Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a publié, le 30 mars 2022, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 22 pages met l’accent sur la situation sécuritaire, humanitaire, politique, judiciaire et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. « Pour que les réformes définies par les consultations nationales soient réalisées et soutenues, il faut qu’un consensus solide se dégage entre les acteurs politiques du Mali, car leur mise en œuvre s’étendra bien au-delà de la période de transition. La responsabilité de la majorité de ces réformes incomberait à un gouvernement élu. À cet égard, il importe que les autorités de transition donnent la priorité aux réformes qui sont directement liées à la tenue d’élections. Le temps presse…», souligne Antonio Guterres.
Dans ses observations, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a fait savoir que si des efforts considérables ont été déployés au cours de la dernière décennie, avec un appui international considérable, la crise a malheureusement gagné en complexité, tant sur le plan de la sécurité que de la gouvernance. « Toutefois, pour que les réformes définies par les consultations nationales soient réalisées et soutenues, il faut qu’un consensus solide se dégage entre les acteurs politiques du Mali, car leur mise en œuvre s’étendra bien au-delà de la période de transition. La responsabilité de la majorité de ces réformes incomberait à un gouvernement élu, qui serait le mieux placé pour mobiliser l’appui total de la communauté internationale, y compris des pays de la région. À cet égard, il importe que les autorités de transition, tout en jetant les bases de la stabilité à long terme du pays, donnent la priorité aux réformes qui sont directement liées à la tenue d’élections. Le temps presse, et le Mali a déjà manqué une étape importante sur la voie du retour à la paix et à la stabilité », a-t-il dit. Selon lui, la fin de février devait marquer le retour du pays à l’ordre constitutionnel. Malheureusement, dit-il, cet objectif n’a pas été atteint, ce qui a notamment conduit la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) à adopter une série de mesures, avec le soutien de l’Union africaine, dans le but d’accélérer le processus. « Je me félicite du dialogue en cours entre le Mali et la CEDEAO, avec l’appui du comité local de suivi, qui vise à parvenir à un consensus sur un calendrier électoral acceptable. Ce consensus ouvrira la voie à la levée des sanctions contre le Mali, ce qui permettra d’éviter qu’elles aient d’autres effets négatifs sur la population et contribuera à la normalisation des relations du Mali avec ses voisins », a souligné Antonio Guterres.
Pour lui, l’Accord de 2015 reste le meilleur cadre pour parvenir à une paix durable dans le nord du Mali et pour favoriser la stabilité dans la région. Par ailleurs, il a exprimé sa préoccupation par rapport à la situation de plus en plus précaire des droits humains dans certaines parties du pays et l’incidence des violations commises sur la population. « Aucun effort ne doit être ménagé pour enquêter sur ces violations et traduire rapidement les auteurs en justice. À cet égard, je souligne qu’il incombe à l’État de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire appliquer le principe de responsabilité et veiller à ce que ses opérations militaires, y compris celles menées avec ses partenaires bilatéraux, soient conduites dans le respect de ses obligations internationales. Il ne s’agit pas seulement de se conformer aux obligations découlant du droit international, mais aussi d’un impératif opérationnel : la lutte contre le terrorisme ne peut être couronnée de succès que si elle est menée de manière à obtenir le soutien des populations locales », a déclaré le secrétaire général de l’ONU (Organisation des Nations Unies). A l’en croire, la Mission onusienne s’engage à continuer à travailler en étroite collaboration avec les autorités nationales, tant pour la formation continue du personnel militaire et de sécurité aux questions de droits de l’Homme que pour l’appui aux enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’Homme et d’atteintes à ces droits.
Plus de 7 millions de Maliens ont besoin d’une aide humanitaire
Selon le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, les violences attribuées aux groupes extrémistes se sont poursuivies ; 103 incidents de sécurité ont été enregistrés au cours des trois premiers mois de 2022, soit une baisse importante par rapport à la période précédente, au cours de laquelle 147 incidents avaient été enregistrés. Il a indiqué que les attaques ont fait 69 morts et 29 blessés parmi les civils, et 83 personnes ont été enlevées. « La période de référence a également été marquée par une intensification des opérations offensives des Forces armées maliennes, qui a été suivie par une baisse du nombre d’incidents signalés ainsi que le retour volontaire de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Bien que cela ait contribué à améliorer le sentiment de sécurité de la population, selon des allégations, les Forces armées maliennes auraient commis de graves violations des droits humaines », a-t-il dit. Au cours des trois premiers mois de 2022, dit-il, les groupes extrémistes ont continué à harceler et attaquer les populations locales et les forces de sécurité dans les régions du centre et du nord, tandis que les Forces de défense et de sécurité maliennes ont intensifié leurs opérations dans le centre, faisant état de lourdes pertes parmi les groupes extrémistes et de gains militaires importants. « Au cours de la période considérée, 55 attaques asymétriques ont été menées contre des forces nationales et internationales, dont la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali). Au total, 33 attaques ont été signalées contre les Forces de défense et de sécurité maliennes pendant la période considérée, faisant 46 morts, dont 41 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes, ainsi que 65 blessés, dont 64 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes », révèle le rapport du secrétaire général de l’ONU.
Au cours de la période considérée, dit-il, 1 632 écoles (comptant 489 200 enfants et 9 792 enseignants) n’étaient pas fonctionnelles, principalement en raison de l’insécurité, notamment dans les régions de Mopti (42 %) et de Ménaka (40 %).
Au 1er mars 2022, ajoute-il, la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) du Mali avait enregistré 25 029 dépositions de victimes et de témoins.
« La situation humanitaire n’a cessé de se détériorer en raison des conflits et des tensions intercommunautaires. Le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire a augmenté, passant de 5,9 millions en 2021 à 7,5 millions pendant la période à l’examen. Plus de 960 000 enfants de moins de cinq ans risquent de souffrir de malnutrition aiguë », a conclu le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain