (26 ans). Celle qui détient désormais la palme de la jeunesse dans l’histoire du Parlement n’est pas méconnue des Ségoviens qui l’ont investie de leur confiance, encore moins des militants de l’ADP-Maliba à Ségou. Ce parti l’avait déjà présentée aux dernières municipales.
Sentiment de fierté également pour Bintou Dembélé, élue du parti Sadi à Koutiala, dont elle est une militante. Une femme au grand cœur qui se bat seule, depuis le décès de son mari il y a 26 ans, pour subvenir aux besoins de sa famille. À Lafiala, un quartier de Koutiala, Bintou et d’autres recueillaient les déchets d’huile de l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) pour en faire des savons.
Elle avait réussi à organiser ses sœurs en groupement et étendre leurs activités au nettoyage de services locaux, comme le Centre de santé et l’Académie d’enseignement de Koutiala. «Je suis conseillère du chef de quartier de Lafiala à Koutiala. J’ai été choisie pour devenir conseillère sans être consultée au préalable. Ça été la même chose pour ma candidature à la députation. Le parti Sadi m’a choisie avant de m’appeler », confie-t-elle.
Issa Dembélé
Source : L’ESSOR