Une foule innombrable de justiciers bénévoles a failli brûler vif un gendarme en poste à Ambideli, un village malien frontalier du Sénégal, situé sur les berges du fleuve du même nom. Le pandore avait poussé sa hardiesse jusqu’à ouvrir le feu sur une pirogue bourrée de passagers, au motif que le piroguier a refusé d’obtempérer à son ordre de halte. S’il n’a pas fait de mort ni de blessé, il a causé des dégâts matériels important et une peur bleue, toute chose qui lui a coûté un arrêt de rigueur par sa hiérarchie.
Le Marechal Des Logis(MDL) Moussa Ag Al Kassoum a certes accepté de quitter sa tenue de rebelle armé pour revêtir l’uniforme loyaliste de gendarme malien. Mais au regard de sa conduite, on est tenté de se demander s’il a vraiment fait la paix intérieure ou s’il est en phase avec sa conscience. Ou faut-il en déduire qu’il est mentalement inapte ? Jugez-en vous-même. Ce samedi, il faisait office de chef de poste fixe à Ambideli, une localité malienne, frontalière du Sénégal. La ville jouxte le fleuve Sénégal qui sert de frontière naturelle entre les deux pays.
De ce fait, le transport fluvial est tout aussi développé que le transport routier. En début d’après-midi ce samedi, Harouna Kanté, un pinacier de la localité avait fait le plein de son embarcation, passagers et marchandises y compris et quittait Ambideli pour Gakoura, un village situé plus loin. Selon des sources sécuritaires, il y avait 35 passagers à bord. A la hauteur du poste de gendarmerie, alors qu’il était au milieu du fleuve, il est sifflé par le gendarme, mais il refusa d’obtempérer, prétextant que sa position ne lui permettait pas de le faire. Moussa Ag Al Kassoum a insisté, mais Harouna a fait la sourde oreille. Pour le faire plier, le gendarme a dégainé son pistolet de service et a tiré sur la proue de la pirogue. En vérité, il n’a pas tiré en direction des passagers. Ses balles sont tombées dans l’eau devant la pirogue.
Mais son geste était suffisant pour épouvanter les passagers. Ceux-ci ont cru qu’il les a visés, mais qu’il les a ratés. Il n’en fallait pas plus pour que certains choisissent de plonger dans l’eau, abandonnant la pirogue qui s’est renversée du coup. Mieux vaut mourir noyer que de se laisser flinguer comme un lapin se sont-ils dit. Les nombreux villageois qui ont assisté à la scène se sont rués les uns sur le tireur à la gâchette trop facile, les autres pour repêcher les naufragés. On ne déplore heureusement aucun mort ni blessé, mais des dégâts matériels très importants. Il a fallu de longs conciliabules pour sortir l’intégré des mains des justiciers qui voulaient le lyncher.
Aussitôt sauvé du lynchage, il est mis aux arrêts de rigueur sur ordre de sa hiérarchie et acheminé à Kayes pour y purger sa punition. Il y a très de peu de chance qu’il soit traduit en justice. Au pire, il pourrait être muté ailleurs, pas plus. Qui dit que les hommes sont égaux devant la loi ?
Dénis T Théra
Source: Autre presse