«En réalité, il n’y a pas eu de vote dans plusieurs communes de Mopti, mais nous ne tirerons aucune ficelle, ni a fortiori créer un nouveau conflit postélectoral. Nous sommes tous républicains et nous avons plutôt décidé de véhiculer un message de paix et de sérénité en direction de ceux qui sont élus pour le compte de notre circonscription électorale. Nous sommes tous des Mopticiens et l’avenir de cette ville nous incombe».
Ces propos empreints d’une réelle sagesse sont d’Amadou Traoré, candidat du parti ASMA-CFP, lors des dernières législatives tenues dans la Venise malienne où le parti bénéficie désormais d’un véritable ancrage populaire. Cela est un gage de crédibilité et de fiabilité nécessaire à sa volonté palpable de conquête de la commune urbaine de Mopti, durant les élections communales de 2021.
En effet, cet éminent cadre politique de l’ASMA-CFP se dit très confiant et engagé au plus haut point, pour relever le grand défi électoral qui pointe à l’horizon. Car, il s’agit d’offrir au parti de nouvelles lettres de noblesse dans cette région meurtrie et confrontée aux violences et horreurs de la horde jihadiste depuis quelques années. Une situation de calvaire si préoccupante qu’elle a négativement influé sur le cours de ces législatives à Mopti : «La crise sécuritaire a été un facteur facilitant les cas de fraude massive», regrette Amadou Traoré.
Dans plusieurs communes du cercle de Mopti, les délégués de la CENI et de la Cour Constitutionnelle ont surtout brillé par leur absence. Pendant la période de campagne, l’administration n’a pas respecté les engagements sécuritaires qu’elle avait tenus. Chaque candidat a recruté ses propres agents de sécurité.
Pis encore, dans la commune de Dialloubé, aucun sous-préfet n’était présent le jour du vote. C’est ce qui explique en partie la multiplication des bourrages d’urnes observée chez plusieurs présidents de bureaux de vote à Mopti. Parmi ces communes incriminées, nous pouvons citer Dialloubé, Kourbèdouguè, Korienzé, une grande partie de la commune de Konna, Bassirou, Soukoura, près de Sévaré.
Finalement, nous avons tiré la malheureuse leçon, souligne Amadou Traoré, que pour ces élections, on a plutôt assisté à des cas de nomination, qu’à un vote réel et légitime des citoyens. Mais ce qui est assez intéressant, c’est la prise de conscience qui s’opère, petit à petit, au sein de ces braves populations, qui aspirent visiblement à de réels changements de mentalités : «Dans mon propre quartier à Medina-coura, mon score a été largement supérieur à celui de nos concurrents, parce que les électeurs ont manifestement refusé les sous proposés par nos concurrents et ils ont ensuite voté normalement en masse pour notre liste.»
Au plan général, Amadou Traoré se réjouit des performances réalisées par son parti lors des dernières législatives, car en plus des quatre députés obtenus, le parti est arrivé deuxième au second tour, dans plusieurs circonscriptions électorales (et non des moindres) dans notre pays. Cela constitue, à n’en pas douter, un excellent présage pour de futures échéances électorales qui s’annoncent à l’horizon et dont la plus importante reste l’élection présidentielle de 2023. Le président-fondateur du parti, Soumeylou Boubèye Maïga, reste naturellement à ses yeux le meilleur candidat sur la scène politique pour 2023.
B.C
Source : Le Challenger