Amadou Haya Sanogo, le meneur du coup d’État du 22 mars 2012, récemment promu général, n’est plus le chef du comité chargé de réformer l’armée malienne.
Amadou Haya Sanogo a été promu général mais n’est plus responsable de la réforme de l’armée malienne. Réuni mercredi à Bamako sous la présidence du chef de l’État par intérim Dioncounda Traoré, le conseil des ministres “a été informé de l’abrogation du décret portant nomination du général de corps d’armée Amadou Haya Sanogo en qualité de président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité” du Mali, indique le compte-rendu de cette réunion. Il s’agissait d’une “communication” de la présidence, d’après la même source, qui ne fournit pas d’autres détails.
Amadou Haya Sanogo avait été nommé président de ce comité de réforme de l’armée par un décret de Dioncounda Traoré daté du 8 août 2012 et il a été officiellement installé dans ses fonctions en février 2013. Le 14 août dernier, le conseil des ministres a annoncé l’avoir promu directement du grade de capitaine à celui de “général de corps d’armée”. Une nomination décidée “à titre exceptionnel à compter du 1er août”, selon le gouvernement de transition.
Cette promotion a été critiquée au Mali et à l’étranger – l’organisation Human Rights Watch (HRW) l’a qualifiée de “honteuse” -, où l’on a souligné que Sanogo n’a jamais combattu dans le nord du Mali contre l’occupation islamiste.
Amadou Haya Sanogo était inconnu du grand public jusqu’au coup d’État qui a renversé le président élu Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012, au lendemain d’une mutinerie de soldats. Sanogo, alors capitaine, et ses hommes avaient justifié le putsch par l’incapacité d’un État corrompu à lutter contre la montée des périls en tous genres dans les régions du nord du Mali : groupes jihadistes, narcotrafic, ou encore rébellion touarègue.
L’auteur du putsch contre ATT
Le coup d’État a pourtant précipité la prise de ces vastes zones du Mali par les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, qui les ont occupées pendant neuf mois. Ils y ont commis d’innombrables exactions, avant d’en être chassés par une intervention militaire internationale initiée par la France à partir de janvier 2013.
Après le coup d’État, Sanogo avait rendu le pouvoir à des civils sous la pression internationale. Mais à Bamako, ses hommes ont, selon plusieurs défenseurs des droits humains, arrêté, brutalisé, torturé de nombreuses personnalités politiques, journalistes opposés aux putschistes ou fait disparaître des militaires jugés proches du président renversé.
En plus d’Amadou Haya Sanogo, le conseil des ministres du 14 août avait également promu “au grade de général de brigade à titre exceptionnel à compter du 1er août 2013” le colonel-major Didier Dacko, commandant des opérations militaires dans le nord du Mali, et le colonel Moussa Sinko Coulibaly, un proche de Sanogo et actuellement ministre de l’Administration du territoire (Intérieur) dans le gouvernement de transition.
La promotion des trois militaires au grade de général est intervenue trois jours après le second tour de l’élection présidentielle remportée par l’ex-Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta, qui doit être investi en deux temps. Une prestation de serment est prévue le 4 septembre pour respecter le délai constitutionnel, et une cérémonie officielle doit avoir lieu le 19 septembre en présence de nombreux chefs d’État pour saluer son élection.
(Avec AFP)
Source: Jeune Afrique