« …Pardonnez à ces mauvais parleurs, pardonnez à ces mauvais racontars, pardonnez à ces déformateurs des faits qui n’ont rien vu et entendu. S’ils étaient capables de ce qu’ils prétendaient faire, moi je ne serai pas là ce soir devant vous ici à Ségou. Dès demain ils vont commencer à dire que le type a commencé la campagne. Ce n’est pas l’objet de ma présence ici, ni d’autres présences que je vais honorer ailleurs dans les jours à venir. Je suis venu vous remercier tout simplement pour votre soutien. Je ne vous ai pas demandé de soutenir le Général, ni le président Bah N’Daw mais de soutenir l’esprit militaire. Soutenez tous ceux qui portent l’uniforme pour défendre le pays, nous avons tous intérêt à cela … ».
Ces propos qui frisent l’arrogance sont tenus par Gal Amadou Aya Sanogo très confiant au cours d’un meeting hautement médiatisé qu’il a organisé dans sa ville natale de Ségou. À l’instar des acteurs politiques maliens, Amadou Aya, en quête de popularité, serait-il donc rentré en précampagne, à son propre compte, pour la présidentielle de 2022 ? Ou serait-il en précampagne pour le compte d’un candidat (favorable aux colonels de l’ex CNSP) ? Quoi qu’il en soit, la Loi Fondamentale du Mali interdit à un général 4 étoiles d’actif de battre campagne ni pour soi ni pour un tiers. En somme, tout militaire doit s’abstenir de faire de la politique. Sinon s’il veut la faire, il doit au préalable présenter sa démission de l’armée.
Cette clause constitutionnelle n’est point ignorée par le capitaine bombardé général. Pourtant Amadou Aya Sanogo a volontairement choisi d’être l’épicentre d’intrigues et calculs politiques dans son pays. D’autant que l’ancien Chef putschiste de mars 2012 n’a pas manqué d’avertir l’opinion publique nationale et internationale que le show médiatique de Ségou n’est que le premier d’une série qu’il va animer dans les jours à venir à l’intérieur du Mali. Par ce meeting de Ségou, Gal Amadou Aya Sanogo s’est bien invité dans le marigot politique malien même s’il prétend de ne pas en être un crocodile politique.
Relaxé en mi-mars dernier par la Cour d’Appel de Bamako à la faveur de la Loi d’Entente nationale controversée, Amadou Aya n’aurait pas pu tenir un tel meeting politique. Surtout en tant que militaire d’actif, même habillé en tenue civile. Il n’en a point le droit. Mais le militaire le plus gradé actuellement dans l’armée malienne a néanmoins pu le faire et il est désormais projeté dans l’arène politique. Pourtant, il ne peut appartenir à la fois aux deux mondes. Conformément à la Constitution de notre pays, Gal Amadou Aya Sanogo doit désormais démissionner ou être démis de l’armée par son commandant en Chef. Le capitaine-général n’y a normalement plus sa place. Il faut qu’il parte illico presto !
Falaye Keïta
Source: Le Pélican- Mali