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Armée Démission forcée du président IBK : Le film des évènements de la journée du mardi 18 août 2020

Nul ne conteste que les négociations des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) dans la crise malienne étaient complètement dans l’impasse. En effet, le président IBK, principal acteur dans ce conflit, avait d’énormes difficultés à mettre en œuvre les recommandations issues du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale. Par ailleurs, les contestations du Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp) réclamant la démission du président IBK et de son régime prenaient de l’ampleur après chaque appel à manifester. Ce qui a contribué à instaurer un véritable dialogue de sourds entre le président IBK et les contestataires. Face à cette situation, des officiers supérieurs de l’Armée malienne ont décidé de franchir le Rubicon en procédant à l’arrestation de plusieurs personnalités du régime et du président IBK qui a été contraint à la démission, après avoir dissous l’Assemblée nationale et le Gouvernement. Cela fait suite à une mutinerie qui avait préalablement éclaté au Camp Soundiata Kéïta de la ville garnison de Kati. Le suspens a duré plusieurs heures, nous vous proposons le film des évènements qui ont émaillé la journée du mardi 18 août 2020.

Très tôt le matin, le mouvement de colère des transporteurs routiers qui protestaient contre l’arrestation de certains de leurs collègues avait retenu l’attention de toute l’opinion parce qu’ils avaient coupé l’entrée de Bamako au niveau des différents postes de contrôle.  Contre toute attente, aux environs de 8H, une mutinerie a éclaté au Camp Soundiata de la ville garnison de Kati. Ainsi, les mutins dirigés par le Colonel Malick Diaw ont ouvert les magasins d’armes pour se doter en armes et munitions. Une heure après l’annonce de l’éclatement de la mutinerie, c’est-à-dire vers 9H, plusieurs personnalités politiques du régime ont été arrêtées dont le président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, le ministre de l’Économie et des Finances, Abdoulaye Daffé (à son bureau).

Ensuite, la Cité administrative abritant plusieurs départements ministériels a été interdite aux usagers parce que les forces armées ont pris position devant les différentes issues du bâtiment.

10H : les services publics, les institutions de la République, les banques, les institutions financières, plusieurs stations-services sont fermés à Bamako.

12H : A l’annonce de cette nouvelle relative à l’arrestation de plusieurs personnalités du régime, les manifestants favorables au M5-Rfp investissent le Boulevard de l’Indépendance à Bamako, le lieu historique des manifestations anti IBK.

Vers 13H : Une colonne de militaires prend d’assaut les locaux du ministère de la Défense et des Anciens combattants, procédant ainsi à l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs et généraux dont Ibrahima Dahirou Dembélé (ministre de la Défense), M’Bemba Moussa Kéïta (ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection civile).

14H : Nous assistons au saccage et au pillage de plusieurs bâtiments publics et privés dont l’Immeuble de l’éphémère ministre de la Justice, Me Kassoum Tapo, sis à Bamakocoura. Ensuite, une foule de plus en plus dense se dirige vers la résidence du président IBK à Sébénikoro, en commune IV du district de Bamako.

16H : le Gouvernement, à travers le cabinet du Premier Ministre, publie un communiqué dans lequel il dit être inquiet de la situation au niveau des deux camps militaires de la ville de Bamako, non sans prôner le dialogue et demander aux militaires de faire taire les armes.

17H : Suite à la demande de reddition du président IBK réclamée par plusieurs hauts gradés de l’armée accompagnée de plusieurs tractations afin que celle-ci se fasse sans effusion de sang, le désormais ex chef de l’Etat comprend en ce moment que la fin est presque proche. Ainsi, le président IBK, le Premier ministre Boubou Cissé, le directeur de la Sécurité d’Etat, Moussa Diawara, qui se trouvaient tous au domicile du président IBK transformé en QG pour tenter de gérer la situation, sont arrêtés et conduits au Camp Soundiata Keïta de Kati dans un convoi composé de plusieurs 4X4 et encadré par les forces de sécurité. Le convoi traverse la ville de Bamako sous une acclamation des populations manifestant ainsi leur adhésion à l’initiative des militaires.

De 17 h à 19 H : Pillage systématique de la maison de Karim Kéïta, fils du président de la République. La maison se trouve à seulement quelques encablures de celle de son père, dans ce quartier de Sébénikoro où Karim Kéïta s’était approprié une bonne partie des terres.

Cette information avait fait le tour de la ville. C’est pourquoi, une cité en construction et supposée lui appartenir, située tout juste derrière chez lui, a été complètement vandalisée. Tout a été emporté : sacs de ciment, portes, fenêtres, grilles en fer, fer à béton…

Un spectacle surréaliste de pillage au cours duquel chacun se débrouille comme il peut. Divers engins sont utilisés pour cette opération de pillage : sotramas, motos Katakatani servant généralement au transport de bagages, motos simples, véhicules personnels. En un clin d’œil, la maison de Karim Kéïta, l’homme le plus mal-aimé du régime IBK, devient un champ de ruines.

18H : Les manifestants, bras en l’air et scandant des propos hostiles au Président IBK, occupent le Monument de l’Indépendance. D’autres sont devant la résidence du Président à Sébénikoro et tiennent coûte que coûte à y pénétrer. Heureusement que la sécurité y est renforcée. Devant le Camp Soundiata Kéïta à Kati, la foule grossit au fur, suite à l’annonce sur les réseaux sociaux de l’arrestation du Président IBK dont le convoi fait route vers Kati.  Salve d’applaudissements au passage du cortège pour saluer l’action des militaires !

Six heures plus tard, soit vers minuit, la déclaration tant attendue tombe finalement : sur le petit écran de la chaine nationale, le président IBK annonce enfin sa démission, la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement.

3H 40 mn, des officiers se réclamant du Comité national pour le salut du peuple (Cnsp) font leur apparition sur le petit écran de la chaine nationale pour expliquer les raisons de ce coup de force. Aussi, ils annoncent l’organisation d’une transition politique civile pour jeter les bases d’un Mali nouveau.                                                         

Boubacar PAÏTAO  

 Source: Aujourd’hui-Mali

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