L’hôtel Azalaï de l’amitié abrite, depuis ce mercredi 24 octobre 2018, et ce, pour trois jours, les travaux de l’atelier de renforcement des capacités des artisans fabricants d’armes à feu au Mali. Cette rencontre d’échanges et de capacitation à l’endroit des artisans a été organisée par le secrétariat permanent de la lutte contre la Prolifération des armes légères en collaboration avec l’Union africaine, à travers la MISAHEL, vise à promouvoir une meilleure implication de ces acteurs clés dans la lutte contre la prolifération des armes légères et de petits calibres (ALPC).
À l’ouverture des travaux, la représentante du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le colonel Major Nema SAGARA, président de la commission nationale de lutte contre la prolifération des ALPC, a fait des révélations inquiétantes pour la sécurité des personnes et de leurs biens sur le territoire national. Dans son intervention à cette tribune, il ressort que de plus en plus, au Mali, les armes de fabrication locale sont très rependues et nous comptons plus de 346 artisans fabricants d’armes à feu. Cette situation, a-t-elle fait savoir, a créé un sentiment généralisé d’insécurité et a conduit l’État à renforcer les mesures pour assurer la protection des personnes civiles face aux dangers liés aux ALPC.
Autre révélation de taille lors de cette cérémonie, une étude réalisée par Oxfam en 2017 sur le coût humain des armes incontrôlées en Afrique montre qu’il existe 143 000 armes à feu appartenant à des particuliers de manière licite et illicite au Mali.
Selon le même rapport, de nombreux membres de la famille, amis, voisins et proches parents ont été tués par des milices, des groupes d’opposition, et des gangs criminels en utilisant des armes illicites.
En outre, selon une enquête menée par UNMAS et Danish Church Aid, dans la région de Mopti, 17 % de la population interrogée dans 546 ménages ont reconnu avoir possédé des armes à feu.
Selon le Colonel Néma SAGARA, il s’agit pour la plupart d’armes à feu artisanales traditionnelles et, dans quelques cas, d’armes à feu de fabrication industrielle.
Ainsi, a-t-elle expliqué, la prolifération des ALPC alimente non seulement les tensions entre les communautés situées dans des zones déjà vulnérables, mais provoque également de nombreux incidents, principalement dus à de mauvaises pratiques de stockage dans les ménages.
Selon OCHA, la plupart des ménages sont en possession d’au moins une ALPC en raison de l’insécurité générale perçue et la montée de la criminalité.
C’est pour tenter d’endigue le phénomène, la CNLPAL a jugé nécessaire d’échanger avec les artisans fabricants d’armes à feu sur leur rôle en matière de lutte contre les légères et de petits calibres.
« Je ne doute pointe qu’ensemble avec l’appui et la collaboration franche des partenaires, tel que la MISAHEL, nous pourrons jouer notre partition pour rendre meilleur l’espace dans lequel nous vivons », a dit Nema SAGARA.
Cette rencontre qui se tient, depuis hier mercredi, a pour objectifs, entre autres : d’informer les artisans fabricants d’armes et de CRM sur la réforme intervenue au niveau de la CNLPEL et du SP ; de partager avec les participants les contenus des textes législatifs et réglementaires concernant leurs activités de fabrication et de vente des armes. Il s’agit aussi de former les artisans sur le système de codification de la fabrication artisanale d’armes à feu au Mali et de mobiliser ces derniers pour leur participation à la sensibilisation des communautés sur les dangers de la circulation des armes.
Selon ses initiateurs, la tenue de cette rencontre est le témoignage de la volonté ferme de l’État et de ses partenaires de renforcer la coopération et la coordination des actions de lutte contre la prolifération des armes de petit calibre, mais aussi de l’attention particulière que les partenaires accordent au combat.
Par Abdoulaye OUATTARA
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