Quelques mois seulement après la démission forcée de SoumeylouBoubèyeMaiga du poste de Premier ministre chef du gouvernement, c’est autour de TiégoumBoubèyeMaiga d’être débarqué du navire dont le commandant s’appelle IBK. TBM, les initiales du nom de Tiégoum, était le grand patron de la cellule de communication du Président de la République depuis 2016, poste qu’il occupait grâce à l’aide de son frère aîné SBM, quand ce dernier était secrétaire Général de la Présidence de la République. Les deux frères n’ont-ils pas été victimes de leurs ambitions démesurées ? IBK a-t-il été réellement reconnaissant envers SBM quand il s’est débarrassé de lui comme un mal propre ? Que reste-t-il encore des Boubèye après leur impopularité aux yeux de l’Opinion ?
TiégoumBoubèyeMaiga paierait à coup sûr le prix de sa proximité, voire sa parenté avec Soumeylou Boubèye Maiga qui était tombé en disgrâce avec IBK moins d’un an après la réélection de ce dernier. Tiégoum, réputé être moins bavard, discret, n’était pas un homme de tempérament chaud, ni un fanfaron, même si certains confrères n’ont pas compris la résiliation de leurs contrats d’abonnement et qui ont inondé les réseaux sociaux des propos agaçants après avoir appris son départ du navire. Ne faisait-il pas correctement son boulot ? Nous n’en sommes pas sûrs, sinon il serait débarqué de son poste quelques mois seulement après sa nomination. La raison fondamentale de son « limogeage » serait ses liens de parenté avec celui qui est considéré aujourd’hui par le clan IBK, comme l’ennemi à abattre politiquement, à savoir SoumeylouBoubèyeMaiga. Tiégoum est une victime collatérale et il n’a payé que le prix de son nom. Pourquoi n’a-t-il pas lui aussi anticipé en démissionnant avec fracas par solidarité à son frère, au lieu d’attendre qu’on l’humilie de la sorte ? Le cadre malien a ce vilain défaut, sachant bien qu’il doit son poste à des relations, et que quand ces relations ne sont plus là pour le soutenir, au lieu de demander à partir, il préféré garder ses privilèges au prix d’une humiliation. Tiégoum devrait démissionner par solidarité et surtout par compassion à son estimé aîné et cela en guise de protestation. Mais il a certainement fait le choix de son confort personnel à l’honneur, sinon après ce qu’a subi Soumeylou Boubèye Maiga, il ne devrait pas faire une semaine de plus à son poste après la démission forcée de son frère aîné.
L’ancien PM, Soumeylou Boubèye Maiga, contraint à la démission par une foule en colère contre lui, est tombé en disgrâce avec IBK après son départ de la primature. Aujourd’hui, il fait l’objet d’enquêtes sur sa gestion au ministère de la Défense. Il aurait été entendu par le juge du pôle économique sur la rocambolesque affaire des avions cloués au sol et des équipements militaires qui seraient surfacturés. En voyage à l’extérieur depuis plus de dix jours, les rumeurs de son asile politique en Suisse circulent à Bamako, pour ne pas connaitre le même sort que Bakary Togola et Adama Sangaré. Pourra-t-il échapper à la prison cette fois-ci ? Rien n’est moins sûr. Tout compte fait, il aura désormais du mal à rebondir politiquement après sa traversée du désert qui a commencé à partir de son éviction du fauteuil primatorial pour se terminer probablement à la Maison d’arrêt de Bamako.
En somme, le tigre a véritablement proclamé sa tigritude, mais n’a pas pu bondir sur sa proie, il devient en ce moment victime au lieu d’être bourreau. Est-ce la fin de la carrière politique de celui qui était pressenti, après sa nomination à la Primature, comme le dauphin tout trouvé d’IBK ? Wait and see.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept