Le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres a publié, le 26 mars 2019, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 18 pages évoque la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique au Mali. Au cours des trois derniers mois, Antonio Guterres a fait savoir qu’il y a eu au Mali, 61 attaques asymétriques perpétrées par des groupes terroristes, 267 atteintes à la sécurité qui ont fait 225 morts et 149 blessés parmi les civils. Avant d’ajouter que la situation humanitaire demeure alarmante au Mali car, dit-il, 7,2 millions de personnes restent très vulnérables aux chocs, notamment les conflits et les facteurs climatiques. « Seuls des efforts concertés permettront de surmonter les graves difficultés que connait actuellement le Mali. La violence a atteint des niveaux sans précédent qui dépassent largement la capacité des mécanismes séculaires de règlement des différends », a souligné le secrétaire général de l’ONU. A cet effet, il a invité le Gouvernement malien à redoubler d’efforts pour faire face à la situation dans le centre du Mali.
«Si c’est dans le nord du Mali que les attaques asymétriques les plus graves perpétrées par des groupes terroristes ont été enregistrées, 37 attaques, sur 61 au total, se sont produites dans le centre et quatre dans la région de Koulikoro, à l’ouest du pays, notamment l’attaque complexe qui a visé le 24 février le camp des forces armées maliennes, où se déroule le programme de renforcement des capacités animé par la mission militaire de l’Union européenne visant à contribuer à la formation des forces armées maliennes », a souligné le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali. Avant de signaler que les Forces de défense et de sécurité maliennes sont demeurées les principales victimes des attaques asymétriques (36). Au total, dit-il, 49 de leurs soldats ont été tués et 49 blessés. « Bien que les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA demeurent les principales cibles des attaques asymétriques, en 2018, ce sont bien les civils qui en ont le plus pâti on a recensé 234 victimes (39 %) sur un total de près de 600 personnes, soit presque trois fois plus que pour toute l’année 2017. Les civils ont continué d’être victimes de violences ciblées et indirectes, en particulier dans le centre du pays, où les activités de groupes extrémistes violents et l’intensification des violences intercommunautaires constituent les deux principales menaces pesant sur les civils. Les violences intercommunautaires se sont produites essentiellement entre les Dogon et les Peuls dans les districts de Koro et de Bankas s et entre les Peuls et les Bambaras dans le district de Djenne. Il y a eu 267 atteintes à la sécurité, qui ont fait 225 morts et 149 blessés parmi les civils, ainsi que 130 signalements d’enlèvements de civils », a expliqué Antonio Guterres. Il s’est dit préoccupé par les conditions de sécurité qui continuent de se détériorer dans le centre du Mali et par l’augmentation alarmante du nombre de civils tués. A ses dires, la présence croissante et les attaques de plus en plus nombreuses des groupes armés extrémistes, la montée de la violence de proximité et la multiplication des groupes d’autodéfense affiliés à différentes communautés créent une situation explosive dont les civils sont les principales victimes.
Plus de 800 écoles fermées au Mali
« La violence a atteint des niveaux sans précédent qui dépassent largement la capacité des mécanismes séculaires de règlement des différends. J’invite le Gouvernement à redoubler d’efforts pour faire face à la situation dans le centre du Mali, avec l’appui de la communauté internationale, notamment par la mise en œuvre de son plan de sécurité intégré pour le centre du pays…Je demande également à toutes les parties de rejeter et de combattre les actes de terrorisme, quels qu’en soient les motifs », a-t-il souhaité. Selon lui, il y a eu 79 cas de violation des droits de l’homme faisant 422 victimes, dont au moins 24 femmes et 11 enfants. Par ailleurs, il dira que la situation humanitaire est demeurée alarmante pendant le dernier trimestre. « En février, 2,4 millions de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire et 7,2 millions de personnes, essentiellement dans le nord et le centre du Mali, restaient très vulnérables aux chocs, notamment les conflits et les facteurs climatiques, tels que la dégradation des sols et les régimes de précipitations extrêmes. Les communautés pastorales et agropastorales, dont les moyens de subsistance se sont détériorés après des années de sécheresse, demeurent particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire. En février, 123 000 personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays. Les chiffres ont sensiblement augmenté en raison des conflits intercommunautaires et de l’insécurité croissante dans le nord, et en particulier dans le centre, qui ont entraîné une perte des moyens de subsistance traditionnels, une vulnérabilité accrue et des pressions extrêmes sur les ressources déjà limitées des communautés d’accueil », a-t-il dit. A l’en croire, 827 écoles étaient encore fermées au Mali, dont 513 à Mopti, 77 à Tombouctou, 74 à Gao, 77 à Ménaka, 36 à Kidal, 30 à Ségou et 20 à Koulikoro ; de ce fait, environ 244 000 enfants n’allaient pas à l’école et n’avaient plus accès à l’éducation. Dans son rapport, il a rappelé que le 14 février, le Président Keita et M. Cissé ont eu un entretien téléphonique suivi d’une série de réunions au palais présidentiel le 26 février et début mars, mettant fin à des mois de relations tendues. Les deux hommes ont accepté de relever les défis les plus pressants qui se posaient au Mali. « Depuis lors, le Président Keita a continué de rencontrer d’autres dirigeants de l’opposition, dont Tiébilé Dramé, proche allié de M. Cissé et président du Parti pour la renaissance nationale, le 6 mars, et Cheick Modibo Diarra, président du Rassemblement pour le développement du Mali, le 11 mars. Seuls des efforts concertés permettront de surmonter les graves difficultés que connait actuellement le Mali », a-t-il précisé. Pour Antonio Guterres, les solutions à plus long terme pour endiguer la violence dans le centre du Mali sont, toutefois, de nature politique et doivent s’accompagner d’initiatives visant à promouvoir la justice et la réconciliation. Enfin, il a invité le Gouvernement à redoubler d’efforts pour traduire en justice les auteurs d’actes de violence.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain