L’assassinat du commissaire divisionnaire de Niono, Issiaka Tounkara, a suscité pas mal d’explications. Quant aux syndicalistes, le défunt et son équipe ont agi conformément à la loi. Ceux-ci accusent le maire Abdrahamane Touré, l’élu national Amadou Araba Doumbia voire certaines radios d’avoir « incité à la haine » et d’être « complices du meurtre ». Pour sa part, le député Amadou Araba Doumbia raconte le déroulement des faits et pointe du doigt le ministre Salif Traoré comme « le seul responsable » de la situation.
Dans un audio de 19 minutes et 58 secondes, le député Amadou Araba Doumbia se prononce sur le déroulement des faits. Il rapporte que l’histoire a commencé bien avant la fête de Tabaski où la mairie avait entamé une opération de contrôle de vignette au cœur de la ville de Niono. Pour ce faire, elle avait alors sollicité l’appui de la police venue en aide aux éléments de la mairie. Au cours dudit contrôle, ajoute l’élu du parti SADI, « un policier a agressé » un motocycliste lui fracturant la jambe. Aussitôt, ajoute-t-il, les gens se sont dirigés vers la mairie pour manifester leur mécontentement et dire qu’ils ne sont pas d’accord avec l’acte du policier. Au cours de cette manifestation, le commissaire a, selon les précisions du député, envoyé ses éléments pour gazer les manifestants. Ce qui a encore remonté ces derniers qui, le même jour, ont brûlé des pneus sur les routes sans toucher le commissariat. Le lendemain, raconte l’élu, la mairie avait pris la disposition pour cesser d’arrêter le contrôle des vignettes.
En plus, la mairie avait même présenté ses excuses à la population en reconnaissant son tort pour la blessure du motocycliste par le policier. De sa part, explique l’honorable, la population avait demandé le jugement du policier fautif conformément à la loi pour avoir « agressé et cassé la jambe » d’un citoyen. Elle avait aussi montré que le commissaire avait fait une erreur en gazant les gens au lieu de sanctionner l’agent fautif. Ce qui a amené, selon l’honorable, cette même population à dire que le commissaire n’était plus là-bas pour elle, mais plutôt pour un autre service. Par conséquent, elle a demandé à ce qu’Issiaka Tounkara quitte son poste à Niono.
Une semaine après, poursuit-il, « le maire a sollicité mon intervention pour apaiser la tension de la population qui exigeait le départ du commissaire, le jugement du policier fautif, et le changement de l’heure de patrouille qui se faisait entre 20H et 05H du matin. Elle demandait à ce que la patrouille commence à partir de 00H jusqu’à 5H du matin ».
Dans cet audio, Amadou Araba pointe du doigt le ministre Sali Traoré comme responsable de la situation. « Quand j’ai appris l’annonce, j’ai appelé le ministre en vain avant de lui envoyer un texto pour lui expliquer. Le ministre m’a fait savoir qu’il a envoyé le gouverneur et le directeur régional de la police. Je lui ai clairement expliqué la situation qui prévalait à Niono et les doléances de la population, mais nous ne nous sommes pas compris ce jour », énonce le député qui soutient que le commissaire et l’agent agresseur du citoyen avaient tous commis l’erreur.
Selon Amadou, la radio kayira de Niono n’a pas appelé la population à la violence, mais seulement, ajoute-t-il, « le ministre Salif Traoré a fui sa responsabilité, donc responsable de tout ce qui se passe dans cette situation. En âme et en conscience, Salif sait que je lui ai tout dit à propos de cette situation ».
L’intervenant va encore plus loin en précisant et rappelant certains aspects : « Le ministre est chargé de la sécurité nationale, mais le travail de Salif est de négliger les informations. Par rapport à l’attaque de Yorosso, quand j’ai été informé une semaine en avance par le secrétaire général à propos d’une nouvelle qui annonçait une probable attaque à Yorosso courant mois de carême, j’ai été au lieu du travail du ministre pour lui présenter la situation qui me disait que les hommes étaient sur place. Mais ils n’ont rien fait et c’est après que j’ai appris que l’attaque a finalement eu lieu. Suite à cela, quand je l’ai appelé, Salif me disait que les renforts étaient partis. Après avoir appelé le maire, on a trouvé que cela était faux ».
Aux dires du député, la population a sa dignité, et respecte l’État de droit. « Que Salif prenne sa responsabilité, qu’il reconnaisse que ce qui est arrivé est en grande partie sa responsabilité. Le seul responsable de cette situation est le ministre Salif Traoré », a-t-il conclu.
Mamadou Diarra
Source : Le Pays