Ce thème est ainsi libellé :
«l’Alliance des États du Sahel : un espace souverain, de sécurité et de prospérité». Dans l’immense salle Mahatma Ghandi (tout un symbole) de Niamey, au son des tambours et des houras, il y avait foule et des qualités notoires bien aux couleurs locales des trois pays, sans intrus ni observateurs extérieurs -mis à part trois infiltrés qui seraient démasqués et arrêtés- pour applaudir en osmose et fusion aux trois discours percutants -sans être baroques- des trois dignes fils de l’Afrique nouvelle. Comme les nomment les panafricanistes sincères, contrairement à ceux-là qui ne s’emploient à voir en eux que des “putschistes”. Sans revenir sur l’essentiel des discours livrés à l’assistance et aux ressortissants des trois pays du Liptako-Gourma, attardons nous sur les quelques documents stratégiques mis à leur disposition et qui reflètent parfaitement le degré d’engagement des trois illustres dirigeants qui font la fierté de leurs populations actuellement, et en même temps, qui donnent la mesure du temps qu’il faudra pour réussir le pari du sursaut populaire et patriotique, seul gage d’un développement endogène maîtrisé. À cause du caractère souverainiste qui l’accompagne, comme en témoigne amplement la ferme résolution des trois Chefs d’État de ne pas revenir en arrière, une fois le défi fédéral lancé par eux, et qui est relevé par tous leurs concitoyens comprenant aisément dans quelle époque nous nous situons actuellement.
Sans transition, par un large “tour d’horizon du contexte géopolitique de la sous-région”, c’est là, la première approche qui leur a permis d’examiner à tête froide, une situation sécuritaire qui était encore bien compliquée il y a deux ans de cela. Et qu’aujourd’hui, ils parviennent à maîtriser malgré quelques secousses et ressac par-ci par-là. C’est ce justificatif qui est opposable à tout cas de mauvaise conscience perturbatrice étalée par ceux qui ont l’arrière-boutique pleine de crimes parfaits et mal cachés. De l’intérieur comme à l’étranger, comme l’a si bien affirmé le Président du Faso, Capitaine Ibrahim Traoré.
Mais aussi, ce premier sommet entre dans le cadre de l’opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel, mise en place le 16 septembre 2023 (bientôt un an) par la signature conjointe et simultanée de la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance.
Voix de Cassandre
C’est donc parti pour une grande et périlleuse aventure comme toute nouvelle aventure, n’en déplaît aux voix de Cassandre qui n’ont plus bonne presse dans aucune des Paroisses pour être écoutées et entendues par tous, sur les questions majeures de l’heure, ainsi que les questions de développement. Sur le continent comme en dehors. L’adjacent sommet de la Cedeao le lendemain dimanche à Abuja, est venu donner une dimension géopolitique à cette Alliance transformée en Confédération de la sous-région ouest-africaine la veille. Par son réquisitoire sans complaisance, le Président de la Commission de la Cedeao n’aura réussi qu’à galvaniser davantage les populations du Sahel, mobilisées derrière leurs dirigeants légitimés qui leur font voir une rupture bien possible avec l’ordre néocolonial de l’ancien maître et tuteur de ses serviteurs au sein de la Cedeao. D’où il n’y a aucune justification à faire à la Cedeao ni aucun motif â lui concéder pour qu’elle plaide sa cause vaine et inutile de faire revenir sur leurs décisions du 28 janvier 2024 les trois États. C’est pourquoi les trois Chefs d’État ont “rappelé la lourde responsabilité de la Cedeao dans l’effritement des valeurs de fraternité, de solidarité et de coopération entre les États et les peuples concernés”. Un diagnostic confirmé le lendemain par les autorités officielles de l’instance régionale qui n’ont pas hésité, là encore, à brandir des menaces de rupture défavorable en cas de non-retour des dits États membres sous sanctions sévères soumises sans égard ni management pour leurs populations stigmatisées déjà par les arnaques sur les corridors des pays-frontières censées être des aires de paix, de prospérité, d’harmonie, de fraternisation et de croissance partagée. Que nenni !
