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Après 30 de démocratie au Mali : Quel bilan ?

Le 26 mars 1991, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré renversait, par un coup d’Etat militaire, le Général Moussa Traoré au pouvoir depuis 23 ans. Cette rupture consacre l’avènement de la démocratie, et tout ce qui va avec, après l’adoption d’une nouvelle Constitution. Depuis, la date du 26 mars est commémorée pour rendre hommage aux martyrs. C’est devenu un rituel et les martyrs de 1991 ont eu droit, de la part du président de la transition, Bah N’daw, au traditionnel dépôt de gerbe de fleurs au monument qui leur est dédié. La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs chefs d’institutions de la République, de membres du gouvernement et d’acteurs du mouvement démocratique. S’adressant à ses compatriotes depuis le monument symbolique des martyrs, le chef de l’Etat a expliqué qu’au-delà de ce rituel, la célébration du 26 mars est l’occasion pour «faire le bilan, une rétrospection de soi et une projection pour un Mali meilleur».

 

Pour l’ancienne garde rapprochée de Moussa Traoré, il était important d’aller s’incliner devant la mémoire de tous ceux qui ont payé de leur vie pour qu’aujourd’hui soit. Et selon lui, chaque Malien doit commémorer à sa juste valeur et se montrer digne du sacrifice ultime de tous ceux et de toutes celles qui nous ont quittés en mars 1991 en martyr.

 Que faut-il retenir de ses 30 années de démocratie ?

 Cité comme un exemple de démocratie, le Mali a perdu 11 places pour tomber au 111ᵉ rang des pays démocratique du monde. C’est du moins le contenu du dernier rapport annuel de Freedom House, qui mesure l’évolution des libertés publiques et de la démocratie dans le monde. Selon ledit rapport, le Mali passe de la catégorie des « régimes hybrides» à celle des «régimes autoritaires», tombant aussi dans la liste des pays «non libres» de Freedom House. Explication : « Le Mali n’a pas le plein contrôle de son territoire et l’insécurité rampante a provoqué un coup d’État en août 2020, par des officiers lésés par le manque de progrès contre les insurgés jihadistes».

Et ce n’est pas tout. Naguère citée et enviée comme étant parmi les bons exemples de démocratie en Afrique, après une décennie réussie, la démocratie malienne est loin d’être honorable. Tenez-vous bien : deux des trois présidents démocratiques élus ont été déposés par un coup d’Etat militaire avec la complicité ou l’indifférence du peuple qui les a tour à tour plébiscités. C’est également cette démocratie malienne, qui a la mauvaise réputation d’avoir tabassé son chef d’Etat jusqu’à l’intérieur de son palais, par la population avec la complicité des militaires.

Quid du mouvement démocratique ?

 Après 30 années d’expérimentation, la démocratie malienne a peut-être plus brisé d’espoirs qu’elle n’a ouvert des voies et opportunités d’accès à la prospérité collective tant rêvée et promise pour les générations suivantes et futures. Sur cette question, les Maliens sont divisés. En effet, contrairement aux acteurs du mouvement démocratique, qui soutiennent dans leur majorité que leur lutte n’a pas failli à ses missions, la jeunesse malienne estime pour la plupart que le mouvement démocratique a tout simplement failli à ses missions et impératifs historiques, tant ses acteurs sont passés à côté de leur devoir de façonner une autre nature de Maliens en cultivant les vertus et valeurs dévoyées par 30 années de gabegie sur fond d’aristocratisation du pouvoir.

Il faut dire que beaucoup d’eau a passé sous le pont depuis trois décennies et l’épreuve et pratique aura démontré que les droits et libertés fondamentaux ne constituent des acquis viables qu’en étant confortés par des équilibres et équités sociales durement éprouvées par une gouvernance calamiteuse ayant affecté la crédibilité et l’autorité de l’Etat. Aussi, la dynamique et à l’élan collectifs de départ ont peu à peu cédé la place au combat à d’épanouissement individuel ou clanique dont ne saurait s’accommoder d’édification d’une nation encore embryonnaire. De quoi réduire en lambeaux tous les leviers de l’Etat dont la refondation pourrait se faire sur les ruines de la teneur symbolique du 26 Mars.

 

Amidou Keita

SourceLe Témoin

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