Le président du Rwanda Paul Kagame est sorti de son silence ce dimanche 12 janvier au sujet de la mort de Patrick Karegeya, cet ancien proche devenu l’un de ses plus farouches opposants, et assassiné en Afrique du Sud le 31 décembre dernier. Le président rwandais s’exprimait à Kigali devant des responsables d’une communauté de prière à l’occasion d’un petit-déjeuner.
Dix jours après l’assassinat de l’opposant rwandais Patrick Karegeya, Paul Kagame est enfin sorti de son silence. « Face à quelqu’un qui n’a pas honte de détruire ce que nous avons mis du temps à construire, pour ma part, je n’ai aucun scrupule à protéger ce que nous avons construit », a déclaré le président rwandais. « Ceux qui nous accusent d’être responsables {NDLR de la mort de Patrick Karegeya], ont fait de même un millier de fois pour défendre leurs nations », a-t-il poursuivi.
Pourtant, jusqu’à présent, seule l’opposition en exil a publiquement accusé Kigali d’être derrière cet assassinat. Ce que l’ambassadeur rwandais en Afrique du Sud a démenti.
« La trahison a des conséquences », a ensuite prévenu Paul Kagame à l’encontre des autres dissidents en exil. « Tous ces types n’auraient rien été sans le Rwanda. C’est le Rwanda, qu’ils dénigrent aujourd’hui, qui a fait d’eux ce qu’ils sont », a lâché le président. Et d’ajouter, en guise d’avertissement : « Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment il deviendra une victime ».
La famille très choquée
Des propos largement relayés ce dimanche sur les réseaux sociaux, et pour lesquels RFI a recueilli quelques réactions. « Depuis le début, nous disons que [Paul Kagame] a facilité cet assassinat, et les gens nous demandent des preuves ? Désormais, vous le tenez directement de la source », a ainsi commenté l’ancien chef d’état-major rwandais Kayumba Nyamwasa, lui aussi exilé en Afrique du Sud.
La famille de Patrick Karegeya s’est quant à elle dite très choquée et déçue de voir de tels propos tenus par le président rwandais sur un enfant du pays qui s’est battu pour « la liberté et la justice pour tous jusqu’à sa mort ».
Le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Clayson Monyela , est pour sa part resté prudent et n’a pas souhaité commenter ce discours. « Nous attendons les résultats de l’enquête en cours », a-t-il seulement déclaré.
*Une partie d’une citation a été attribuée par erreur à Paul Kagame. Cela a été corrigé et nous présentons nos excuses.
rfi