« Le 23 décembre 2020, la direction générale de la sécurité d’État (DGSE) dénonçait à notre parquet des faits d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, expliquant avoir démantelé une entreprise de déstabilisation des institutions de la transition par un groupe de cadres publics et civils organisé autour de l’ex-premier ministre Boubou Cissé », explique-t-il. Il s’agit des nommés Mahamadou Koné, trésorier payeur général ; Vital Robert Diop, directeur général de la société PMU-Mali ; Souleymane Kansaye, receveur général du district ; Sékou Traoré, secrétaire général de la présidence de la République ; Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath, chroniqueur-radio ; et Aguibou-Macky Tall, directeur général adjoint de l’agence de gestion du fonds d’accès universel (AGEFAU).
Il ressort, en l’occurrence, des termes de dénonciation que l’ex-PM Cissé nourri des ambitions présidentielles a, avec les susnommés, entrepris des actes de nature subversive à jeter le discrédit sur les actions des autorités de la transition. Ce, en vue de créer une situation de trouble à l’ordre public, précipitant la chute de l’actuel régime, mentionne-t-on dans le réquisitoire de Mamadou Kassogué. Ces actes ont, clarifie-t-il, consisté à la tenue des réunions nocturnes et clandestines. Ils ont consisté à la planification et à la coordination du projet de déstabilisation des institutions tant au domicile de Boubou Cissé ; dans des endroits comme la mosquée sise au quartier 1008 logements ; que dans la mobilisation d’une somme estimée environ à 200 millions de nos francs via Robert Vital Diop du PMU-Mali.
Quant à Souleymane Kansaye du trésor ; Mahamadou Koné et Aguibou-Macky Tall de l’Agefau, ceux-ci s’occupaient, selon les données du procureur, du financement de certaines associations, des syndicats tels que l’AEEM et l’UNTM ; le financement des sacrifices rituels, voire la prise en charge des déplacements à l’intérieur du pays qu’allait effectuer le secrétaire général de la présidence de la République (Sékou Traoré) auprès des puissants marabouts comme Lassina Kané de Ségou pour déstabiliser le pouvoir.
Cas de Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath et Sékou Traoré de la présidence de la République
Dans son réquisitoire, le procureur fait savoir que Sékou Traoré est accusé d’avoir transmis à Ras Bath les initiatives confidentielles de la Présidence, afin de lui fournir des éléments de communication contre la transition. Aussi, le secrétaire général est présumé avoir introduit des viandes de sacrifices rituels à la présidence initiant des actes de sabotage, et visant à discréditer le président de la Transition. Le présumé Sékou est aussi accusé d’avoir limité les rencontres avec Bah Daw. « Quant à Ras Bath, il lui est confié le rôle d’incitateur de l’opinion publique contre la transition en s’attaquant à leur personne, leurs faits et gestes dans ses différentes émissions radiophoniques via des propos outrageants », lit-on dans le réquisitoire. Pendant les périodes de trouble, contient le document, des émissions animées par le porte-parole du CDR ont visé à ouvertement critiquer les autorités. Ce, par rapport à la dégradation de la situation sécuritaire de Farabougou ; la dénonciation de « l’impuissance » de celles-ci à sécuriser les Maliens. Aussi, le chroniqueur est, dans ce document, accusé d’avoir parlé de la nomination « contestable » des nouveaux gouverneurs de régions ; la mise en place « sur fond d’illégalité » du Conseil national de transition ; l’absence de « réactivité de l’État » face aux ravages de la covid-19 ; la gestion « désastreuse » des mouvements de grève des administrateurs civils et de l’UTM ; voire « l’insouciance » de Bah Daw, président de la transition face à ces problèmes. Des critiques qui, selon le réquisitoire, sont non seulement de nature à ternir l’image des autorités ; à radicaliser la position des grévistes ; mais aussi à discréditer les forces de défense et de sécurité.
Cas de Mahamadou Koné ; Robert Vital Diop ; Souleymane Kansaye ; Aguibou Macky Tall et Boubou Cissé
Ceux-ci sont reprochés d’avoir tenté un attentat dont le but était soit de renverser par la force le gouvernement légal ou de changer la forme républicaine, soit d’inciter les citoyens ou les habitants à s’armer contre les autorités. Outre cet aspect, le procureur estime via ce document de quatre pages, que les nommés, y compris le chroniqueur sont présumés d’avoir formé une entente dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou les propriétés, notamment pour déstabiliser les autorités transitoires en vue d’aboutir au renversement du pouvoir. Notons que lors d’une conférence de presse, les avocats des incriminés ont estimé que les arguments avancés dans ce réquisitoire et les enquêtes menées ne contiennent d’aucune preuve.
Mamadou Diarra
Source: Journal le Pays- Mali