Au lendemain de l’expédition meurtrière des djihadistes dans la localité de Dioura dans le Cercle de Teninkou, l’Assemblée nationale a réagi à travers sa commission Défense et Sécurité présidée par le député Karim Keïta, non moins fils du chef Suprême des Armées.
Les répercussions du drame dans l’opinion lui ont inspiré une convocation toutes affaires cessantes du ministre de la Défense Tiemoko Sangaré, qui a effectué un long passage, vendredi dernier, devant les élus membres de cette commission tout aussi expressément mobilisés à cet effet. De sources parlementaires, il était question de situer les responsabilités dans la déroute dramatique du camp militaire de Dioura. Ce n’est pas une première que la commission parlementaire conduite par le gendre du président de l’Assemblée veille singulièrement au grain et aborde avec autant d’intérêt et d’entrain les événements qui touchent au devenir de la nation. Et le Pr Tiemoko Sangaré, à l’instar de nombre de ses prédécesseurs au département de la Défense, n’a vu aucun inconvénient à répondre à la convocation des députés. Seulement voilà : la démarche du puissant président de la commission «Défense et Sécurité» intervient en dissonance évidente avec la pratique parlementaire et le principe de séparation des pouvoirs. Et pour cause : les activités et initiatives parlementaires sont légalement aux arrêts depuis le vote de la loi de Finances 2019, y compris pour celles qui s’inscrivent dans le cadre d’un contrôle de l’action gouvernementale. Il est de notoriété publique que seuls ont droit au chapitre les audiences officiels et l’agenda diplomatique préalablement établi du président de l’institution parlementaire ou encore la restitution au peuple des travaux de la session précédente dans laquelle semble s’inscrire du reste la récente tournée du président Karim Keïta dans certains camps militaires à l’intérieur du pays.
Un tel régime d’exercice de la fonction législative participe sans doute de l’esprit de la Loi fondamentale qui encadre le jeu institutionnel et fixe des limites temporelles à l’activité de chacun. C’est dans cet esprit qu’une loi d’habilitation est accordée au Gouvernement pour combler le vide législatif des intersessions par des ordonnances, de même qu’il est loisible aux députés nationale de siéger de plein droit dans le cadre d’une session extraordinaire pour les besoins de fonction parlementaire. En transgressant tous ces principes pour faire écouter le ministre de la Défense même de son propre gré, Karim Keïta s’arroge une sorte d’habilitation parlementaire qui révèle le pouvoir sous des traits de patrimonialisation institutionnelle.
A KEÏTA
Source: Le Témoin