Contestés avant même d‘être proclamés. Face à la presse, quinze des 24 candidats à la dernière présidentielle ont dénoncé, dans une déclaration commune, des irrégularités et de graves anomalies parmi lesquelles : «le Bourrage d’urnes », «l’achat de votes », «l’utilisation abusive des moyens de l’État » au service du candidat IBK… Les accusations sont graves tout comme les commentaires du « Groupe des 15 » candidats de la présidentielle qui ont donc annoncé, au cours d’une conférence de presse animée ce percredi, le rejet d’avance des résultats du scrutin de dimanche.
Une accusation dont se défend le camp de la majorité qui accuse le « Groupe des 15 » de mauvais perdants tout en appelant ses leaders à plus de responsabilité.
“Constatant les graves et multiples anomalies qui ont émaillé le processus électoral avant et pendant le scrutin du 29 juillet 2018 ; constatant par ailleurs que l’élection n’a pu se tenir dans de nombreuses localités encore imprécises en termes d’électeurs et de communes concernées ; considérant la gravité des faits ainsi constatés, nous n’accepterons pas des résultats affectés par les irrégularités énoncées ci-dessus”, ont-ils dénoncé dans le document lu par le candidat Modibo Koné.
Parmi les contestataires, figurent également le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé et l’homme d’affaires Aliou Diallo, deux des principaux adversaires du président sortant Ibrahim Boubacar Kéita. Tous exigent des garanties et surtout des éclairages sur le processus qu’ils disent pourtant ne pas remettre totalement en cause.
Les signataires de la déclaration commune, qui demandent “un minimum de crédibilité”, exigent également “la publication du nombre de votes par procuration dans chaque bureau de vote”, appellent la Cour constitutionnelle à “nier publiquement les accusations graves contre elle et l’ouverture d’une enquête judiciaire”.
« Nous récusons la Cour », a même martelé Mohammed Aly Bathily, promettant par ailleurs de porter par écrit ses contestations à la Cour constitutionnelle avant la proclamation des résultats.
« Cette Cour a manqué d’impartialité et de neutralité et s’est inscrite d’une manière suspecte dans le processus électoral », a-t-il accusé. L’ancien ministre de la Justice en veut pour preuve le fait que « la généralisation des procurations s’adosse à l’avis que le gouvernement a demandé à la Cour constitutionnelle. Et c’est la Cour qui a dit qu’il était possible d’en délivrer sur la base d’une commune. »
Ce dernier point a cependant fait apparaître des divergences. Tous les candidats présents ne partagent pas le même avis : « Seule la déclaration commune engage l’ensemble du groupe, pour le reste, ce sont des commentaires qui n’engagent que celui qui l’a prononcé », a tenu à préciser un membre de l’équipe de campagne de Soumaila Cissé, avant d’assurer : « Nous n’allons pas non plus récuser la Cour constitutionnelle ».
Cette conférence de presse servait surtout « à franchir une étape et afficher devant la presse l’unité des candidats opposés à IBK et de renforcer les liens entre ceux qui pourraient former un front commun contre IBK en cas de second tour », affirme pour sa part une source au sein de l’équipe de campagne de l’Adp-Maliba. Une rencontre était prévue, ce jeudi après-midi à l’hôtel Sheraton de Bamako, en vue de l’élaboration d’une « stratégie commune » dans la perspective d’un éventuel front contre IBK au second tour.
Face à ces graves accusations de corruption contre des institutions de la République, ainsi que de cas de fraudes et de non respect de la loi électorale par le candidat Ibrahim Boubacar Keïta, l’alliance Ensemble pour le Mali (EPM), qui soutient la candidature du Président IBK à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018, ne se fait pas prier pour apporter la contradiction au Groupe des 15.
Dans un communiqué, signé par Dr. Bokary TRETA, Directeur de campagne Ensemble pour le Mali, l’alliance dénonce ces procédés graves des quinze candidats de la présidentielle, manœuvres qui visent, selon le camp de la majorité, à discréditer un processus électoral transparent et salué comme tel par l’ensemble des acteurs internationaux et nationaux indépendants.
L’alliance EPM s’insurge contre les propos tenus par certains candidats et leurs représentants qui visent à discréditer un scrutin dont les résultats semblent ne pas leur être favorables.
Face aux allégations dénuées de tout fondement légal, elle rappelle aux défaitistes que le candidat Ibrahim Boubacar Keïta et son équipe de campagne ont scrupuleusement respecté la loi électorale et qu’en aucun cas les biens de l’Etat n’ont été mis à contribution dans le cadre de cette campagne.
Concernant les cas « corruption et l’achat du vote des électeurs », que les challengers du président sortant dénoncent en chœur, le camp du Président IBK s’en défend en réfutant toutes les allégations du camp des perdant dont l’objectif visé n’est ni plus ni moins que de « discréditer un processus électoral transparent », tout en se présentant comme des victimes alors qu’en réalité, ils ont été défaits au propre comme au figuré.
Voilà pourquoi l’alliance EPM exige de ces candidats qu’ils fassent preuve de responsabilité et se soumettent aux rigueurs de la loi en acceptant les résultats qui seront proclamés par les autorités, tout en présentant les recours qu’ils souhaitent devant les juridictions compétentes.
Comme une réponse du berger à la bergère, le camp du Président IBK dit également détenir des preuves irréfutables, à travers des images « sur lesquelles on peut voir des partisans de l’URD [le parti de Soumaïla Cissé, ndlr] corrompre des électeurs ! » et promettent de « saisir la Cour constitutionnelle après la proclamation des résultats provisoire ».
Par Mohamed D. DIAWARA
Info-matin