Depuis sa création en 1996, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) a presque été de toutes les luttes sociales et politiques du Mali sous la conduite de son président d’obédience communiste marxiste.
La formation avait même réussi à acquérir la noble réputation de porte-parole des «sans voix» (paysans, veuves et orphelins fréquemment spoliés de leurs héritages par les vautours de la spéculation foncière…). Hélas ! Cela semble désormais appartenir à l’histoire puisque cette chapelle a été dissoute le 8 janvier dernier par le Tribunal de Grande instance de la commune I du District de Bamako. Et malheureusement, elle ne peut s’en prendre qu’à son fondateur, Dr Oumar Mariko, qui a tourné le dos à la République parce que ses ambitions politiques sont contrariées.
AlerSolidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) sera-t-elle dissoute ? Le verdict est très attendu à l’issue d’une audience prévue le 12 février 2024. En effet, après avoir reçu une assignation en justice (émanant du Contentieux général de l’État) aux fins de sa dissolution, le 28 décembre 2023, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) était devant le Tribunal de Grande instance de la commune I du district de Bamako le 8 janvier dernier. Mais, le jugement a été reporté au 12 février prochain. Le souhait de tout démocrate est qu’on n’en arrive pas à ce stade extrême. Mais, malheureusement, cette formation politique ne peut aussi s’en prendre qu’à son fondateur qui a tourné le dos à la République parce que ses ambitions politiques sont visiblement contrariées.
En effet, cette décision fait suite à la requête du contentieux général de l’Etat mettant en cause les récentes déclarations de Dr Oumar Mariko, du président du parti, notamment sur Kidal… Sans compter que, dans un récent communiqué, le leader politique en rupture avec le banc de la République, a défendu que les insurrections passées sont des «réactions légitimes contre un système politique corrompu». Bien avant la prise de Kidal, Oumar Mariko a multiplié les sorties haineuses contre l’offensive des FAMa visant à rétablir l’intégrité territoriale de son pays. Il est allé jusqu’à adresser des lettres au président Russe Vladimir Poutine et à Recep Tayip Erdogan de la Turquie pour leur demander de cesser tout soutien aux autorités maliennes.
Par ces agissements immatures et anti-patriotiques, il a mis sa chapelle dans l’œil du cyclone. La Sadi est pourtant un parti politique majeur au Mali. Ce qui aurait dû pousser ses responsables à faire preuve de plus maturité pour ne pas prêter le flanc à cette dissolution qui va sans doute embarrasser beaucoup de démocrates. Cette chapelle politique a été créée en 1996 par Dr Oumar Mariko et Cheick Oumar Sissoko (le cinéaste qui a pris ses distances il y a quelques années à cause des positions du parti) alors de farouches opposants à Alpha Oumar Konaré, le premier président démocratiquement élu du Mali.
Une formation politique bien implanté et respectée à la base
En quelques années d’existence, le parti avait réussi à bâtir la réputation de porte-parole des «sans voix» (paysans de l’Office du Niger et les cotonculteurs de Koutiala ; les veuves et orphelins fréquemment spoliés de leurs héritages par les vautours de la spéculation foncière…). Ce qui explique sans doute la 4e place occupée par Dr Mariko à l’issue de 2007. En 2004, il a réussi à faire élire 96 conseillers communaux, donc 5 maires (sur 703). En 2009, la Sadi a réalisé une percée aux municipales en obtenant 254 conseillers communaux (contre 96 en 2004), dont 15 maires. Le cercle de Koutiala est devenu alors son bastion avec 103 conseillers communaux et cinq maires, dont Dramane Sountoura élu dans la capitale de «l’Or blanc» (Koutiala)… Lors des législatives de 2013, le parti a fait élire 5 députés (sur 147) et 281 conseillers (dont 15 maires) lors des élections communales de 2016.
En dehors de ces performances électorales, la Sadi s’est fréquemment prononcée sur l’actualité internationale. En 2019, elle avait fait part de son opposition à la présence de l’armée française au Mali dans le cadre de l’Opération Barkhane. «Notre nation, réconciliée avec elle-même, devrait pouvoir mobiliser l’ensemble de ses ressources internes, tel que prévu par l’article 6 de notre constitution de 1992, et recourir à la coopération internationale, y compris avec la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, la Corée du Nord pour doter nos Famas d’un équipement de défense aérienne, de blindés et autres équipements nécessaires à son efficacité opérationnelle…», a déclaré le bureau politique du parti le 18 novembre 2019. Et curieusement, c’est son président qui condamne aujourd’hui le partenariat avec les mêmes pays. Un partenariat qui a énormément contribué à la montée en puissance des FAMa.
La dissolution de la Sadi intervient après celle du Parti social-démocrate africain (PSDA) en juin dernier, pour les prises de position très hostiles de son président Ismaël Sacko, également en exil. Le gouvernement a déjà annoncé en décembre dernier la dissolution de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali du Dr Ibrahim Sangho. Visiblement, la récréation est terminée pour les partis et les associations qui veulent exister en piétinant les textes en vigueur !
Hamady Tamba