Le président en exercice de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA-ancienne rébellion et groupe signataire de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale), Sidi Brahim Ould Sidatt, a été assassiné hier matin (mardi 13 avril 2021) à Bamako. Il a été abattu devant sa porte par deux personnes circulant dans une voiture. Un crime qui risque de créer une nouvelle crise de confiance entre Bamako et Kidal, donc de compromettre l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale (APR) souhaitée par tous nos partenaires.
«Nous venons de perdre notre président, Sidi Brahim Ould Sidatt, assassiné ce matin à Bamako», a publié Almou Ag Mohamed, porte parole de la CMA, sur les réseaux sociaux, pour annoncer le décès du président de la Coordination des mouvements de l’Azawad. «Triste et profondément triste d’entamer ce mois béni du ramadan avec l’assassinat de notre président chef de délégation au Comité de suivi de l’accord (CSA) M. Sidi Brahim Ould Sidatt», a également réagi sur les réseaux sociaux Attaye Ag Mohamed, chargé des questions juridiques au sein de la CMA.
Quant au Premier ministre Moctar Ouane, il a annoncé sur les réseaux sociaux avoir appris avec «stupeur la mort de Sidi Brahim Ould Sidati à la suite d’une attaque par deux individus armés non identifiés». Il a «fermement condamné cet acte abominable» survenu alors que le chef du gouvernement de Transition devait le recevoir ce jour pour «des discussions autour du Comité d’orientation stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles». Pour Moctar Ouane, Sidi Brahim Ould Sidati fut «un acteur important du processus de paix au Mali». Il a assuré la CMA et la famille du défunt qu’une «enquête sera diligentée pour identifier, arrêter et traduire en justice les auteurs de ce forfait» !
Selon des sources internes au sein de la CMA, le défunt se trouvait devant sa résidence pour réparer son générateur électrique lorsqu’il a été ciblé par des tirs entre 6 et 7 heures du matin. Selon des témoins, les deux assaillants se trouvaient à bord d’une voiture quand ils l’ont pris pour cible. Transporté d’urgence dans une clinique de la capitale malienne, Sidi Brahim Ould Sidatti a finalement succombé à ses blessures.
Cet assassinat intervient quelques semaines après la reprise des réunions du Comité de suivi de l’accord (CSA) à Kidal en mi-février dernier. Pour de nombreux observateurs, la rencontre de Kidal a été le symbole de la reprise du dialogue entre les responsables des anciens groupes armés et les autorités maliennes dans «un climat de confiance».
Elle a ainsi suscité l’espoir d’une mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale (APR) signé en mai et juin 2015 à Bamako entre les groupes rebelles et le gouvernement malien. Un espoir, pensent certains observateurs, aujourd’hui compromis par l’assassinat du président de la CMA.
Moussa Bolly
Source : Le Matin