Une rencontre riche en réflexions, au cours de laquelle intellectuels, autorités et figures culturelles ont exhorté la jeunesse malienne à puiser dans ses racines pour reconstruire un avenir fondé sur les valeurs authentiques du pays.
La conférence inaugurale du programme « Faso Sinfiso », une initiative inscrite dans le cadre de l’Année de la Culture décrétée par le président de la Transition. Placée sous le thème « Yèrèdon » (connaissance de soi) : repères fondamentaux pour la jeunesse malienne », cette rencontre a réuni des figures majeures du monde culturel, académique et politique.
Mamady Kéita, figure emblématique de la promotion des valeurs culturelles maliennes, était l’un des conférenciers phares. Très engagé dans la préservation du « danbé » (dignité), du « yèrèdon » (connaissance de soi) et de l’identité culturelle, il a ouvert la conférence par une question percutante : « D’où venons-nous ? Où allons-nous ? ». Selon lui, il est impossible de construire un avenir solide sans une profonde connaissance de soi. « La connaissance de soi est le début et la fin de tout. Sans elle, nous n’irons nulle part », a-t-il martelé.
Des valeurs en perte de vitesse
Seydou Traoré, membre de l’association « Donko ni Maaya » et également intervenant, a déploré la perte des repères culturels au sein de la jeunesse. « Nous sommes perdus. L’école occidentale ne nous a pas appris à construire notre Etat, ni nos familles », a-t-il regretté. Il accuse un système mis en place depuis la colonisation d’avoir progressivement éloigné les peuples africains de leurs valeurs fondamentales. « La colonisation a été un projet de destruction de nos Etats et de nos cultures. Il est temps que les jeunes changent la donne, car l’avenir leur appartient », a-t-il déclaré.
Présent à la cérémonie, le ministre de l’Enseignement supérieur a salué l’initiative, affirmant que « les Maliens sont riches de leur culture, qu’ils doivent préserver jalousement et célébrer fièrement ». Pour lui, l’école doit être un espace de transmission de ces valeurs essentielles, socle de la reconstruction sociale.
Même son de cloche du côté du ministre de l’Education nationale, qui voit dans l’Année de la Culture une « invitation à se ressourcer, à se reconnecter à nos racines profondes ».
Le ministre en charge de la Culture, Mamou Daffé, a affirmé que cette conférence marque le lancement d’un programme phare visant à « inculquer les valeurs sociétales et à former un nouveau type de Maliens » (le maliden kura). M. Daffé a appelé les intellectuels, les enseignants et toutes les personnes ressources à s’impliquer pleinement dans ce processus. « Quand un pays est en reconstruction, tout le monde est concerné », a-t-il insisté.
Les échanges ont mis en lumière l’urgence d’une reconquête culturelle, considérée comme le fondement de toute construction nationale durable. Pour les participants, la jeunesse malienne doit s’approprier son histoire, ses langues, ses références pour mieux construire son avenir. « Il n’y a pas de peuple qui puisse survivre sans culture, sans ses chansons, sans ses récits », a-t-on rappelé.
La conférence « Faso Sinfiso » s’annonce ainsi comme un moment fondateur de l’Année de la Culture, avec un message clair : se connaître, se reconnaître, pour mieux se reconstruire.
Yaye Astan Cissé