Face aux Hommes des médias, à la Maison de la Presse, le 19 novembre 2018, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP) et ADEMA-Association ont dénoncé les dérives autocratiques et liberticides du Régime à la suite de la répression de la manifestation du vendredi 16 novembre 2018. «L’intention était claire: tuer ou blesser pour l’exemple, faire peur et dissuader l’opposition à organiser d’autres manifestations».
Vendredi 16 novembre 2018 marque une fois de plus les annales politiques maliennes. L’opposition, réunie au sein du Front de Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et de la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP), avait projeté une manifestation à la Bourse du Travail pour exprimer son ras-le-bol contre «les dérives autocratiques et liberticides du Régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta». Ce rassemblement dit pacifique a été violemment réprimé par les forces de sécurité qui ont « délibérément » jeté des grenades lacrymogènes pour disperser les participants «sans sommation et sans chercher à parlementer contrairement à toutes les règles du maintien d’ordre».
Cette manifestation avortée a fait des blessés dont un grave en l’occurrence l’Honorable Amadou Araba Doumbia du parti SADI et de plusieurs interpellations dont « au moins deux militants détenus au Commissariat du Premier Arrondissement de Bamako ». Ces détenus répondent au nom de Sadou Touré, 38 ans et de Bassidi Haïdara, 28 ans.
Le lundi 19 novembre 2018, les Responsables de la manifestation étaient face à la presse. Tiébilé Dramé et associés dénoncent ce qu’ils appellent «l’intention claire» de «tuer ou blesser pour l’exemple, faire peur et dissuader l’opposition à organiser d’autres manifestations».
Sur le cas du Député Doumbia, Tiébilé Dramé témoigne: «Ainsi, avec une rage inexplicable, plusieurs dizaines d’agents se sont acharnés, entre autres, sur Amadou Araba Doumbia, Député à l’Assemblée Nationale et membre du Bureau Politique du parti SADI (Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance). L’Honorable Doumbia sortait d’une rencontre avec Soumeylou Boubèye Maïga. Son macaron d’élu national était accroché sur son boubou blanc. Il a été violemment frappé à coups de bâtons et de matraques. Admis à la Polyclinique Pasteur, après un passage aux urgences du CHU Gabriel Touré, le sang coulait de son nez et de sa bouche suite aux coups de matraques et de coups de pieds qui lui ont été assénés. Le Député Doumbia souffrait de contusions sur tout le corps avec des ecchymoses au niveau de la tête et de nombreuses boursouflures. Il présentait une plaie béante à la face intérieure de la lèvre inférieure ayant nécessité quelques points de suture. Il saignait abondamment. Les examens radiologiques ont révélé une fracture de la côte du côté gauche sans atteinte du poumon. Sa sortie de la clinique est prévue pour ce lundi ».
Pour les conférenciers, le Régime d’IBK, dans son obsession à étouffer par la violence toute forme de contestation, même pacifique, n’a pas hésité à ordonner à sa police de gazer des personnalités de dimension nationale et internationale comme Ali Nouhoum Diallo, Soumaïla Cissé, Mme Sy Kadiatou Sow, Djibril Tangara, Mohamed Ali Bathily, Choguel Kokala Maïga, Housseïni Amion Guindo, Maître Mountaga Tall, Me Hassane Barry, Djiguiba Kéïta PPR, Oumar Mariko ou Mme Coulibaly Kadiatou Samaké.
«Nous condamnons avec la dernière énergie la répression barbare planifiée par les plus Hauts Responsables du Régime. Cette agression barbare ne restera pas sans conséquences. D’ores et déjà, les Responsables des organisations signataires tiennent Ibrahim Boubacar Kéïta, Soumeylou Boubèye Maïga et le Général Salif Traoré (Ministre de la Sécurité du Régime) pour Responsables de cette violence que rien ne justifie. En s’en prenant au droit de manifestation pacifique garanti par la Constitution, le Régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta veut intimider et terroriser l’opposition, les forces vives de la nation et l’ensemble du Peuple malien », a déclaré Tiébilé Dramé. Ce faisant, a-t-il estimé, le Régime espère faire passer par la terreur ses réformes dont la finalité est la déstabilisation du Mali.
Par conséquent, la coalition politique composée du FSD, de la COFOP et de l’ADEMA-Association a appelé toutes les forces démocratiques de l’Intérieur et de l’Extérieur du pays «afin qu’elles se mobilisent pour mettre en échec le fascisme rampant et les plans machiavéliques du Régime». Il s’agit pour eux de ne pas rester les bras croisés «face à l’arrogance d’État et aux velléités autocratiques du Régime».
Les actions projetées
L’opposition entend initier dans les jours à venir des actions judiciaires, notamment des plaintes, avec constitution de parties civiles, contre SBM, le Général Salif Traoré, le Commissaire Divisionnaire Siaka D. Sidibé, le Directeur de la Police du District de Bamako et le Commissaire principal Siriman dit Bah Tangara, Commissaire de Police du Ier Arrondissement de Bamako pour violations de la Constitution et de la Loi, coups et blessures volontaires ayant entraîné de graves lésions.
Sous l’angle politique, les partis membres du FSD et de la COFOP menacent de boycotter les séances d’écoute programmées par l’Assemblée Nationale sur le projet de loi organique relative à la prolongation du mandat des Députés. Des Députés des deux regroupements d’opposition interpelleront devant l’Assemblée Nationale le Gouvernement de fait et notamment les Ministres de la Sécurité, de la Justice et de la Santé.
«Nous demanderons une enquête parlementaire internationale: le Comité interparlementaire de l’EMOA, le Parlement de la CEDEAO, et de l’Union Africaine, l’Union Interparlementaire (UIP) et l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) seront invités à envoyer des missions d’information/d’enquête sur les violences policières du 16 novembre notamment les coups et blessures délibérément infligés au Député Amadou Araba Doumbia», a rassuré les acteurs de ces mouvements. Et ils promettent fermement aussi de rencontrer les ONG de Droits de l’Homme ainsi que les Représentants de la Communauté internationale au Mali.
Une marche le 4 décembre prochain
Tiébilé Dramé a fait comprendre que, par respect pour l’Islam et les musulmans du Mali, ils observeront une trêve pendant la période du Maouloud.
Pour conclure, il a indiqué à l’adresse de l’opinion nationale et internationale qu’«Une grande marche populaire de protestation et de résistance contre la répression, la violation de la Constitution, les dérives anti-démocratiques et autocratiques, les projets de découpage territorial et de déstabilisation du Mali et l’insécurité sera organisée après la semaine du Maouloud. Précisément le mardi 4 décembre 2018. L’itinéraire sera communiqué ultérieurement».
D.C.A
Source: LeSoft