Impact néfaste des sanctions “illégales, illégitimes et inhumaines”
Sans passer donc en revue la panoplie de sanctions infligées injustement et illégalement aux populations des pays des trois frontières du Liptako-Gourma, les Chefs d’État ont toutefois insisté à rappeler “l’impact néfaste” de ces sanctions “illégales, illégitimes et inhumaines” et les “menaces d’agression contre un État souverain” qui les ont accompagnées. Les Chefs d’État ont, par ricochet, salué ainsi la juste et impassible “résilience des populations des trois pays de l’AES” qui a été très “déterminante” dans la levée des sanctions prises par l’Uemoa, notamment par la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), toujours sur instigation de la Cedeao. Le retrait de la Cedeao étant acté, les trois Chefs d’Etat se sont félicités de leur option pour un non-retour définitif, irrévocable et sans délai, de la Cedeao. Ils ont également-réaffirmé la pleine souveraineté de chacun des pays membres de l’AES dans les choix stratégiques concourant au bien-être de leurs populations et la préservation de leurs intérêts vitaux.
Passer à autre chose
Au plan “situation sécuritaire” dans l’espace de l’Alliance, les Chefs d’Etat ont dressé le bilan sommaire des opérations militaires sur le terrain en revenant sur les “attaques terroristes indiscriminées perpétrées dans les trois États par des obscurantistes instrumentalisés et téléguidés”. Le message a au moins le mérite d’être clair, dans la mesure où ils ont judicieusement procédé à une évaluation conséquente des gains enregistrés en termes de résultats d’extermination des ennemis et de reconquête de territoire sous la menace terroriste, ainsi que des pertes en vies humaines et en dégâts matériels subis du côté des populations civiles et des FDS. Conclusion, le phénomène est de plus en plus circonscrit à un tel degré qu’il est temps de passer à autre chose comme la rencontre des forces vives de la nation au Burkina et la décrispation de la situation politique au Mali, à l’issue de leurs conclaves du Dialogue National et Inter-Maliens. Notamment consolider les projets vitaux et structurants aux plans économique, social et humanitaire entre les trois États, comme stipulé dans le cahiers des Actions concrètes à faire et à prendre décisions majeures spécifiques et immédiates par les États alliés et leurs forces vives, acteurs et actrices de la société civile africaine pro fédéraliste et panafricaine convaincue de l’idéal de Confédération à concrétiser.
Une lueur d’espoir qui ne va jamais se faner
On peut en déduire, qu’effectivement, la Confédération des États du Sahel (CAES) est en mesure et en capacité, avec une volonté farouche affirmée des Chefs d’État, d’assurer le succès à court, moyen et long terme dans chaque État membre ainsi qu’aux populations et forces vives déjà en consensus fort, selon un baromètre de l’opinion publique. Il leur reste à présent d’entreprendre ces actions spécifiques et concrètes pour une lisibilité, une clarté, une lueur d’espoir qui ne va jamais se faner et une bonne visibilité audiovisuelle sur les médias sociaux des avancées et des évolutions avec des indicateurs de performances dans le suivi-évaluation des cadres définis. Cela ne sera rendu possible que par une répartition juste et sans népotisme ni favoritisme ou clientélisme des rôles, missions et tâches à accomplir pour chaque acteur sélectionné sur des bases objectives. Cela aussi fait partie de la préoccupation des chefs de l’État qui ont demandé le “Renforcement de l’Administration publique” à travers l’élaboration de stratégies conjointes visant à instaurer une sélection rigoureuse des Cadres Clés de la Confédération. Pour eux, “le principal défi crucial dont les États AES font face demeure celui des ressources humaines adéquates et convenables, telles que les ministres et autres cadres clés de l’administration. Nos États, ont-ils diagnostiqué, “ont hérité des anciens régimes, valets de l’impérialisme français, dont les dirigeants et cadres, formés dans un système éducatif biaisé, négligent les préoccupations des peuples qu’ils sont censés servir, se priorisant eux-mêmes et échouant les politiques des dirigeants. Parfois, ce sont les dirigeants eux-mêmes qui émergent de ces cadres pour servir leurs propres intérêts et ceux de leurs partis politiques, trompant les populations et jouant le rôle de valets de l’impérialisme”. Une analyse à tête froide qui justifie bien des coups d’État comme le leurs qui font de l’armée, déjà une institution constitutionnelle, le recours suprême et le 5ème pouvoir derrière le peuple et soutenu par lui, quand tous les autres pouvoirs, dont nous les médias, ont lâché prise avec les intérêts vitaux de la population sarclée, brimée, opprimée et parfois, sinon très souvent, réprimée par des FDS armées mais aveugles, donc “criminelles” pour paraphraser le Capitaine Thomas Sankara, ancien Président du Faso.
