Aminata Dramane a étudié en France à l’université de Caen. Elle est titulaire d’un doctorat en psychologie sociale et d’un diplôme de psychopathologie sociale. Chercheuse en sciences sociales, elle a enseigné à l’Institut d’ethnosociologie de l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et travaillé pour plusieurs organisations régionales et internationales.
Entre 1997 et 2000, Aminata Dramane Traoré fut nommée ministre de la Culture et Tourisme sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré. Elle va démissionner pour ne plus être tenue de son devoir de réserve en tant que membre d’un gouvernement.
Aminata Dramane Traoré est aussi chef d’entreprise à Bamako. Elle est propriétaire d’un restaurant-galerie de luxe, le San-Toro, et d’une maison d’hôtes pour touristes étrangers ou maliens, le Djenné, qu’elle a fait construire avec des matériaux locaux.
Militante altermondialiste, elle s’est engagée dans le combat contre le libéralisme sauvage, qu’elle considère comme responsable du maintien de la pauvreté au Mali et en Afrique en général. Aminata Dramane Traoré souhaite que les États africains cessent de suivre les injonctions des pays occidentaux qui se traduisent par « les plans et programmes des banquiers internationaux et des grandes puissances du Nord » et qui conduisent à la paupérisation des populations et engendrent les phénomènes de violence et l’émigration vers l’Europe d’une grande partie de la jeunesse désabusée. Elle demande aux gouvernants africains de réagir face au néocolonialisme.
Aminata Dramane Traoré a pris position en faveur de l’ancien président zimbabwéen Robert Mugabe dans la gestion de son pays au moment où il était encore au pouvoir, considérant que ce qu’on reproche au dictateur (la faillite de l’économie, le non-respect des droits de l’Homme, l’appauvrissement de la population) serait dû en grande partie à la politique menée par l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, et au non-respect de ses engagements. Elle renvoie les « donneurs de leçons », c’est-à-dire les pays « occidentaux », à leurs propres manquements (guerre contre l’Irak, crise économique, politique migratoire…).
Pendant longtemps Aminata Dramane Traoré coordonne les activités du Forum pour un autre Mali et était responsable de l’organisation du troisième volet à Bamako du Forum social mondial polycentrique de 2006. Elle participe régulièrement à toutes les rencontres des altermondialistes à travers le monde depuis deux décennies.
En mai 2018, elle a participé à la conférence internationale de « Bandung du Nord », organisée par le Decolonial International Network afin de « questionner la mémoire coloniale ». Toutefois, note le site Conspiracy Watch, y interviennent aussi certaines personnalités « remarquées pour leur complotisme ou leur antisémitisme », ainsi que les militants antiracistes Angela Davis et Fred Hampton ou encore le journaliste Muntadhar al-Zaidi, connu pour son engagement contre la guerre en Irak.
Aminata Dramane Traoré est une célèbre écrivaine qui a publié en 1999, l’Étau, un essai dénonçant la politique des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international, Banque mondiale) qui imposent la mise en place de plans d’ajustement structurel qui ne font qu’appauvrir les populations africaines. En 2002, dans le Viol de l’imaginaire, elle dénonce les mécanismes privant l’Afrique de ses ressources financières, naturelles et humaines. En 2005, elle publie une Lettre au président des Français à propos de la Côte-d’Ivoire et de l’Afrique en général où elle analyse les crises africaines dans le « pré carré français » à la lumière de la mondialisation libérale. En 2008, elle publie l’Afrique humiliée où elle critique vivement le discours jugé raciste et néocolonialiste de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007. Elle participe, avec Jean-Louis Martinelli, à l’écriture de la pièce « Une nuit à la présidence », qui sera mise en scène par Jean-Louis Martinelli au Théâtre Nanterre-Amandiers, en 2014.
En plus d’être une excellente écrivaine, elle apparaît, jouant son propre rôle en qualité de témoin, dans le film « Bamako » d’Abderrahmane Sissako.
De par son courage, sa détermination dans le travail bien fait, Aminata Dramane a eu distinctions et décorations dont Ciwara d’excellence en 1995, Prix du Prince Claus de la Culture (Pays-Bas) en 2004, Chevalier (1996), officier (2006) puis commandeur de l’ordre national du Mali (2008)
Aminata Dramane Traoré est une vraie référence pour l’élite africaine qui aspire à un modèle de développement du continent. C’est pour cette raison d’ailleurs que les autorités maliennes n’ont pas hésité à l’approcher pour être l’une des membres du triumvirat chargé de mener le Dialogue National Inclusif.
Haoua Ouane
Source: Infosept