Le ridicule ne tue plus au Mali. Au moment où le pays est plongé dans une crise sécuritaire sans précédent nécessitant un sacrifice de tous les citoyens, le lieu qui sert de pied à terre et de lieu de détente aux officiers est aujourd’hui transformé en maison close.
Les raisons qui ont prévalu à sa création étaient de récréer un environnement qui rappelle celui de l’armée. Ainsi, les officiers en déplacement peuvent y loger en louant des chambres dont le tarif varie entre 7500 et 5000 FCFA la nuitée. Ces chambres n’ont rien à envier aux commodités que peut offrir un établissement hôtelier digne de ce nom. Son accès est uniquement réservé aux officiers supérieurs de l’armée. Seulement, depuis quelques temps, le Mess des officiers de Badalabougou a perdu de son lustre d’antan.
Bon an, mal an, ce sont des jeunes gens qui y amènent leurs petites amies. Des filles de joie qui faisaient le racolage aux abords des hôtels ou de certaines artères principales y ont élu domicile. Certains douaniers louent des chambres pour deux mois ou plus.
Des opérateurs économiques et des hommes d’affaires séjournent aussi dans ces lieux pour faire leur » business « . On traite de tout et tout y passe.
Tout ce beau monde est tenu d’évacuer les lieux chaque jour avant l’aube. Une façon pour les responsables du Mess des officiers d’entretenir une discrétion totale sur les pratiques obscènes qui ont cours dans cet établissement.
La situation est d’autant plus inquiétante que les responsables n’ont pas l’air de réaliser que nous sommes dans un pays en guerre où l’établissement qui abrite des officiers supérieurs souvent en possession des secrets d’Etat doit prendre certaines précautions.
Aujourd’hui, le constat est que certains officiers supérieurs ont cessé d’y séjourner préférant souvent loger chez des proches. Quant aux expatriés pour la plupart des Américains, ils ont arrêté toute collaboration avec le mess alors que leurs formateurs de passage au Mali avaient pour habitude de verser des millions à la direction pour l’entretien des lieux.
Abdoulaye DIARRA