Instaurer une sélection rigoureuse des Cadres clés
Mais ce temps a désormais vécu et l’on s’est tourné résolument vers “l’avènement de nouveaux leaders désireux d’affranchir leurs États de cet asservissement et de réaliser un développement réel”. Pour nos trois Chefs d’État, “il est évident que l’ancien mode de recrutement n’est pas complètement abandonné. Les cadres ne sont pas toujours soigneusement et méticuleusement choisis, sauf dans quelques rares cas. Il est donc crucial d’inclure des stratégies efficaces pour changer le mode de recrutement des cadres clés et trouver des personnes extrêmement compétentes et profondément convaincues des idéaux actuels, évitant de tomber dans le piège ou la complicité des comploteurs“. Dans ce but, et pour répondre à ces différentes préoccupations ci-dessus soulignées, il a été élaboré un cahier de “stratégies efficaces pour identifier et intégrer des individus hautement compétents, engagés et alignés avec les idéaux des nouveaux dirigeants“. C’est le document intitulé “Stratégies pour une Sélection Rigoureuse des Cadres Clés”.
Par delà ces aspects importants pour l’avenir de ladite nouvelle Confédération en espace Cedeao après l’expérience malheureuse de la Gambie et du Sénégal, au temps où la Cedeao existait déjà sans être blâmés -pour dire que le médiateur sénégalais Bassirou Diomaye Faye et la Cedeao elle-même ont tort vis-à-vis de l’AES sans pouvoir s’amender ou demander excuse – les Chefs d’État ont également exprimé leur compassion aux victimes des actes terroristes ainsi qu’à leurs familles au cours de ce premier sommet. Ils se sont aussi engagés à leur apporter tout le soutien nécessaire, et ont tenu à dire merci aux forces combattantes et à exprimer leurs vives félicitations et leurs encouragements à l’ensemble des Forces de Défense et de Sécurité des trois États pour “leur
professionnalisme, leur courage exemplaire, leur combativité légendaire et leur sens élevé du patriotisme“. En réaffirmant leur détermination à combattre et à éradiquer ensemble le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée dans l’espace de l’Alliance, les Chefs de l’État ont rendu un vibrant hommage à toutes les victimes civiles et militaires du terrorisme et de l’insécurité au sahel.
Pour terminer ce sommet par “La Déclaration de Niamey” posant un acte fédérateur avant l’heure, et le communiqué final qui a sanctionné leurs travaux, ils ont insisté sur leur satisfaction quant aux succès enregistrés grâce à la mutualisation des moyens des trois États dans la lutte contre le terrorisme. À cet effet, “ils se sont félicités de toutes les victoires dans l’espace de l’Alliance, notamment celle de la libération de la ville de Kidal, symbole de la souveraineté et de l’unité retrouvées pour la République du Mali, étape charnière dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”, a-t-on lu dans le communiqué final.
Khaly-Moustapha LEYE
Source: L’Aube