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Alliances contre nature aux législatives : Une méthode qui permet à l’ADEMA et à ses rejetons de garder en otage la démocratie

La formation des listes des candidats aux élections législatives du 29 mars donne des nausées aux femmes et hommes qui se sont dignement battus pour l’avènement de la démocratie au Mali. A  cette occasion, des partis politiques de la majorité, de l’opposition et d’idéologie différente se mettent ensemble pour former des listes communes. Cette méthode a permis à l’ADEMA  et à des partis sortis de ses entrailles de garder la majorité depuis 1997, de se maintenir au pouvoir en prenant en otage la démocratie malienne.

 

A chaque élection dans notre pays, l’occasion rêvée est donnée au peuple malien de porter au pouvoir des femmes et des hommes qui incarnent le changement pour conduire les destinées de notre pays. Mais à la proclamation des résultats, c’est la déception et les têtes honnies retournent requinquées en bloc à Koulouba, à l’Assemblée nationale et dans les mairies au détriment des patriotes. Et les législatives qui pointent à l’horizon ne vont pas encore changer la donne. Eu égard aux alliances contre nature qui se nouent aux dépens des intérêts du peuple malien. Ils  souillent, par la même occasion, la mémoire des martyrs des événements de 1991.

Ainsi, le parti ADEMA et ses enfants fâchés  partent à la recherche de la majorité aux législatives du 29 mars pour assassiner davantage notre démocratie avec leur système bien rodé de formation de listes communes. Ils se donnent à cœur joie à cette pratique pour maintenir leur domination sur l’échiquier politique.

Initiée, après le fiasco électoral du 11 avril 1997, la constitution des alliances contre nature  a été une méthode pour l’ADEMA à régner en maître absolu sur l’arène politique. Elle a consisté pour l’ADEMA en 1997 à constituer des listes sur lesquelles figuraient ses candidats et ceux des partis qui ont accepté le jeu du président Alpha Oumar Konaré et son Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en se désolidarisant des autres qui réclamaient d’abord une garantie de transparence dans l’organisation des élections. Plus tard, ces formations politiques ont formé à l’Assemblée nationale  une opposition dite parlementaire. Le ministre Tiébilé Dramé doit son titre de député en 1997 à cette alliance contre nature. Il était sur la même liste que le candidat de l’ADEMA à Nioro du Sahel, sa ville natale. La formation politique qu’il dirige depuis 1995, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) était la deuxième force politique après l’ADEMA.

Encore, les législatives de 2020 leur offrent  l’occasion de prendre en otage la démocratie malienne arrachée en 1991 des mains d’un des dictateurs du continent africain, le Général Moussa Traoré arrivé au pouvoir par effraction un certain 19 novembre 1968. Malgré leurs divergences par rapport à la gestion du pays, les partis politiques de la majorité et de l’opposition se retrouvent sur les mêmes listes de candidats. Ainsi, à Koulikoro, le président sortant de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, porte- étendard du RPM (majorité présidentielle) et le maire de Koulikoro Elie Diarra de l’Union pour la République et la démocratie (URD) sont sur la même liste. A Kolondiéba, c’est l’ancien directeur général de l’ORTM, Sidiki N’Fa Konaté, cadre du RPM et Daouda Moussa Konaté de l’URD forment une liste commune pour affronter Dr Oumar Mariko et Bafrémé Sangaré du Parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI). La liste est loin d’être exhaustive.

Face à ces manœuvres dilatoires, il est temps et grand temps que les Maliens tournent la page des femmes et des hommes qui ont usurpé le fruit de la lutte aux élections générales de 1992 et qui n’ont qu’un seul projet de société pour le peuple malien à savoir le vol crapuleux des richesses nationales. La mascarade de 1992 a permis à des gens sans passé militant dans le combat de la quête des libertés fondamentales contre la soldatesque qui a fait irruption dans l’histoire politique de notre pays le 19 novembre 1968 de confisquer la volonté des Maliens : le kokadjè (assainissement de la vie publique). Leur arrivée au pouvoir le 8 juin 1992 a consacré le déclin de notre démocratie chèrement acquise au prix du sang du peuple malien. Ils se sont livrés au pillage systématique des biens de l’Etat et à la confiscation du patrimoine foncier. En 1998, en six ans de règne seulement, ils ont constitué le premier groupe de fonctionnaires milliardaires (16).

Cela continue de plus belle. L’ADEMA, malgré sa défaite aux élections présidentielles de 2002 et de 2013, refuse d’animer l’opposition. Les femmes et hommes de ce parti ont juré de ne pas abandonner les délices du pouvoir. Leur soutien aux présidents à Koulouba est toujours émaillé de scandales politico-financiers dans lesquels sont impliqués leurs cadres. Ils parviennent toujours à se faufiler aux travers des mailles de la justice par ce calcul politicien.

Ainsi, ils parviennent par la fortune bâtie sur la corruption, le bradage du patrimoine national, le vol crapuleux, l’accaparement des terres des paysans, a étouffé toutes contestations du peuple qui ne réclame que le minimum pour sa survie. Les Maliens doivent comprendre que ces gens-là ne sont pas là pour leur bonheur.

Ces alliances contre nature sont la preuve que les avantages de l’Assemblée nationale les intéressent plus que le sort des millions de Maliens qui croupissent sous le poids de la misère crasse. La balle est dans le camp du peuple malien pour enfin sanctionner cette souillure politique qui s’est accaparée de tous les leviers économico-administratifs de notre pays. Pire, ils ont fait appel à des forces armées étrangères (MINUSMA, Barkhane) pour se partager leur marché. A cet effet, toutes les prestations de services de ces forces sont gérées par des sociétés et entreprises qu’ils ont créées à cette occasion.

Alors, les législatives de mars offrent une chance inouïe aux Maliens de mettre hors d’état de nuire cette bande de prébendiers dont l’objectif est de se maintenir au pouvoir et de passer  un jour le trône à leur progéniture. Ce jour n’est certainement  plus loin. Et pour mettre fin à cette dévolution monarchique, les électeurs doivent faire le bon choix pour élire des femmes et des hommes pour changer le cours de l’histoire. D’autant plus qu’il y a des hommes de valeur et de grande qualité dans la course.

Yoro SOW

Inter De Bamako

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