Les 1er et 2 mai 2019, dix-huit jeunes, venus soutenir les forces armées du Mali tombées dans une embuscade, ont été tués dans une attaque à Tiguila et à Yoroboulo dans la commune rurale de Mondoro. Plus d’une semaine après, soit le 11 mai 2019, l’Association des Jeunes pour le Développement de la commune rurale de Mondoro (AJDM) a rencontré les hommes de médias à la Maison de la Presse pour de dénoncer le ‘’mutisme’’ du gouvernement sur ladite attaque
« Trop c’est trop ! » C’est en ces termes que le conférencier, Oumar Ongoïba, secrétaire général de l’AJDM, a débuté son intervention. Selon lui, ce qui est arrivé le 1er et le 2 mai 2019 dans la commune rurale de Mondoro est un véritable désastre. Pour les jeunes ressortissants de la commune de Mondoro, cercle du Douentza, il est inacceptable de laisser passer ces tueries sous silence.
Dans un communiqué de presse, l’AJDM précise : « Cette décision de rompre avec le silence a pour motif de lever l’amalgame semé par certaines personnes qui tentent de se faire passer pour des victimes du conflit au centre du Mali, alors qu’ils sont les vrais responsables des attaques ciblées, des assassinats, des enlèvements, des vols de bétails et des viols collectifs. La communauté dogon souffre le martyr d’une telle réalité dans la commune de Mondoro. Le mutisme du gouvernement sur les dix-huit membres de la communauté dogon, sauvagement tués le 1er et le 2 mai 2019 à Tiguila et à Yoroboulo nous laisse croire que l’État privilégie une communauté au profit d’une autre. Sinon comment comprendre qu’on ait beaucoup jasé sur les tueries d’Ogossogou en soulignant leurs caractères ethniques, en se déplaçant sur les lieux avec des dons tout en ouvrant des enquêtes sur les crimes commis, et qu’aucun émoi dans l’opinion nationale et internationale ne soit perçu après les tueries de Mondoro. Pourtant ces villageois ont été assassinés pour avoir secouru des militaires tombés dans l’explosion d’une mine. Aujourd’hui les femmes et les enfants des victimes sont traumatisés et n’ont toujours pas accès à la dépouille de leurs époux ou pères. »
Dans son intervention, Aly Ongoïba, président du Bureau de l’AJDM, a rappelé : « Du 17 juillet 2015 à nos jours, la communauté dogon de Mondoro a connu environ une cinquantaine d’attaques ciblées qui ont visé les villages de Tiguila, Douna, Yangassadiou, Banaî, Toïkana, Isseye et Mondoro. Quant aux victimes, elles s’élèvent à plus de cent quatre-vingt (180) dont des hommes, des femmes et des enfants. Parmi ces victimes figure également le maire de la commune rurale de Mondoro en la personne de feu Souleymane Alaye Ongoïba, un élu du parti RPM. »
Au-delà de la situation sécuritaire au centre, la jeunesse de Mondoro signale également une crise humanitaire avec une forte menace de famine qui se précise. Pour se faire, l’association des jeunes pour le développement de la commune rurale de Mondoro interpelle l’État pour qu’il prenne ses responsabilités afin de protéger les personnes et leurs biens sur toute l’étendue du territoire national, particulièrement dans la région de Mopti. « C’est pratiquement la troisième saison qui arrive sans que les populations ne puissent cultiver », a ajouté Oumar Ongoïba, secrétaire général de l’AJDM.
Il faut noter aussi que les responsables de l’AJDM étaient accompagnés par des représentants du Collectif des Associations de Jeunes de Pays Dogon (CAJPD).
Amadou Basso
Source : Ziré-Hebdo