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Argent, pouvoir et violence: cocktail explosif dans le Delta du Niger

Les accusations de corruption et les gaz lacrymogènes fusent dans le Delta du Niger, où le gouverneur de l’Etat de Rivers s’oppose au président Goodluck Jonathan. Comme un prélude à ce que risque d’être l’élection présidentielle de 2015 au Nigeria: troublée.

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Il fut un temps où le Delta du Niger faisait la une de la presse à cause des attentats de militants armés et des enlèvements d’expatriés du pétrole. Aujourd’hui, c’est le bras de fer engagé entre le gouverneur local et le président du Nigeria qui monopolise l’actualité de la région.

Rotimi Amaechi, à la tête de l’Etat de Rivers, est un des cinq gouverneurs influents à avoir claqué la porte du Parti démocratique populaire (PDP) du président Jonathan, en novembre dernier, pour rallier le Congrès des progressistes (APC), principal parti d’opposition.

Trente-sept députés du PDP les ont imités le mois suivant, faisant perdre au parti présidentiel sa majorité absolue au parlement.

Les dissidents reprochent notamment à M. Jonathan, qui continue à laisser planer le doute sur ses intentions pour l’élection de 2015, de ne pas respecter la règle tacite de son parti, selon laquelle un musulman du Nord doit succéder à un chrétien du Sud (ce qu’il est) comme candidat à la présidentielle.

Mais ce qui oppose réellement M. Amaechi, 48 ans, réputé pour son franc-parler, et le président Jonathan depuis plusieurs mois, ce sont des querelles financières.

“Il y a des choses qui sont faites par le gouvernement fédéral qui ne sont pas dans l’intérêt du peuple de l’Etat de Rivers”, estime David Iyofor, le porte-parole de M. Amaechi.

“Parmi ces choses, il y a le fait que le gouvernement fédéral a cédé le puits de pétrole Soku, qui appartient à l’Etat de Rivers, et l’a cédé à l’Etat de Bayelsa”, Etat d’origine du président Jonathan, développe M. Iyofor.

“L’absence de l’Etat fédéral dans (notre) Etat et le fait que (Rivers) n’ait pas été remboursé pour les 105 milliards de nairas (482 millions d’euros) dépensés pour la construction de routes fédérales est un autre sujet de discorde récurrent”, a-t-il ajouté.

Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, a extrait en moyenne deux millions de barils d’or noir par jour en 2013, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

Les revenus du pétrole sont censés être partagés entre les Etats, mais M. Amaechi accuse le gouvernement fédéral de détourner des dizaines de milliards de dollars.

Le président Jonathan s’est très peu exprimé à propos de l’Etat de Rivers, mais son épouse, Patience, originaire de cet Etat, a été accusée de critiquer M. Amaechi publiquement.

Des rassemblements pro-Amaechi tenus par des militants de l’APC à Port-Harcourt, capitale de l’Etat, ont plusieurs fois été dispersés par la police à coup de gaz lacrymogènes.

Le week-end dernier, un sénateur proche du gouverneur a même été blessé par balle alors que les forces de l’ordre tentaient de disperser un nouveau meeting pro-Amaechi.

La police reconnaît avoir utilisé des gaz lacrymogènes ce jour-là mais nie avoir eu recours à des balles réelles contre les militants et avoir blessé le sénateur.

Le chef de la police locale, Joseph Mbu, s’est retrouvé au coeur des polémiques, accusé de prendre ses ordres à la présidence.

“Toute cette irrationalité a été trop loin dans l’Etat de Rivers et ce n’est pas compatible avec l’Etat de droit”, grogne un avocat défenseur des droits de l’homme, Jiti Ogunye.

“On dirait que Jonathan joue son va-tout. Et nous n’allons pas vers un transfert de pouvoir pacifique en 2015 à ce rythme-là”, s’inquiète-t-il.

Pour Eze Onyekpere, directeur du Centre pour la justice sociale à Abuja, tout cela est “une aberration” fondée “sur l’impunité à grande échelle”.

“Cela est de très mauvais augure pour les élections de 2015. Les gens sont blessés par balle, harcelés, victimes de gaz lacrymogène, c’est effrayant”.

 

© 2014 AFP

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