Au-delà du mépris du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique envers les enseignants, et de son incompétence avérée, c’est le gouvernement, voire le chef de l’Etat qui est pointé du doigt pour leur mutisme à ne rien entreprendre pour une recherche de solutions.
Les autorités ne semblent pas être dans la logique d’ouvrir le dialogue avec les enseignants du supérieur. Depuis cinq mois un arrêt de travail est signalé dans les grandes écoles et universités étatiques au Mali. Lequel arrêt de travail a été décrété par la nouvelle tendance du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique du Mali (SNESUP) dirigé par Dr Alou Diarra. Il faut rappeler que les mouvements des enseignants du supérieur ont commencé par des grèves perlées de 48 et 120 heures jusqu’à ce que l’arrêt de de travail s’en suive.
Mardi 30 mai 2023, le bureau du Snesup est revenu à la base consulté les enseignants sur la conduite à tenir. A l’issue de l’assemblée générale, il a été décidé de poursuite l’arrêt de travail jusqu’à ce que le ministre revienne à la raison et ouvrir les négociations avec le bureau du Snesup légalement mis en place. Justement c’est avec ce nouveau bureau dirigé par M. Diarra, confie des syndicalistes, que le ministre refuse d’ouvrir les négociations arguant qu’il y a bicéphalisme au sein du Snesup.
Faux, rétorquent les enseignants grévistes, qui avancent que depuis octobre 2022, le bureau de « l’ancien secrétaire général » après 10 ans de dépassement de son mandat, a été déposé par le tiers des secrétaires généraux des comités, conformément aux textes du syndicat. Pour eux, le ministre cherche des poux sur la tête rasée des enseignants en refusant le départ de son protégé, l’ancien secrétaire général.
Ne pouvant pas rester muet sans rien faire, la fédération des parents d’élèves du Mali ( Fenapem) a tenté plusieurs médiations sans succès. Un membre de ce regroupement est arrivé à la conclusion que le ministre Keita est bien le problème de l’arrêt de travail. Pour notre interlocuteur, le ministre n’a pas à se substituer au CEN-Snesup, qui d’une manière souveraine, a décidé le renouvellement de son bureau. « Il n’a pas à s’immiscer dans une affaire de bureau surtout que d’après nos investigations, l’écrasante majorité des enseignants du supérieur sont en arrêt de travail. Les querelles de personnes ou de préférences doivent céder la place à la recherche de solution à un problème collectif. C’est de la vie de milliers d’étudiants qu’il s’agit, c’est du devenir de l’école malienne qu’il s’agit », martèle ce membre de la Fenapem.
Outre la Fenepem, apprend-t-on, que d’anciens ministres sont intervenus auprès du ministre Keita afin qu’il ouvre les négociations, il a refusé disant qu’il est en face de deux bureaux.
Aujourd’hui, le ministre a décidé de maintenir le bras de fer avec les enseignants malgré l’intervention des personnes ressources.
Afin d’obliger les autorités du pays a trouvé une solution à l’arrêt de travail, la coordination de l’AEEM a fait une sortie médiatique menaçant de prendre en otage la tenue du baccalauréat devant se tenir du 19 au 22 juin prochain.
Le ministre sait-il que les bacheliers de l’année 2021 n’ont toujours pas terminé avec les cours (ils ont fait un seul semestre). Et que ceux de 2022 n’ont pas commencé avec les cours ?
Connu pour être un « cadre valable », Amadou Keita doit prendre conscience que son jeu de préférence pour un homme dans une lutte syndicale, est en train de nuire à l’école malienne, donc à davantage baisser le niveau des étudiants maliens.
De nombreux acteurs pensent qu’il va falloir que le Président Assimi Goïta se saisisse de ce dossier pour sauver des étudiants maliens. Au nom du Mali, le chef de l’Etat qui doit rappeler les ministres ou le Premier ministre à ne se soucier que de l’intérêt supérieur du Mali, n’en fait pas un souci. Tout ce qui est revendication d’ordre sociale, Assimi doit se substituer à son Premier ministre pour trouver un terrain d’attente entre les partis. L’histoire a montré que Choguel Maiga, a ce don de dénigrer tous ceux qui critiquent ou qui réclament leurs dû à l’Etat. Le chef de l’Etat et son Premier ministre ont donc la lourde responsabilité de trouver une solution aux problèmes des enseignants du supérieur.
En sommes, le ministre Amadou Keita doit savoir que ce n’est pas sa personne, ni la personne de X ou Y qu’il faut voir, mais l’avenir des milliers d’étudiants et de travailleurs.
Le SNESUP exige du gouvernement l’application immédiate de la prime de recherche ; la prise en compte de l’indice 3000 dans le cadre de l’harmonisation des salaires ; la sécurisation de l’espace universitaire ; la séparation des deux statuts conformément aux recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR) ; l’octroi d’une prime de déplacement pour les travailleurs de Kabala et ceux des Instituts d’enseignement supérieur (IES) dans les régions ; le payement immédiat et intégral des heures supplémentaires et des frais des tâches liées aux examens; le recrutement massif et immédiat d’enseignants; la revalorisation de la prime de logement ; l’octroi de passeport de service aux enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique…
Djibril Diallo