Dans le cadre de la 5ème édition des journées culturelles Dogon (JCD) Mopti-Sevaré, nous avons rencontré Allaye dit Moulaye Guindo, maire de la commune rurale de Bankass pour savoir son appréciation sur la tenue de ces journées malgré l’insécurité dans la région et son bilan à la mairie de Bankass.
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Le pays : Veillez-vous présenter
Allaye dit Moulaye Guindo : Je suis Allaye Guindo communément appelé Moulaye, maire de la commune rurale de Bankass.
Aujourd’hui, la région de Mopti traverse une période très difficile de son histoire à cause de l’insécurité qui y règne. Malgré cela, le GINNA Dogon a organisé ses journées culturelles. Quelle appréciation faites-vous ?
Par rapport à l’organisation de cette 5ème édition des journées culturelles Dogon ici à Mopti, Ginna Dogon a parfaitement raison. Malgré l’insécurité, on doit résister. On ne doit en aucun cas céder à la panique. Depuis le début de ces journées, tout le monde est content de l’ambiance qui y est. Il n’y a pas eu d’incidence comme le craignaient beaucoup de gens. On ne doit pas lâcher ce regroupement car il entre dans le cadre de la paix et des échanges entre les différentes antennes de Ginna Dogon. L’association a bien eu raison d’organiser ces journées et le pari est gagné à mon avis.
Quel est le sentiment qui vous anime en participant à ces journées ?
Un sentiment de fierté car au-delà de mon statut de maire, je suis aussi membre du bureau local de Ginna Dogon. La présence d’autres ethnies comme, Bozo, Peulh, Bambara , Bobo , Somono , Sonrhai …montre la cohésion entre les différentes communautés.
Ne pensez-vous pas qu’il faut des rénovations ?
Nous pensons qu’il faut des rénovations car à chaque événement, nous nous rendons compte des failles qu’il faut corriger. Il faut aussi que les gens sachent que ces activités ne sont pas folkloriques. En de circonstances pareilles, il y a beaucoup plus de débats sur les questions dominantes de la région en général et du pays Dogon en particulier. En dehors de la culture, les consultations faites par l’équipe du professeur Dolo prouvent qu’il y a l’aspect santé aussi. Nous osons croire aussi que d’ici la prochaine édition, on peut intégrer d’autres sujets importants. L’une de nos contributions serait d’échanger sur les maux qui minent notre région et proposer nos solutions.
Par ailleurs, comment est la situation sécuritaire dans votre cercle actuellement ?
Parlant de la situation sécuritaire dans le cercle de Bankass, je peux vous dire qu’elle n’est pas trop inquiétante. Il y a trois mois de cela, il y avait beaucoup d’insécurité. Maintenant, avec la patrouille qui a quitté Mopti et qui fait le tour de la frontière entre Bankass et Mopti, nous pouvons dire que la population se sente de mieux en mieux protégée car l’accalmie est là.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre bilan à la mairie de Bankass ?
Par rapport à mon bilan, je voudrais d’abord vous préciser que j’ai été le seul maire de Bankass à être élu à sa propre succession. Après l’analyse des résultats du premier mandat qu’elle a jugée favorable, la population m’a accordé un 2ème mandat. Nous avons fait beaucoup d’investissements et réalisations dans plusieurs domaines. D’abord dans le domaine de l’éducation, nous avions construit plus d’une vingtaine de salles de classe. Au niveau de l’hydraulique, quand nous arrivions, il n’y avait que de vieilles adductions d’eau faites depuis le temps de Moussa Traoré. A notre installation, nous nous sommes battus pour avoir 7 adductions d’eau dans la commune de Bankass. Le montant de chacune de ces adductions varie entre 80 et 140 millions de nos francs. A cela s’ajoute l’extension de celle de Bankass à plus de 200 millions. Notre équipe a creusé plus de 40 puits et 30 pompes dans la commune.
Dans beaucoup de localités surtout dans les zones rurales, les maires sont confrontés à pas mal de problèmes fonciers avec les populations. Qu’en est-il à Bankass ?
Notre commune ne fait pas exception à cette règle car le problème foncier est l’épine dorsale du pays Dogon en général. Ce qui nous facilite la tâche est qu’on a mis en place une commission communale foncière qui travaille beaucoup avec les villages. Cette commission foncière, composée du préfet, des élus, de la jeunesse, de la CAFO et de tous les chefs de villages de la commune, est financée chaque année par un programme Belge. A chaque fois qu’il y a une difficulté liée au foncier, c’est la commission qui intervient pour apaiser la tension. Donc, nous pouvons dire que nous avons moins de problèmes à ce niveau.
On nous apprend que plus de 500 écoles sont fermées à cause de l’insécurité au centre du Mali. Certaines sont –elles fermées à Bankass ?
Ce que je peux dire à ce niveau est qu’il n’y a pas d’écoles fermées pour question de djihadistes dans le cercle de Bankass. Même à la frontière du Burkina où les gens ont beaucoup peur, les cours continuent.
Quel appel avez-vous à lancer aux populations de votre commune ?
Je leur demande de l’accompagnement. Pour le développement d’une localité, il faut que tous les acteurs jouent leur partition. Les populations doivent accompagner les autorités locales pour la réussite des missions qui leur sont confiées. Quant aux élus, ils doivent aussi savoir qu’une fois élus, ils ne sont pas là pour un parti politique mais pour toute la population. Moi et mon équipe promettons à la population Bankassoise que nous serons toujours disponibles et ferons de notre mieux pour elle.
Réalisée par Boureima Guindo
Source: Le Pays-Mali