La lutte contre le terrorisme est un chantier qui requiert l’apport de toutes les couches de la société en particulier celui de la jeunesse qui représente l’essentiel des victimes de ce fléau. La Jeune chambre internationale Elite Mali n’entend pas rester en marge de cette lutte en initiant le projet « Halte au terrorisme ». Dans le cadre de l’exécution de ce projet, elle a organisé vendredi à l’hôtel Radisson, une conférence débat sur le financement du terrorisme. Cette conférence qui a vu la participation d’une centaine de jeunes, était animée par d’éminents spécialistes des questions de lutte contre le terrorisme, de sécurité et de blanchiment d’argent. Il s’agit de l’ancien ministre et expert en sécurité Soumeylou Boubèye Maïga, du député Alkaidi Mamoudou Touré, rapporteur de la commission loi de l’Assemblée nationale et de Marimpa Samoura, directeur de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Le conseiller technique au ministère de la Sécurité et de la Protection civile, Lancina Konaté a pris part à la rencontre.
Pour introduire les panelistes, les jeunes de la JCI Bamako élite par la voix de leur président, Bassala Haidara ont exprimé leurs inquiétudes par rapport aux proportions prises par le phénomène du terrorisme. Pour Bassala Haidra, la JCI Elite qui a pour mission la promotion des jeunes dans le milieu des affaires, se voit directement interpellée car l’environnement des affaires ne s’accommode pas de l’insécurité. Autrement dit sans sécurité pas d’affaires.
Soumeylou Boubèye Maïga a indiqué que les jeunes ont raison de s’inquiéter car le mal est devenu grand et profond. Détaillant les modes de fonctionnement du terrorisme, l’expert confirmera que le phénomène fonctionne en grande partie grâce à l’argent sale issu la plupart du temps de l’extorsion de fonds à des populations, du commerce de contrefaçon ou encore de la prise d’otage dans le Sahel. Selon les statistiques, 38 enlèvements d’otages ont eu lieu ces dernières années dans la zone sahélienne dont seulement 2 sur notre territoire. Les rançons ont rapporté plus de 150 millions de dollars.
Parmi les sources de financement du terrorisme, il y a également la collusion entre trafiquants de drogue et terroristes. Le Sahel accueille et fait passer 30% de la consommation européenne avec à la clé des bénéfices pharaoniques qui sont par la suite injectés sous forme de blanchiment dans le circuit financier normal via le transport, l’immobilier, les jeux et casino. Inquiétant, dira-t-il, pour nos pays car nombre de conflits intracommunautaires tirent leurs sources des rivalités pour le contrôle du marché de surveillance de ce trafic.
Bloquer les circuits de financement du terrorisme est l’une des solutions que nos autorités entendent promouvoir pour lutter contre le phénomène. A cet effet, le député Alkaidi Touré a présenté aux jeunes les grandes lignes du projet de loi uniforme sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme récemment voté par l’Assemblée nationale. Pour lui, cette loi va permettre à notre pays de non seulement satisfaire aux normes communautaires en la matière mais aussi de faire en sorte de résolument contrôler les flux financiers en soutien au terrorisme.
Pour le directeur de la CENTIF, la création de sa structure est une réponse concrète apportée par le gouvernement dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le terrorisme. Il a souhaité la collaboration de tous pour que cette cellule puisse atteindre ses objectifs. Marimpa Samoura a expliqué qu’une lutte efficace contre le blanchiment des capitaux passe nécessairement par la promotion de la bancarisation des transactions.
L. ALMOULOUD

Source : Essor