Ils seront désormais trois hommes et deux femmes à avoir un même destin celui de remporter les élections législatives dans la circonscription électorale de Kayes, afin d’aller parler à l’hémicycle au nom de plus de 60 mille Kayésiens. Cette liste, qui est le fruit d’âpres tractations entre partis politiques, est composée de deux opérateurs économiques, deux enseignants et une femme issue des maliens de la diaspora. Ces candidats, au-delà de leur diversité politique, ont été également choisis en fonction des grands groupes communautaires du cercle de Kayes et même de la région. En effet, la communauté Khassonké est représentée par Marthe Diawara de Logo Kakoulou, la communauté Peule par Alou Boubacar Diallo, la Communauté malinké par Modibo Kane Doumbia et la forte communauté Soninké par Mahamadou Cissé dit Bagagnoa et Bano Diawara. Cette dernière en plus de son appartenance à la Communauté soninké, est également la représentante de la diaspora. Ce maillage territorial sera un facteur déterminant dans le vote des électeurs. Qui sont ces candidats à la députation ?
Aliou Boubacar Diallo
Il est le président d’honneur de l’ADP-Maliba. Candidat aux élections présidentielles de 2018, il se classa troisième contre toute attente, après IBK et Soumaila Cissé. Le richissime homme d’affaire malien a fait fortune dans le domaine des mines et du business. PDG de Wassol’or, il employa beaucoup de ses compatriotes dans cette société de droit majoritairement malien avant de céder cette mine à un prix d’or pour se lancer dans la recherche du gaz et du pétrole. Grand bâtisseur Alou Boubacar Diallo a été de tous les fronts du développement ce dernier temps. Faudrait-il faire fi des différentes œuvres sociales qu’il a réalisées dans sa ville natale, Kayes et un peu partout à travers le pays ? Beaucoup de rues ont été pavées grâce à sa générosité et donc pour être au plus près des siens il est en train de construire une résidence privée au bord du fleuve Sénégal. Il est l’un des rares présidents de partis politiques à accepter de se présenter à la députation, comme pour dire qu’on soit à Koulouba, siège du palais présidentiel ou à Bagadadji, celui de l’Assemblée Nationale, on peut bien servir son pays partout où l’on se trouve.
Mahamadou Cissé dit Bagagnoa
Candidat de l’ADEMA, il est le seul rescapé des cinq députés sortant du cercle de Kayes à avoir toutes les chances de revenir à l’hémicycle pour la quatrième fois. Quatre mandats ? Il est sur le point de battre le record de longévité en tant que député. Qu’est ce qui pourrait expliquer cela, alors même qu’on le croyait fini politiquement ? C’est certainement sa grande générosité, car que l’on aime Bagagnoa ou qu’on le déteste il faut reconnaitre qu’il fait partie des hommes politiques les plus socialement bons et gros travailleurs. Sinon on l’a vu rarement interpellé pour ne pas dire jamais le gouvernement. Même quand Kayes, sa région traversait une impasse socio politico-économique difficile. L’histoire du combat pour la route et le chemin de fer en est une illustration parfaite. Malgré ces écueils il demeure indéboulonnable à Kayes car il est adossé à un parti bien implanté grâce à ses efforts et il est également large. Cet opérateur économique a non seulement le sens de l’humour, mais aussi et surtout du partage. C’est sûr qu’il dédiera ce quatrième mandat aux Kayésiens et au développement de la région de Kayes et surtout à la défense des intérêts du Mali.
Modibo Kane Doumbia
Il est le candidat du RPM sur la liste. Son parti, bien que majoritaire à l’hémicycle n’a pas voulu prendre le risque d’aller seul comme 2013, il a accepté avec un seul candidat d’être sur cette liste d’alliance. M. Doumbia est un enseignant chercheur et un promoteur d’écoles à Kayes et à Bamako. Par sa présence sur la liste toute la communauté malinké du cercle de Kayes votera en faveur de l’alliance. On dit de lui qu’il est moins bavard, mais un fin stratège, car en acceptant d’être sur la même liste que les partis que le RPM ne voulait pas entendre parler en 2013, il a fait preuve de stratégie et surtout de sagesse. Le RPM en revoyant à la baisse son ambition, est sur le point d’avoir un siège dans le cercle de Kayes contrairement à 2013. Donc avec Modibo Kane Doumbia, le RPM est déjà sûr d’avoir un député dans la première circonscription électorale qui est Kayes.
Mme Berthé Marthe Diawara
Elle est la candidate de l’URD sur la liste de l’alliance BENSO. Professeure de Lettres au Lycée Mansa Makan Diabaté de Bamako, Marthe Diawara est l’une des intrépides amazones de l’URD de Kayes qui ne savent reculer devant aucun obstacle. Militante de la sous-section URD de la Commune de Logo, sa candidature pourrait surprendre ceux qui ne l’ont pas connue, mais tous ceux qui l’ont côtoyé savent qu’elle n’est pas du genre à fléchir même face à l’adversité la plus féroce, comme en témoigne son choix parmi tant d’autres candidats de l’URD. Syndicaliste, elle est la secrétaire générale adjointe du comité SYPESCO du Lycée Mansa Makan Diabaté. Chrétienne pratiquante, elle a dirigé pendant des années la chorale Avé Maria de Badalabougou et à celle de l’Eglise de Torokorobougou et a suivi beaucoup de formations en France. Militante associative, elle est membre de l’Association Malienne des professeurs de langue française. Interrogée sur ce qu’elle pourra faire à l’hémicycle, Mme Berthé Marthe Diawara se dit déterminée à changer la façon de gouverner ce pays et ne se privera pas d’interpeller les ministres autant de fois qu’il faut, si le gouvernement venait à violer ses engagements vis à vis du peuple. Sa présence sur la liste est également gage de solidarité interreligieuse à Kayes.
Mme Bano Diawara
Elle est la deuxième candidate de l’ADEMA et est la digne représentante de la forte communauté malienne de l’extérieur. Kayes étant une région par excellence d’immigration, il serait gauche de constituer une liste sans faire un clin d’œil à la diaspora. Par la présence de « Yakharé », qui signifie la femme en Soninké, les intérêts des maliens de l’extérieur seront vaillamment défendus, surtout par une femme qui ne s’est jamais avouée vaincue. Bano Diawara fait partie de ces femmes émancipées qui ne se gênent nullement à revendiquer les droits de femmes. Le choix de la ressortissante du Guidimakan, l’une des grandes zones peuplées du cercle de Kayes, n’est pas fortuit, il est non seulement le signe de l’engagement de la femme Sarakolé sur la scène politique, mais aussi et surtout l’émancipation de la femme malienne. L’autodidacte saura trouver les recettes magiques pour se faire entendre et pour défendre les intérêts du Mali et surtout de la diaspora à l’Assemblée Nationale.
Youssouf Sissoko
Source : Infosept