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Après un pugilat à propos d’un litige foncier instruit par le juge de Ouélessébougou : Le député Bourama Tidiane Traoré de Kati gardé à vue hier au Camp I de la Gendarmerie

Qu’est-ce qui s’est exactement passé entre le député de Kati, l’honorable Bourama Tidiane Traoré et le juge de Ouélessébougou, Amadou Touré,  dans la soirée du mardi 25 novembre 2014 ? Les deux hommes en sont venus aux mains après des échanges verbaux assez houleux. La rixe a laissé, selon les témoignages de certains députés, des séquelles dont des hématomes et des bosses ou des contusions (impacts probables de coups) sur le front de l’honorable député. Il était gardé à vue hier au Camp I de la gendarmerie.

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Tous nos efforts pour rencontrer hier le député Bourama Tidiane Traoré sont restés vains. A notre passage au Camp I, le Lieutenant Colonel Adama Tounkara, qui s’occupe du dossier, nous a opposé un aimable refus.  » Nous sommes à la phase d’enquête pour savoir ce qui s’est passé. Il y a donc le secret de l’enquête qui nous empêche de vous dire quoi que ce soit « , a-t-il indiqué. A notre insistance demandant s’il était possible de voir l’infortuné député, l’officier de Gendarmerie nous a répondu :  » Ce n’est pas possible, je suis désolé, Monsieur le journaliste ! Il doit être auditionné et le dossier transmis au Procureur ».

Ayant appris que certains députés, dont le président du groupe parlementaire RPM, l’honorable Seydou Dembélé, ont pu voir leur collègue de Kati, nous avons décidé de l’appeler au téléphone. Celui-ci s’est montré trop peu disposé à nous donner des détails par rapport à cette affaire :  » Je suis trop occupé pour vous recevoir « , a-t-il lancé avant de raccrocher.

A l’Hémicycle, nous avons pu croiser dans la cour le député Seydou Dembélé, notre insistance a été inutile :  » Vraiment, excusez-moi, je ne peux m’entretenir avec vous… « , a-t-il martelé.  C’est le député Mahamadou Hawa Gassama et Alkaïdi Mamoudou Touré, tous deux de l’opposition (URD) qui ont accepté d’aborder le sujet.

Si le second est très remonté contre ce qu’il appelle «  le manque de solidarité des députés, qui semblent indifférents quand un des leurs est arrêté comme un vulgaire délinquant « , Gassama pour sa part a témoigné de ce qui s’est passé. Il a précisé que d’autres députés, comme le président de la Commission Loi, Idrissa Sankaré, le président du groupe parlementaire RPM, Seydou Dembélé, étaient présents aux côtés de l’honorable Bourama Traoré.

 » J’ai été joint hier (mardi NDLR) au téléphone par l’honorable Bourama Traoré m’annonçant qu’il a été agressé par le juge de Ouélessébougou, qui a cogné sa tête contre le mur de son bureau, soulignant que la situation était grave. J’ai alors décidé de me rendre à Ouélessébougou pour voir. Entretemps,  il m’a dit au téléphone que les gendarmes l’ont arrêté pour l’amener à Bamako. Moi j’étais arrivé au péage de Sanankoroba. De là, je les ai vus venant en sens contraire vers Bamako. J’ai alors rebroussé chemin avec eux et nous sommes arrivés au Camp I au-delà de 21 heures. Nous avons été rejoints par le Lieutenant-colonel Adama Tounkara qui nous a poliment expliqué qu’il a reçu instruction de garder Bourama. Mais avant, Bourama m’avait expliqué qu’il avait pris rendez-vous avec le juge et, arrivé chez lui, il lui a demandé où est-ce qu’il en est avec le dossier de litige foncier opposant des villages dans sa zone. Les discussions ont abouti à des incompréhensions et le juge s’est jeté sur lui et a cogné sa tête contre le mur et son garde l’a saisi en liant ses mains derrière le dos… ».

Selon les explications du juge Amadou Bocar Touré, c’est aux environs de 18 heures 20 mn que le député est venu l’interpeller dans son bureau à propos d’un dossier portant sur un litige foncier.  » Je lui ai répondu que je n’ai rien à lui dire sur un dossier en phase d’instruction. Il a alors rétorqué avec un ton de reproche qu’il est député et qu’il est là dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale « , a expliqué le magistrat. Avant de dire  au député que s’il veut avoir des informations, il devrait déposer des questions orales à l’Assemblée nationale et le ministre  de la Justice pourrait répondre à ses préoccupations.  » Je lui ai même rappelé le principe de la séparation des pouvoirs…  » C’est, à en croire le magistrat, à ce moment que la tension est montée et le député se serait jeté sur lui pour lui donner des coups. Il a indiqué s’être défendu comme il pouvait. Et son garde est alors intervenu pour les séparer. Après cela, le juge dit avoir appelé le Commandant de Brigade qui est venu les calmer.  » Pendant ce temps, le député appelait des gens pour venir faire un sit-in  devant nos bureaux « , a-t-il ajouté.

Et c’est après  cette vive et chaude empoignade que les gendarmes, sur instruction de leur hiérarchie, ont pris le parlementaire pour l’amener au Camp I à Bamako.

Joint par nos soins, le Commandant de Brigade a déclaré qu’il ne peut rien dire à propos de cette affaire. Il doit simplement établir le rapport qu’il doit adresser à ses supérieurs hiérarchiques.

Bruno D SEGBEDJI

SOURCE: L’Indépendant  du   27 nov 2014
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